Sur le podium du City Event d’Oslo, le sourire de Ramon Zenhäusern contraste largement avec ses grimaces de douleurs d’il y a deux semaines lorsque le slalomeur valaisan s’était méchamment blessé au pouce gauche en chutant à l’entraînement. D’ailleurs, le géant de Viège est complètement surpris de se retrouver 3e du slalom parallèle disputé mardi dans la capitale norvégienne. « C’est une totale surprise. Quand je pense que le premier diagnostic annonçait douze semaines de pause et un hiver presque foutu. Et me voici sur le podium », savoure le vice-champion olympique de slalom, joint par téléphone.
Il y a huit jours, Ramon Zenhäusern passait la nuit à l’hôpital après s’être fait opérer à Zurich de son pouce qui avait subi une rupture osseuse du ligament latéral interne métacarpo-phalangienne, communément appelé « le pouce du skieur ». « C’est grâce au bon boulot du Dr. Schweizer, l’un des meilleurs chirurgiens de la main que j’ai pu être aussi vite sur pied. » Le pouce du skieur haut-valaisan a été fixé grâce à des fils élastiques qui vont prochainement disparaître. « Si on m’avais mis des vis, cela aurait été impossible pour skier. » Entre temps, Ramon Zenhäusern a dû se faire poser une protection spéciale sur la main et s’est vu offrir un gant plus grand de la part de son équipementier pour pouvoir passer son membre endolori.
Un seul entraînement avant Oslo
Mais malgré un bon matériel de protection, rien n’assurait au Valaisan d’être épargné par les douleurs au moment de taper les piquets. Ce n’est d’ailleurs qu’après une seule journée d’entraînements samedi à Anzère qu’il a décidé de prendre part à la compétition à Oslo. « J’ai tapé dans une ou deux portes et j’ai vu que la douleur était supportable. »
C’est toutefois craintif qu’il a abordé le City Event d’Oslo dans la mesure où il ne pouvait pas pousser dans le portillon de départ aussi facilement que ses adversaires. « J’avais un peu peur car ma main était attachée au bâton et je ne voulais surtout pas prendre le risque de casser mon pouce pour de bon. » Il a suffi d’une manche en 8ede finale contre le Norvégien Sebastian Foss-Solevag pour prendre confiance.
« Des coups de pied au cul » pour battre Myhrer
Après ce premier tour rondement mené, Zenhäusern est facilement venu à bout de son compatriote Daniel Yule, parti deux fois à la faute en quart de finale. « C’était très spécial, car c’est la première fois que je concourrais contre un pote. » D’ailleurs, le Valaisan l’avoue: « Je me suis ensuite relâché en demi-finale. » Résultat, il est passé au travers de sa première manche face à l’Autrichien Marco Schwarzer et n’est pas parvenu à refaire son retard de 18 centièmes sur le parcours retour.
En petite finale, il se retrouvait une nouvelle fois face son idole Andre Myhrer qu’il avait battu en finale à Stockholm l’année dernière dans ce même exercice. « J’ai dû me mettre des pieds au cul pour me remotiver », rigole-t-il. « Mais le fait d’avoir déjà gagné contre Andre m’a été bénéfique mentalement. »
Un début de saison réussi
Au final, Ramon Zenhäusern vient cueillir un troisième podium en Coupe du monde sans être à 100% de ses capacités. Cette performance lui permet de remonter au 7e rang du classement spécifique de slalom. « Je pense que je peux me montrer satisfait de mon début de saison avec ma 4e place à Levi, ma 10e à Saalbach et ce podium. » La non-qualification de Madonna et la blessure à la main sont déjà des mauvais souvenirs.
Désormais, le Valaisan va prendre la direction de Reiterlam en Autriche où l’équipe de Suisse va préparer le slalom de Zagreb qui se déroulera dimanche.
Johan Tachet