Côte à côte dans la zone mixte, Wendy Holdener et Aline Danioth sont d’humeurs diverses. L’énorme déception de l’élimination de la Schwytzoise, qui filait vers l’or mondial du slalom, contraste avec le large de sourire de l’Uranaise, 6e, et qui réalise le meilleur résultat de sa carrière. Le sport est ainsi fait, de joies, de frustrations, mais toujours de beaucoup d’émotions.
On ne peut rien reprocher à Wendy Holdener. La skieuse d’Unteriberg ne s’est pas présentée dans le portillon de départ de Méribel avec l’unique intention de remporter une troisième médaille en France après celles conquises en combiné et en parallèle. Elle voulait l’or. Alors, elle a attaqué. Sans compter. “J’ai vraiment skié juste. J’avais la ligne que je voulais, je savais que c’était rapide”, explique la malheureuse du jour à l’heure de l’analyse. Et, comme à Åre il y a deux ans, lorsqu’elle avait dominé la première manche pour filer vers un titre qui lui tendait le bout des spatules, Wendy Holdener est partie à la faute. “La piste est devenue moins facile à skier et ensuite, je ne sais pas ce qu’il s’est passé…” Personne ne comprend vraiment, puisque le ralenti démontre qu’elle n’a pas enfourché, son ski droit passant du bon côté de la porte.
Les mots ne remplacent pas les maux de l’âme, quelques minutes seulement après cette terrible frustration. Car avant de commettre son erreur, Wendy Holdener comptait encore sept dixièmes d’avance sur celle qui allait devenir la championne du monde surprise, la Canadienne Laurence Saint-Germain. “Si tout avait fonctionné, ça aurait été super. Mais là, je dois comprendre ce qu’il y a eu”, poursuit la skieuse helvétique qui rentrera au pays deux médailles d’argent. “Ça reste des bons Mondiaux”, conclut-elle, naturellement déçue.
Aline Danioth: “Une performance qui équivaut à une médaille”
Alors, dans le clan suisse, c’est Aline Danioth qui apporte un rayon de soleil. “Ma performance équivaut à une médaille. Même si je n’en ai pas gagnée une vraie, je ne peux pas être plus contente. Je suis mega heureuse”, savoure la skieuse d’Andermatt, brillante 6e. C’est la récompense de l’abnégation et de la résilience de la talentueuse athlète de 24 ans qui n’a que rarement été épargnée par le sort. “Quand je regarde tout ce qu’il s’est passé ces dernières années, où je me trouvais il y a deux ans, c’est incroyable.”
Pour rappel, Aline Danioth s’est gravement blessée au genou droit en janvier 2020 lors du parallèle de Sestrières, trois ans après avoir déjà été vilainement touchée sur cette même piste italienne. Mais sa rééducation ne s’est pas passée comme prévu et elle a dû passer à nouveau sur le billard à l’automne 2020. Un an après son retour sur le circuit, en décembre 2021, la quadruple médaillée des JOJ de Lillehammer en 2016 retrouve son meilleur niveau. “Seuls moi et mon entourage proche savent d’où je reviens. Et ce résultat me rend fière.” De quoi envisager l’avenir avec des certitudes et de la confiance.
Johan Tachet, Méribel
