Sur les hauteurs de Yanqing, à deux heures au nord de Pékin, plusieurs serpents de neige s’étirent entre les arbustes déshabillés par l’hiver. C’est ici, sur la plus haute montagne des environs de la capitale chinoise, que se dérouleront les épreuves de ski alpin des Jeux olympiques. Les spécialistes de vitesse ont été les premiers à tester officiellement les installations ce jeudi lors du premier entraînement en vue de la descente de dimanche.

« Franchement, c’est une très belle piste, jolie à skier », lance Beat Feuz qui découvrait la « Rock ». « Il y a de belles courbes, de beaux sauts. » Pour Stefan Rogentin, la piste « est cool ». « On trouve des changements de direction, des mouvements de terrain. » C’est d’ailleurs sur l’un d’eux que le Grison s’est fait surprendre lors du premier essai chronométré avant de manquer une porte. Ce qui ne l’a pas empêché de signer le temps de référence.

Didier Défago: « Un descendeur complet sera titré »

Ce tracé olympique aussi sinueux qu’original est l’oeuvre de Didier Défago et de Bernhard Russi. Les deux anciens champions olympiques ont conceptualisé un très beau parcours de descente qui fait trois kilomètres et dont l’arrivée est nichée à l’intérieur d’un petit canyon. « Il y a de la vitesse, des sauts, des virages typés super-G », explique Didier Défago. « C’est un descendeur complet qui pourra aller chercher l’or. »

L’aire d’arrivée des pistes de Yanqing. (JT/SkiActu)

Sur les hauteurs chinoises, rien de comparable à ce que l’on trouve en Europe. « Le tracé est un peu similaire à Kvitfjell, même si il n’y a pas tant de ressemblance avec les autres courses de Coupe du monde. Ici, personne n’a de repère car tout est nouveau », mentionne Marco Odermatt.

Des réglages à affiner sur une neige agressive

En parlant de nouveauté, le revêtement est aussi au centre de l’attention. « La neige ressemble un peu à ce que l’on trouve à Beaver Creek aux Etats-Unis ou ce que l’on avait eu à PyeongChang il y a quatre ans », reprend Beat Feuz en quête de l’or olympique, seul trophée manquant à son immense palmarès. Les températures largement négatives et l’or blanc artificiel giclé sur les pentes ont créé une neige agressive. « C’est un gros challenge pour les servicemen mais aussi pour les coaches de trouver le réglage parfait », concède Marco Odermatt qui cherche encore à affiner les derniers détails qui le séparent d’une breloque olympique.

Vers une descente loterie?

Mais le facteur qui hante les esprits des compétiteurs est le vent polaire qui descend tout droit des steppes sibériennes. Sur une grande majorité du parcours, il souffle, et parfois même en rafales. « Le vent vient et part. Certains athlètes sont poussés et d’autres non », analyse Aleksander Aamodt Kilde. Le Norvégien, qui fait également partie des favoris, espère une descente sans accroc dimanche et qui ne tourne pas à la loterie. « Le vainqueur doit l’emporter à la régulière. » Pour Beat Feuz, « il faut faire avec ». « On ne peut rien y changer. Tout ce que l’on peut faire, c’est travailler pour être rapide et peu importent les conditions. »

Le Bernois connaît toutefois que les clés de la médaille d’or. « Un bon ski, un bon fart et un bon vent! »

Johan Tachet, Yanqing