Cet hiver, Gian-Franco Kasper a défrayé la chronique. En déclarant dans une interview au Tages-Anzeiger que tout est plus facile dans les dictatures et en remettant en cause le changement climatique, le grand patron de la FIS ne s’est pas fait que des amis. Mais il en faut plus pour faire vaciller le Grison de 75 ans, bien accroché à son poste de président.

Alors que Crans-Montana déposait sa candidature pour les Championnats du monde de ski alpin en 2025, Gian-Franco Kasper est revenu sur cette polémique qui avait ému quasiment l’ensemble du Cirque blanc, Daniel Yule en tête. Le Valaisan avait fait part de son envie de faire bouger les choses.

Fervent défenseur de l’écologie, Daniel Yule va devenir le nouveau représentant des athlètes en Coupe du monde de ski alpin. Gian-Franco Kasper, vous serez amené à vous rencontrer. Qu’allez-vous vous dire?

Vous savez, toutes ces histoires me concernant étaient un malentendu, rien d’autre. Quant à Daniel, je le féliciterai pour son élection. Après, j’espère qu’on aura la possibilité de discuter de cet épisode. Ce qui est sûr, c’est que je n’ai rien contre lui.

Il a remis la moitié des primes de ses deux dernières courses de l’hiver à l’association Protect Our Winters (POW), qui se bat pour la protection de l’environnement.

Je suis au courant. Pourquoi pas. Sa démarche m’a touché, c’est une bonne idée. Il est le seul pour l’instant à l’avoir fait. (Pirmin) Zurbriggen avait fait la même chose il y a longtemps à Bormio.

Pensez-vous que la FIS doit aussi participer à cet effort?

Donner de l’argent de la même manière, c’est compliqué. Ce qui ne veut pas dire qu’on ne fait rien. On a décidé il y a deux ans d’organiser un forum sur l’environnement et les changements climatiques, qu’on est en train de préparer. Il aura lieu au mois de novembre, sur l’île de Mainau (lac de Constance). Le résultat sera un manifeste de la FIS pour l’environnement. Il s’agira déjà du 5e réalisé (ndlr: le premier date de 1994). C’est vraiment quelque chose de grand, du niveau d’un prix Nobel. Ça nous coûte cher, même si ce n’est pas la question, mais c’est un signe très clair pour la montagne dans le monde. On parlera du climat bien sûr, mais surtout du futur des habitants des montagnes. Si le changement climatique continue ou pas, ça n’a rien à voir avec ça.

Aviez-vous été touché par ce qui a été dit à votre sujet après cette fameuse interview?

Sincèrement, j’étais un petit peu surpris. Je n’ai pas pu relire l’article comme c’était prévu. Que voulez-vous faire? C’était un “shitstorm” comme on dit (un merdier). Je dois vivre avec ça.

Cet épisode vous fait changer votre façon de procéder, de travailler?

Pas du tout. J’ai toujours dit qu’il fallait être prêt à un changement de climat. Je n’ai jamais dit qu’il n’y avait pas de changement climatique. Les faits sont tellement clairs qu’on ne peut pas les discuter. Mais je suis contre l’idée de certaines personnes qui disent que dans dix ans, il n’y aura plus de neige du tout. Ce ne sont que des spéculations, rien d’autre.


Mondiaux 2025: “Il n’y a pas de favori”

Crans-Montana est la première candidature que vous avez reçue à la FIS, quelles sont ses chances?

On attend probablement deux autres candidats (ndlr: Saalbach-Hinterglemm et Garmisch-Partenkirchen), mais il peut y avoir des surprises. Pour moi, il n’y a pas de favori, la course est ouverte.

Les problèmes de chronométrage rencontrés en Coupe du monde cette année vous inquiètent-ils en vue de la candidature pour les Mondiaux 2025?

Non, ça ne nous inquiète aucunement. Ça aurait pu arriver partout. C’est une faute technique, puis une faute humaine de calcul.

Radovan Vitek (actionnaire majoritaire des remontées mécaniques) avait fermé les stations quelques jours en fin d’hiver dernier. C’est quelque chose qui vous pose problème?

Non, pas du tout. C’est quelque chose qu’on connaît nous en Suisse mais je crois que le conseil de la FIS qui sera amené à voter n’a pas connaissance de ce genre de souci politique.

Quel souvenir vous laissent les Championnats du monde 1987 organisés sur le Haut-Plateau?

Un excellent souvenir. C’était beaucoup de travail, j’ai été souvent à Crans-Montana pour la préparation de l’événement. L’atmosphère valaisanne nous avait fait très plaisir.

Laurent Morel, Oberhofen