Verbier apprend à la dure. Ou plutôt sous la neige. Mercredi, trente centimètres de neige fraîche recouvraient la piste des Attelas, alors que le brouillard stagnait sur le tracé bagnard. Logiquement, la seconde descente a dû être reportée d’un jour. Mais pas de quoi saper le moral des troupes au pied du Mont Gelé. Sous les indications de Philippe Corthay, le papa de Denis, ce sont une vingtaine de bénévoles qui se sont affairés toute la journée afin de dégager les filets et d’enlever le surplus d’or blanc sur la piste afin de la rendre parfaite pour les compétitions de jeudi et vendredi qui se sont déroulés à merveille dans la station valaisanne, avec notamment les victoires de Lars Rösti en descente et d’Arnaud Boisset en super-G.

Si Verbier, avec Bruson, a organisé des Championnats de Suisse avec succès l’hiver dernier, la station fait son apparition cette saison sur le circuit international avec des ambitions. Quarante ans après les dernières courses de Coupe du monde disputées sur les hauteurs bagnardes, Verbier rêve de recevoir à nouveau l’élite du ski mondial. Mais avant de voir dévaler Marco Odermatt et Cie sur la piste des Attelas, le tracé doit faire ses armes, comme les autres, en Coupe d’Europe. Avec quatre courses au programme cette semaine et une météo récalcitrante, on démontre que l’on a pas peur des défis à Verbier. On fait le point avec Éloi Rossier, président du comité d’organisation.

Éloi Rossier, comment la structure d’organisation a-t-elle évolué entre les Championnats de Suisse l’hiver dernier et ces courses de Coupe d’Europe?

La structure n’a pas fondamentalement changé. C’est toujours le Verbier Saint-Bernard Ski Team qui est l’organisateur des compétitions, mais avec un comité réduit, car la Coupe d’Europe est plus simple à organiser que des Championnats de Suisse sur deux semaines et avec toutes les disciplines.

Vous venez donc d’intégrer le circuit de Coupe d’Europe. Avez-vous désormais un contrat pour les prochaines années qui vous garantit des courses?

Il n’y a aucun contrat qui lie Verbier à la FIS ou à Swiss-Ski. Mais tout le monde est relativement pressé à nous fidéliser à la Coupe d’Europe.

Quelle est votre vision pour le futur du ski de compétition à Verbier?

Il y a un objectif commun soutenu par trois entités: la commune de Bagnes, les remontées mécaniques de TéléVerbier et Verbier Tourisme. Les trois ont demandé de leur présenter un projet sur le long terme, car il y a de l’enthousiasme et des compétences qui demandent uniquement à s’exprimer au plus haut niveau.

Vous parlez de haut niveau, c’est-à-dire la Coupe du monde?

La Coupe du monde est toujours d’actualité depuis que nous avons organisé les Championnats de Suisse, d’autant plus que les trois entités mentionnées nous ont demandé de présenter un dossier sur le long terme.

Peut-on déjà avancer une date butoir pour organiser une course de Coupe du monde?

Il n’est pas possible de poser une date. Cela ne dépend pas de nous, mais de la FIS. On est très clair avec les entités qui nous soutiennent, on ne va pas sauter les étapes, on va se mettre à disposition de la FIS et de Swiss-Ski, selon les besoins.

À moyen terme, existe-il la volonté de mettre déjà sur pied des finales de Coupe d’Europe ou des Championnats du monde juniors?

Pour l’instant, non, mais c’est une possibilité qui pourrait être étudiée. On va examiner avec bienveillance toutes les demandes en fonction des critères, sachant qu’une structure, qui serait apte à organiser de tels événements, devrait être mise en place. Tout est envisageable, mais il est encore trop tôt pour dire si on sera candidat ou non.

Dans un hiver lors duquel la FIS peine à trouver des stations qui organisent des descentes de Coupe d’Europe (ndlr: Santa Caterina, Saalbach, Tarvisio, Verbier et Kvitfjell), Verbier prouve qu’elle a les compétences de mettre sur pied de belles courses de vitesse.

Effectivement. Plusieurs personnes m’ont remercié qu’une station comme Verbier se mette à disposition de la Coupe d’Europe pour des épreuves de vitesse. Et surtout, que l’on soit capable de réaliser des courses de qualité et ce, malgré la météo défavorable.

Dans quelle mesure arrive-t-on à rendre des courses de Coupe d’Europe viables, sachant que l’intérêt des sponsors et des médias est moindre pour le circuit continental?

Il est clair que la Coupe d’Europe n’est pas quelque chose qui interpelle médiatiquement. Mais on sait que c’est un passage obligé pour asseoir nos compétences, voir que l’on est capable de faire les choses correctement et d’effectuer les corrections en conséquences.

Johan Tachet, de retour de Verbier