Au moment de passer la ligne d’arrivée, Daniel Yule tape du poing sur sa poitrine. Il vient de ravir la tête du classement au prix d’un véritable gymkhana mené dans le tracé perclus de trous de la deuxième manche du slalom de Garmisch-Partenkirchen. “J’étais en mode survie, du coup, j’avais aucune idée si j’avais deux secondes de retard ou si j’allais allumer du vert au bas de la piste. Je crois que peu de skieurs ont eu un bon sentiment.” Au final, il aura manqué un quart de seconde pour le Valaisan, au pied du podium, afin de monter une nouvelle fois sur la boîte après sa victoire à Madonna di Campiglio il y a deux semaines. Mais le skieur du val Ferret s’en contentera. “C’est toujours frustrant de terminer 4e, mais la performance est vraiment bonne.”

D’autant plus que Daniel Yule réalise une course de choix sur un revêtement neigeux mou, creusé, à la limite du praticable, qu’il n’apprécie guère et sur lequel il n’a que rarement performé dans le passé. “C’est sûr que ce ne sont pas les conditions que je préfère et je n’ai pas pris beaucoup de plaisir. On n’a pas de réponse sous le pied, il ne faut pas se fier aux sentiments, mais juste se jeter en bas de la piste.” Il a tout donné le skieur de La Fouly et a également pu compter avec les centièmes qui étaient de son côté. “Quelques dixièmes de plus et je sortais du top 10.”

Il confirme son début de saison probant où il pointe à la troisième place du classement de la spécialité à seulement 36 points du leader Henrik Kristoffersen, vainqueur ce soir en Bavière. “Le début de saison est réussi lorsque l’on voit le niveau qu’il y a en slalom. Mais je sais aussi qu’il faudra encore repartir au combat dimanche à Adelboden dans des conditions similaires où il faudra se battre de la première à la dernière porte.”

“Un jour moins bien” pour Loïc Meillard

S’il n’y a pas eu de podium, les Suisses ont été brillants sur la terrible piste du Gudiberg réalisant un magnifique résultat d’ensemble, en étant notamment cinq dans le top 20. Derrière Daniel Yule, Marc Rochat a réalisé une sacrée performance pour décrocher la 7e place qui lui offre un ticket pour les Championnats du monde de Courchevel/Méribel. Naturellement, le skieur de Crans-Montana était heureux d’un résultat qu’il attendait depuis un long moment.

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Huitième, Loïc Meillard enchaîne une semaine après son podium en super-G à Bormio, même s’il avoue qu’il n’était “pas dans une forme optimale” ce soir. “Je n’ai pas réussi à mettre du rythme et être court dans ces conditions. Il y a des jours comme cela où il faut prendre les points comme ils viennent.”

Ramon Zenhäusern réalise le meilleur résultat de son hiver en se classant 12e. Il retrouve petit à petit ses sensations. “Le côté positif est que je suis régulier, mais de l’autre, j’aurais aimé faire mieux car j’aime bien ces conditions”, concède le Haut-Valaisan qui certifie en avoir gardé sous le pied, notamment en première manche. “C’est dommage car le classement est serré et avec trois dixièmes de mieux, tu termines dans le top 5…”

Des premiers points bienvenus pour Tanguy Nef

Dans le top 20, Tanguy Nef (19e) s’est rassuré en marquant ses premiers points de l’hiver, profitant notamment de s’élancer en deuxième sur le second tracé presque vierge de tous mouvements de terrain. “Franchement, cela faisait longtemps que je n’avais pas pris autant de plaisir sur la deuxième manche”, lance-t-il. “Le ski tournait bien, la neige était facile. Après il me manque encore quelques détails, mais ça fait du bien d’être à l’arrivée.”

Dernier athlète helvétique à marquer des points, Luca Aerni (22e) n’a jamais trouvé la clé dans des conditions de piste qu’il n’affectionne guère. “Je n’arrive pas à laisser aller les skis lorsque c’est mou comme cela et du coup le chrono tourne rapidement.” Le skieur de Crans-Montana s’en satisfera avec la perspective de courir devant son public dimanche à Adelboden.

Johan Tachet, Garmisch-Partenkirchen