En plaçant deux skieurs rouges à croix blanches sur le podium samedi à Chamonix, la Suisse a une nouvelle fois fait très fort. C’est simple, en huit slaloms cet hiver, les skieurs helvétiques sont montés à sept reprises sur la boîte. Jamais dans l’histoire du ski suisse pareil succès ne s’était produit sur une saison. Et si le slalom a souvent été la discipline faible en Suisse, les mentalités ont bel et bien changé. Le tout surtout grâce à une génération dorée, emmenée par Daniel Yule, Ramon Zenhäusern, Loïc Meillard et autres Luca Aerni, Sandro Simonet, Marc Rochat ou Tanguy Nef.

Changement de conditions

Pourtant, ces champions aux performances retentissantes répétées ces dernières années avaient connu un vrai coup d’arrêt la saison passée, comme en témoignent les trois podiums “seulement” recensés. Il a alors fallu se remettre en question au sein d’un groupe qui n’avait jamais dû vraiment le faire. L’arrivée du métronome rapide Loïc Meillard au sein du groupe d’entraînement a fait beaucoup de bien mais il a fallut faire d’autres choix aussi. “On a changé le système de travail après la saison dernière, explique Matteo Joris, patron de la bande. On doit continuer à évoluer.” Concrètement, les Suisses ne se contentent plus de s’entraîner sur des pistes et des neiges qui leur conviennent, mais varient plus fréquemment les conditions, afin d’être prêts à s’adapter à toutes les situations.

Et c’est probablement aussi cette nouvelle approche qui a permis à Daniel Yule de retrouver les sommets, comme en témoignent ses trois podiums qui le placent actuellement dans les traces de Lucas Braathen pour la course au Globe de cristal de la discipline. Il le relevait après sa surprenante mais non moins splendide 3e place à Chamonix, sur une piste qui n’est pas initialement “faite pour lui”. “C’est une belle satisfaction, sur un terrain comme ça qui n’est pas dessiné pour moi”, confirme-t-il. De quoi le voir jouer les premiers rôles partout? “Je ne suis pas convaincu encore d’être suffisamment à l’aise dans toutes les conditions, tempère le skieur de La Fouly. Il me reste un petit peu de boulot sur les neiges molles.”

Daniel Yule “de plus en plus complet”

Reste que les progrès sont clairement visibles. “J’ai l’impression que je deviens de plus en plus complet, abonde le Valaisan. Je peux vraiment régater dans toutes les courses, peu importe le tracé, peu importe le terrain. Si la neige est dure, je suis souvent dans le coup. C’est réjouissant et une belle récompense du travail acharné qu’on a fait ces dernières années avec toute l’équipe. Les entraîneurs ne m’ont pas lâché et je n’ai pas lâché non plus.”

Ces derniers jours, les slalomeurs helvétiques ont en plus pu bénéficier de conditions d’entraînement optimales, à Champex-Lac. “On a pu s’entraîner trois jours là-bas, détaille Daniel Yule. La piste était exceptionnelle. Et ce double podium vient récompenser le travail de beaucoup de monde.” Car plusieurs membres de son fan club notamment, ont largement contribué à injecter d’eau la piste valaisanne afin de la préparer au mieux pour les athlètes de Coupe du monde.

Et les Suisses comptent bien poursuivre sur leur lancée. Après quelques jours d’entraînement en géant “surtout pour se changer les idées”, les skieurs helvétiques seront de retour dans la région pour effectuer leurs derniers réglages avant les Championnats du monde de Courchevel. Au programme: La Fouly ou Bruson pour les parties raides et Champex pour les zones plus vallonées. La piste des Mondiaux devrait ainsi pouvoir être “couverte” avant de se rendre en Savoie.

Laurent Morel, Chamonix