Ramon Zenhäusern n’est pas redescendu du nuage sur lequel il est perché depuis le début de l’après-midi. Le Haut-Valaisan a remporté ce dimanche à Kranjska Gora sa troisième victoire en Coupe du monde, la première dans un slalom traditionnel. Il s’est fait l’auteur d’une performance majuscule sur un second tracé pourtant bien marqué, pour remonter de la 7e à la 1re place. Sur la route pour Venise où il embarque ce soir à destination de Barcelone avant de rejoindre Soldeu, le skieur de Viège revient sur son exploit.

Ramon Zenhäusern, quel sentiment vous anime, quelques heures après votre victoire à Kranjska Gora?

Je suis vraiment heureux. C’était déjà ici que j’avais réalisé mon premier podium l’année dernière. Et surtout, je me retrouve sur la boîte avec deux légendes (ndlr: Henrik Kristoffersen et Marcel Hirscher, 2e et 3e). C’est incroyable de me classer devant Hirscher dans une course normale. On parle tout le temps de pouvoir le battre un jour à la régulière et là j’y suis parvenu.

Comment analysez-vous votre seconde manche où vous avez mis plus d’une seconde à vos principaux adversaires?

Sérieusement, je ne sais pas ce que j’ai fait. J’étais au départ et l’instant suivant, je me trouvais à l’arrivée. Tout ce que je me rappelle, c’est que j’ai commis une petite faute à l’entrée du mur et cela m’a donné de la motivation pour risquer davantage encore. Sur une telle manche, la meilleure défense était l’attaque.

Vous vous trouviez, comme on dit dans le milieu sportif, dans “la zone”?

Complètement. J’étais dans le flow. J’avais ce sentiment fou que j’avais déjà régulièrement connu à l’entraînement où tout vient naturellement. Mais je ne l’ai rarement eu en course.

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On vous a passablement vu parler avec Thierry Meynet, l’un des entraîneurs de l’équipe de Suisse de slalom, entre les deux manches. Que vous-a-t-il dit?

Simplement d’y aller, de ne pas refuser la course et de faire ce que j’avais à faire. C’est toujours important de pouvoir parler avec les coachs avant la course. Mais Thierry Meynet et Matteo Joris ont également joué un rôle important avant la compétition. Ils m’ont organisé il y a deux semaines un entraînement dans le mur de la piste de Crans-Montana en traçant un parcours similaire à celui de la 2e manche aujourd’hui. J’avais l’habitude de ne pas être rapide sur ce type de tracé par le passé, et là tout s’était bien déroulé. J’ai pris confiance et je n’avais pas d’excuse.

Cette deuxième manche est-elle la plus aboutie de votre carrière?

Sûrement l’une des meilleures c’est sûr, quand tu mets plus d’une seconde à Hirscher alors que l’on est parti l’un après l’autre. Toutefois, je démontre que dans ma carrière j’ai toujours su m’améliorer. Désormais, je ne suis plus seulement rapide à l’entraînement mais aussi en course.

Quatrième à Schladming et 5e aux Mondiaux d’Are, après avoir commis une grosse faute, victorieux lors du City Event de Stockholm et aujourd’hui à Kranjska Gora, on a l’impression que vous skiez en pleine confiance.

C’est souvent comme cela, quand tout roule, ça va tout seul, mais quand ça ne va pas, tu peux faire tout ce que tu veux, ça n’ira pas. Je suis dans une bonne dynamique, mais il y aussi un gros boulot derrière et je tiens à remercier mes entraîneurs, mon physio, mon serviceman. Mais c’est vrai que ma saison est extraordinaire. Avoir du succès est une chose, mais confirmer en est une autre.

Quel est le prochain palier de votre progression, vous qui vous trouvez désormais 3e au classement de la Coupe du monde de slalom?

Je n’ai pas encore réfléchi. Le but est de pouvoir montrer ma performance maximale plus régulièrement. C’est un défi difficile que d’être bon sur toutes les neiges, dans toutes les courses comme Marcel Hirscher. Mais le plus important est de rester en bonne santé, de prendre du plaisir, et le reste viendra tout seul.

Johan Tachet