Simon Ammann s’élancera de l’imposant tremplin de Kulm vendredi lors des Championnats du monde de vol à ski. Il s’agira d’une 11e participation pour le sauteur de Toggenburg au palmarès impressionnant. Celui qui a longtemps été surnommé “Harry Potter”, pour ses performances magiques et sa légère ressemblance au héros des romans, notamment avec le manteau suisse aux Jeux olympiques en 2002, a maintenant quelques petites rides autour des yeux. Et il ne fera pas partie des favoris en Autriche. Mais le champion du monde de vol à ski de 2010 (et quadruple champion olympique!) trouve encore des choses qui lui donnent de l’élan, comme un nouvel entraîneur, des bonnes sensations sur le tremplin et – qui sait? – peut-être même les Jeux olympiques en 2026.

Simon Ammann, c’est votre 26e saison en Coupe du monde. Qu’est ce qui continue à vous motiver?

À mon âge, c’est difficile d’être présent chaque jour. Je dois toujours faire un peu attention, à l’entraînement et les jours de qualification, de ne pas utiliser toute mon énergie parce que cela me prend plus longtemps pour me sentir frais de nouveau. Mais quand on a des bonnes émotions et des bonnes expériences, ça aide à continuer. En saut à ski, on a souvent tendance à faire quelques pas en avant, puis en arrière, en avant, en arrière (rires). Mais c’est comme ça qu’on progresse. J’essaie de toujours rester productif et heureusement, je suis aussi devenu plus calme avec le temps. Je prends du plaisir à ce que je fais, et si j’arrive à sauter comme je le veux et à trouver la bonne ligne de vol, alors je vois que ça n’a rien à voir avec l’âge.

En quoi votre préparation maintenant diffère-t-elle du début de votre carrière?

La vie est un marathon. Il faut savoir planifier quand on n’est pas au top. Et malheureusement, là je ne suis pas au top. Mais je me connais très bien. Je sais que mes coéquipiers en font plus, ils sortent le matin et s’entraînent beaucoup, ils font de la musculation, etc. Mais à Oberstdorf, j’ai quand même fait preuve de puissance même avec un entraînement réduit. C’est un avantage quand on a de l’expérience! Pour la technique, que tu sois jeune ou vieux, tu dois toujours essayer de nouvelles choses.

L’équipe de Suisse a un nouvel entraîneur cette saison, le Norvégien Rune Velta. Qu’est-ce que cela a changé pour vous?

Nous avons une nouvelle opportunité avec lui. Il était déjà un spécialiste du vol lorsqu’il était athlète et il nous a maintenant apporté l’école norvégienne du vol. Cela m’a donné une nouvelle impulsion, de nouvelles idées pour cet hiver. C’est une grande aide, un renouveau de l’extérieur.

Vous avez un palmarès impressionnant: 26 saisons de Coupe du monde, 80 podiums, quatre médailles d’or olympiques, 25 participations à la Tournée des Quatre Tremplins. Vous y pensez?

À vrai dire, cela a très peu de signification pour moi. J’ai participé 25 fois à la Tournée, mais chaque année était différente. Je sais que j’ai quatre médailles d’or olympiques et ça c’est vraiment quelque chose. Mais pour le reste, c’est dur à compter: de la victoire à la non-qualification, il y a eu trop d’expériences, et des expériences très différentes, sur tellement d’années.

Le Japonais Noriaki Kasai a continué de sauter en Coupe du monde jusqu’à l’âge de 47 ans et espère encore revenir. Combien d’années peut-on encore espérer voir voler Simon Ammann?

Dur à dire. Lorsque nous avons commencé avec le nouvel entraîneur en début de saison, je me suis dit: “Super. C’est une chance de travailler avec un spécialiste du vol comme lui”. Mais il faut que je continue à travailler, et ça ne va pas devenir plus facile. Je prends les choses saut par saut, jour par jour.

Vous continuez au moins à y trouver du plaisir?

Sur certaines épreuves, bof (rires). Non, je plaisante. J’ai certainement encore du plaisir dans ce que je fais.

Les Jeux olympiques à Milan-Cortina en 2026 ne sont pas si éloignés. C’est quelque chose que vous visez?

Je ne sais vraiment pas. Mais ce serait spécial, ici en Europe. Ce serait une grosse motivation. Quand j’ai de vraiment bonnes journées, j’y crois. D’autres jours où ça ne va pas si bien, j’y crois moins (rires).

Sim Sim Wissgott, de retour de Garmisch-Partenkirchen