Il a dû patienter. Longtemps, très longtemps, bien davantage que Justin Murisier qui a cueilli son premier succès en Coupe du monde vendredi à 32 ans. Thomas Tumler a enfin pu lever les bras à 35 ans après avoir remporté le géant de Beaver Creek. Une performance folle pour le Grison aux 124 départs sur le Cirque blanc qui rejoint dans l’histoire le slalomeur britannique Dave Ryding, après sa victoire à Kitzbühel en 2022, au sein de la petite caste des skieur qui ont remporté leur première Coupe du monde après 35 ans. « Je suis très fier, c’est incroyable, c’est un véritable rêve », commentait le sourire aux lèvres le héros du jour.

« Tumli » se plaît sur la Birds of Prey, puisque c’est ici déjà qu’il était monté sur le premier de ses quatre podiums en 2018. « Le premier podium, c’est spécial, mais quand c’est une victoire, le sentiment est décuplé. » Le skieur de Samnaun a mis un petit moment avant de réaliser son exploit. « Je cherchais mon chrono en passant la ligne d’arrivée, mais je ne le trouvais pas », se remémore-t-il. « Puis j’ai compris au bruit de la foule et en voyant mes coéquipiers fêter que j’avais gagné. »

La nervosité de la veille et les bons choix

C’est sur la première manche que Thomas Tumler a construit son succès en réalisant une grosse prestation et reléguant pratiquement tous ses adversaires au-delà de la seconde à l’exception du Slovène Zan Kranjec. « Mon plan était de bien skier en première manche et ensuite lâcher les chevaux sur la seconde. C’est le contraire qui s’est produit », rigole l’homme du jour qui a parfaitement géré son acquis pour devancer le néo-Brésilien Lucas Pinheiro Braathen de 12 petits centièmes.

Pourtant, la veille, il n’avait pas un bon pressentiment. « Je ne me sentais pas au mieux, nerveux. Alors j’ai été étonné que cela se passe aussi bien sur la première manche. » Entre les deux parcours, cette pression s’était évanouie. « Je n’ai rien fait de spécial. Mes coéquipiers m’ont dit que je pouvais le faire. Je suis resté très concentré, j’ai fait une bonne reconnaissance et j’ai changé de setup car le tracé était moins tournant. C’était le bon choix. »

Le bon choix, il l’a aussi pris il y a dix-huit mois quand son père l’a convaincu de poursuivre son rêve, alors que Thomas Tumler avait envisagé de ranger les skis. Depuis, le Grison est devenu l’un des meilleurs géantistes du monde. Oubliées les galères et les trop nombreuses blessures, c’est une véritable seconde partie de carrière avec de belles perspectives qui s’ouvre devant lui.

Johan Tachet, Beaver Creek