« J’ai profité ici de lancer bien haut mes bâtons, car l’aire d’arrivée était grande et j’étais sûr de ne pas blesser un spectateur. » Ramon Zenhäusern se marre. Cela faisait longtemps que l’on avait plus vu le géant de Bürchen se lâcher ainsi. Mais il y avait de quoi après sa démonstration lors du slalom de Soldeu qu’il a brillamment remporté devant Lucas Braathen. Après une saison compliquée, le Haut-Valaisan a retrouvé tout son allant cet hiver qu’il conclut à la troisième place du classement du slalom. Interview.
Ramon Zenhäusern, vous avez réalisé une course de folie ici à Soldeu pour vous imposer pour la seconde fois de l’hiver après le slalom de Chamonix!
C’est juste magnifique lorsque j’observe le chemin parcouru cette saison. Lors de la première course, je me suis élancé avec le dossard 25 après un hiver compliqué l’année dernière. J’ai dû tout reconstruire pas à pas, je termine 3e du classement de slalom avec deux victoires, c’est juste incroyable. Je ne peux que remercier Swiss-Ski qui a toujours cru en moi, mon équipementier qui m’a mis un serviceman à disposition l’an passé alors que j’étais au fond. Ce n’était pas évident lorsqu’autour des gens ne croient plus en toi.
Et quelle joie au moment de franchir la ligne d’arrivée en vainqueur.
C’était un mélange de plaisir et de joie d’être parvenu à résister à la pression.
Justement, vous étiez en tête après la première manche. Comment avez-vous vous gérer cette situation qui n’est pas habituelle pour vous, puisque ce n’était que la deuxième fois de votre carrière que vous refermiez le portillon de départ?
C’est une fierté car il est très rare que celui qui a remporté la première manche parvienne à gagner la course au final sur des pistes qui marquent. Il y a quelques années, j’étais premier à Kitzbühel, puis j’avais craqué en seconde manche (ndlr: 6e en 2019). J’ai l’impression d’avoir fait un pas en avant, j’ai cassé une barrière.
Vous remportez la 6e victoire de votre carrière, mais est-ce la plus belle?
L’une des deux plus belles je dirais. Il y a quatre ans, c’était aussi fou de remporter le slalom de Kranjska Gora devant Marcel Hirscher et Henrik Kristoffersen. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui, avec les galères que j’ai rencontrées, cette victoire a un goût spécial.
Vous terminez 3e de la Coupe du monde de slalom pour la seconde fois après 2021, c’est également un motif de fierté?
Je pense que c’est la meilleure saison de ma carrière. Car le chemin a été sinueux, il a fallu se battre sur des pistes difficiles, tout reconstruire pas après pas.
Comment expliquez-vous les problèmes rencontrés la saison dernière?
C’était un mix de choses qui ne fonctionnaient pas. J’ai commencé par une chute et une blessure à l’épaule, j’ai eu des problèmes au dos, j’étais perdu avec le matériel et j’ai encore attrapé le covid. Ce n’est pas facile, j’étais au fond du trou, j’avais perdu la motivation.
Comment avez-vous fait pour vous mobiliser à nouveau?
J’ai cherché à retrouver le plaisir en privilégiant la technique du mouvement, de me sentir bien sur mes skis. J’ai aussi compris que j’étais un privilégié de pratiquer ce sport, de vivre du ski. Et c’est ainsi que j’ai retrouvé la motivation et l’envie de jouer.
Johan Tachet, Soldeu