Marc Rochat conclut sa meilleure saison sur le circuit en apothéose. Le Vaudois a pris une très belle 4e place lors du slalom de Soldeu, terminant à moins de quatre dixièmes du podium, pour réussir le résultat le plus probant de sa carrière. À 30 ans, le skieur de Crans-Montana a réussi son pari de longue date: s’installer parmi l’élite de son sport. Et il l’assure, ce n’est que le début d’une belle histoire.
Marc Rochat, comment analysez-vous votre magnifique performance du jour?
C’est extraordinaire, génial! J’ai dû creuser profond pour trouver encore de l’énergie lors de la seconde manche car j’étais bien cuit après la première, qui était longue. En plus de ça, je n’ai pas vraiment été efficient dans mon style de ski, j’ai brûlé pas mal de calories. Mais au final, j’ai fait mon job, ce que je devais faire en capitalisant sur ce mur qui me convient bien, sur cette neige salée. C’est là où je devais skier fort, c’est là où je pouvais perdre la course ou la gagner. Je crois que j’ai fait ce qu’il fallait.
Vous avez d’ailleurs, paraît-il, pris du sucre entre les deux manches pour vous booster une dernière fois?
Oui, je n’avais plus de gaz. J’ai pris tout ce que j’ai trouvé, des bonbons, des fruits secs. Ma première manche m’a coûté beaucoup d’énergie, je me suis dit que je devais serrer les dents car le tracé serait plus facile sur la seconde.
En allumant du vert en franchissant la ligne d’arrivée, vous aviez le sentiment que cela allait suffire pour un gros résultat?
Oui, car il faut savoir que je ne m’élançais pas dans les meilleures conditions sur le second tracé, en plein milieu du peloton. C’est le pire endroit en général pour partir sur ce type de neige. Mais à Garmisch-Partenkirchen, j’avais déjà réalisé pareille performance en partant en 10e position en seconde manche. Sauf que là, j’allume du vert, pour la première de l’hiver, lors de la dernière course, ça fait du bien.
Sur le siège de leader, au fur et à mesure que vos adversaires passaient derrière, avez-vous songé à un premier podium en carrière?
J’avais quand même de la peine à y croire car j’avais pas mal de retard pour le podium après la première manche. Je finis quatrième, en chocolat, mais pour moi ça vaut de l’or.
À trente ans, on voit enfin le vrai Marc Rochat à l’oeuvre?
J’ai 30 ans mais je suis encore un petit jeunot (rires). Le travail paie, j’ai cravaché toute ma carrière pour en arriver là. J’ai grimpé la tête baissée pour ne pas regarder les sommets car ils sont très élevés. Mais petit à petit, j’ai fait mon chemin et maintenant, je me bats avec les meilleurs de la planète. C’était un gros objectif de carrière et je suis très fier de ça.
Qu’est-ce qui vous a permis de tenir toutes ces saisons lorsque vous galériez?
Le simple fait de croire en moi et en mes capacités. Aujourd’hui, je démontre à tous que j’ai bien fait de tenir. J’étais très serein cet été, mon dos allait mieux, j’avais fait une bonne préparation. J’avais toutes les cartes en main pour aller chercher les première places. Ça a trainé un peu, les premières courses n’ont pas marché, mais j’ai ensuite atteint mes objectifs. Il y a eu quelques occasions de ratées comme à Palisades Tahoe, où je prends le piquet. Ça m’a coûté pas mal d’énergie ensuite pour garder le moteur allumé jusqu’à la fin et j’ai bien fait car le résultat est là aujourd’hui.
Vous terminez 20e de la saison en slalom. Quelle est la prochaine étape? Une place dans le top 15?
On va aller chercher le top 15, absolument. J’ai fait une belle saison et cela me permet de poser de belles bases pour la prochaine. Je ne vais pas changer grand-chose dans ma préparation. Mon dos a tenu toute la saison, on va reprendre les mêmes notes que cette année et les appliquer plus ou moins de la même manière.
On imagine aussi votre volonté d’accrocher votre premier podium en Coupe du monde?
C’est ce que j’ai dit à mon serviceman aujourd’hui, ce n’est pas pour cette saison mais ça sera pour la prochaine. On est arrivé très proche plusieurs fois, et on va travailler pour.
Quelle est votre plus grande fierté au regard de votre carrière?
C’est que je n’ai jamais, jamais, jamais, lâché. J’ai toujours cru en moi. Ce n’est pas facile de croire en soi, quand les gens commencent à perdre espoir en toi. C’est d’autant plus difficile quand tu n’as pas grand-chose sur quoi tu peux te reposer pour construire. Il y a eu des saisons où j’avais un terrain vague derrière moi. Et alors, se lever le matin, pour aller s’entraîner seul dans une salle de sport, sans avoir de moments merveilleux sur lesquels s’appuyer, c’est très difficile.
On sent votre émotion…
Totalement. C’est émouvant! C’est des années de travail. Toujours être dans l’ombre des autres, ce n’est pas toujours drôle mais au final le travail paie et je suis fier de l’avoir fait.
Johan Tachet, Soldeu