Stop ou encore? La question peut paraître saugrenue lorsqu’on parle de la suite que veut donner à sa carrière une skieuse qui fêtera ses 28 ans dans moins de deux semaines. Pourtant, l’avenir de Lara Gut-Behrami est un vrai mystère sur le Cirque blanc ces dernières semaines. Personne n’est réellement capable de dire si la Tessinoise sera dans le portillon de départ à Sölden le 26 octobre prochain. Cette question a été renforcée par la tenue d’une conférence de presse ce mercredi au Monte Brè (TI).

“Approfondir certaines questions”

“Après mon départ anticipé de la finale de la Coupe du monde, je suis heureuse de vous convier dans ma région afin d’approfondir certaines questions le 17 avril, a écrit la championne dans une invitation. Il est vrai que durant l’hiver, il est difficile de discuter longuement, de mieux se connaître. C’est la raison pour laquelle «Ticino Turismo» et moi-même sommes heureux de vous inviter à passer un peu de temps dans cette magnifique région qu’est le Tessin, à la découverte de lieux qui me sont chers”, telle était la teneur de l’invitation faite aux médias.

Il faut dire que la petite princesse du ski suisse a fait ses débuts en Coupe du monde il y a près de 12 ans déjà. Et qu’elle avait directement atteint les sommets, avec notamment un premier podium à Saint-Moritz en février 2008 et des médailles mondiales à Val d’Isère en 2009. La fin de cette dernière saison pour Lara Gut-Behrami s’étant terminée en queue de poisson, difficile d’en savoir plus quant à son avenir.

Le pire hiver depuis plus de 10 ans

A Crans-Montana, Lara Gut-Behrami a obtenu le 3e rang de la descente avant d’être rétrogradée au 5e à la suite des soucis de chronométrage.
(Maeva Pellet/SkiActu)

La Tessinoise avait en effet quitté les finales de Soldeu (AND) sans avoir disputé la moindre course. Victime d’une chute lors du premier entraînement en vue de la descente, elle était rentrée en Suisse le lendemain, mettant un terme à un hiver compliqué. Cinq top 10 dont deux podiums en Coupe du monde ne peuvent pas rassasier celle qui a gagné le gros Globe de cristal en 2015/2016. Pas plus que les 8e et 9e place aux Mondiaux d’Are. Avec 356 points, Lara Gut-Behrami a tout simplement effectué la pire saison de sa carrière si l’on excepte l’hiver 2007/2008, où elle faisait ses premiers pas sur le circuit et n’avait disputé que 7 courses.

Incapable de retrouver ses sensations en géant notamment, la skieuse de 27 ans commence peut-être à être fatiguée de passer sa vie à fouler les neiges du Globe. Enfant prodige du ski suisse qui vivait une époque (très) compliquée, elle a été rapidement mise sous le feu des projecteurs, vivant parfois mal cette médiatisation. La relation qu’elle entretient avec les journalistes reste d’ailleurs souvent compliquée.

Changement de priorités

Quant à son mariage l’été dernier, il lui a peut-être fait revoir ses priorités. Après avoir scellé son union avec le désormais ex-international Valon Behrami, la championne s’est dite libérée. De là à dire qu’elle pourrait mettre un terme à sa carrière pour se consacrer à son footballeur de mari, par ailleurs blessé jusqu’à la fin de la saison? Pas sûr, mais pas impossible non plus.

Avec son époux, qu’elle avait suivi pendant la Coupe du monde en Russie, Lara Gut-Behrami a aussi certainement rempli un vide dans sa vie. Sur le front du Cirque blanc, la Tessinoise se trouve le plus souvent en compagnie de sa famille, dans sa propre bulle, sans s’intégrer pleinement avec l’équipe de Suisse. Sa plus proche amie sur le circuit reste encore l’Autrichienne Anna Veith, malheureusement fréquemment absente sur blessure au cours des dernières années.

Vers une pause d’une année?

Les blessures n’ont pas non plus épargné la bombe de Comano au fil de sa carrière, à l’image de sa déchirure du ligament croisé du genou gauche à l’échauffement aux Mondiaux de Saint-Moritz en 2017. Meurtrie, Lara Gut-Behrami n’a jamais retrouvé son niveau d’avant. Et elle avait besoin de temps pour mieux analyser sa situation.

Et si les rumeurs de pause ou de retraite n’ont pu être confirmées par personne, elles n’ont pas non plus été complètement contredites par certains de ses proches ou du staff de Swiss Ski. Lorsque l’on sait qu’aucun grand rendez-vous n’est au programme l’hiver prochain, la voir faire une impasse d’un an ne serait pas une immense surprise.

Une structure à modifier

Pauli Gut a mené sa fille vers les plus grands succès.
(Christophe Pallot/Zoom)

Ce qui est certain, c’est que si elle est présente l’hiver prochain sur le front de la Coupe du monde, la skieuse, qui vit désormais en Italie, va devoir modifier sa structure. Difficile en effet de continuer à bénéficier d’une structure privée, prise en partie en charge par la fédération alors que d’autres Suissesses brillent plus largement depuis plusieurs saisons (Wendy Holdener et Michelle Gisin notamment) au sein des cadres Swiss Ski.

Son attachée de presse personnelle Giulia Candiago a d’ailleurs déjà retrouvé de l’embauche puisqu’elle va officier la saison prochaine pour la FIS. Quant à l’avenir de son entraîneur de père, il pourrait évoluer. A noter que la structure complète (staff médical et de communication compris) compte actuellement 10 membres, qui ne travaillent évidemment pas tous uniquement pour la Tessinoise.

Laurent Morel