La Schwytzoise entame ces Mondiaux de Saalbach dans un état d’esprit très différent des précédents, après son récent retour de blessure. Mais la forme est là. Et elle pourrait surprendre dès jeudi.
Cinq médailles mondiales accrochées au mur n’ôtent pas la nervosité et les émotions quand on débarque au plus grand rendez-vous de l’hiver. Pour Corinne Suter, après avoir été victime d’une déchirure du ligament croisé antérieur au genou gauche il y a un an, simplement être à Saalbach est déjà une victoire en soi. Elle refuse ainsi de se poser de trop grands objectifs. Quoiqu’une médaille d’or en super-G, la seule qui lui manque en vitesse, ne serait pas de refus.
Même si elle participe à ses cinquièmes Mondiaux, être à Saalbach a une signification particulière pour Corinne Suter après sa longue absence du circuit. Les mois avant de revenir en compétition ont mis à rude épreuve la patience d’une athlète habituée à être rapide comme l’éclair. « Avec une déchirure du ligament croisé, ça prend si longtemps. Ce n’est pas très douloureux, mais on ne doit pas trop faire de choses trop vite. Je reviens de loin », se remémore-t-elle. D’où la joie de pouvoir skier de nouveau à son meilleur niveau, même s’il lui faut passer davantage de temps avant un entraînement ou une course pour s’échauffer et davantage de physiothérapie.
« La même nervosité »
Cela ne fait que deux mois que la Schwytzoise a renoué avec la compétition à Beaver Creek. Mais la championne n’a pas gaspillé de temps, remontant sur le podium à Cortina d’Ampezzo en super-G, avant de récidiver en descente une semaine plus tard à Garmisch-Partenkirchen. Corinne Suter figure bel et bien parmi les favorites en vitesse cette semaine. « C’était mon gros objectif d’être prête pour février. Ça s’est passé comme je l’espérais, je suis ici, je vais pouvoir disputer des courses. Le but c’était d’être compétitive, de ne pas juste être là. Et cela, Je l’ai atteint », s’est réjouie la skieuse de 30 ans, déjà satisfaite.
C’est à Saint-Moritz en 2017 qu’elle avait participé à ses premiers Championnats du monde. Huit ans plus tard, les émotions sont toujours les mêmes. « C’est la même nervosité, la même tension », a avoué la championne olympique de descente, qui a dit éprouver de grandes émotions lorsqu’elle a vu l’aire d’arrivée pour la première fois. Lors des finales à Saalbach en mars dernier, elle était chez elle sur le canapé, en pleine convalescence. « Cette pause m’a montré à quel point le ski me manquait », a ajouté la skieuse, en se réjouissant de disputer des Mondiaux dans un pays accro du ski. « De nombreuses personnes m’ont déjà approchée dans la rue », s’amuse-t-elle.
Des attentes moins élevées
Comparé aux précédents Mondiaux, ses objectifs sont logiquement plus modestes. « J’ai encore ma blessure et toute cette histoire en tête. Après tout, il s’agit encore de ma première saison de retour de blessure. Mes attentes ne sont donc certainement pas aussi élevées qu’aux derniers Championnats du monde à Courchevel. » En France, la Suissesse avait glané le bronze de la descente qui avait couronné Jasmine Flury.
Corinne a déjà une belle collection de médailles chez elle. Il ne lui manque que l’or en super-G pour compléter la panoplie en vitesse (or-argent-bronze dans les deux disciplines). Un objectif logique donc jeudi à Saalbach, non? « Ce serait beau bien sûr », a lancé la championne qui a notamment réalisé le 5e temps du deuxième entraînement de la descente ce mercredi. « Je suis juste heureuse de pouvoir être ici et de pouvoir être aux avant-postes. Si j’arrive à réaliser des bons temps et être satisfaite de moi-même, ce sera déjà très bien. »
Sim Sim Wissgott, Saalbach-Hinterglemm