La première manche du géant messieurs des Championnats du monde de Cortina a pratiquement tourné à la catastrophe pour le clan helvétique. Ambitieuse, l’équipe de Suisse a perdu trois de ses quatre skieurs dans les méandres de portes rouges et bleues ornant la piste “Labirinti”. Marco Odermatt, Justin Murisier et Gino Caviezel, éliminés, n’ont pas trouvé la sortie, si ce n’est celle de piste. Seul Loïc Meillard, 5e sur le premier tracé, à 1″25 du Français Alexis Pinturaut, peut encore rêver de médaille.

Une grande déception

“La déception est immense, lâche un Marco Odermatt, désabusé. C’est l’un des pires jours de ma carrière”. Parti avec le dossard numéro 1, le Nidwaldien nourrissait beaucoup d’espoir, après une saison fructueuse en géant lors de laquelle il n’avait jamais quitté le top 4. Hélas, il est parti à la faute après une trentaine de secondes de course. “J’étais un peu surpris par le mur et la piste. Je n’ai pas réussi à entrer dans le bon rythme, poursuit le jeune skieur de 23 ans qui rejette toute forme de pression sur ses épaules ou sur celles de ses coéquipiers, attendus pour l’épreuve. Nous n’avions aucune stress car nous savions que nous avions une équipe forte. On le voit à l’entraînement ou en course jusqu’ici. Mais cette fois-ci, ça n’a pas fonctionné.”

Venu à Cortina conquérir le monde, celui qui possède le talent pour devenir l’un des plus grands skieurs de la planète ces prochaines années devra patienter avant d’accrocher une première médaille mondiale chez les “grands” à son palmarès. “Ces Mondiaux sont une grosse déception pour moi.” Une 4e place en descente ne compense pas le 11e rang du super-G et l’élimination du géant où il figurait parmi les favoris. “Au final, c’est en descente, la discipline où j’avais le moins de chance de médaille, que je passe le plus proche d’en obtenir une. Il faut désormais que je prenne le temps d’analyser tout cela.”

Justin Murisier relativise

Dans le sillage de Marco Odermatt, Justin Murisier n’a pas connu davantage de réussite. Le Valaisan, qui nourrissait de grandes ambitions lui aussi, a également connu l’élimination au bas du mur qui lançait ce géant. “Quand tu viens aux Mondiaux, c’est pour jouer les médailles. Je préfère sortir et être éliminé que de terminer 10e à une seconde et demie” explique le skieur bagnard qui a connu un problème d’accroche de ski. J’ai vu la manche d’Alexis Pinturault qui a les mêmes skis que moi et qu’il ne semblait pas avoir de problème. Il y a eu beaucoup d’accroche sur le mur, puis cela m’a lâché d’un coup. J’ai été surpris.” Justin Murisier rappelle qu’il est impossible de calculer lorsque l’on songe orner son cou de métal. “Il faut s’imaginer que ce n’est pas la course du ski-club. La piste, c’est vitre-glace et on a deux couteaux aux pieds. La limite entre trop en faire ou pas assez est faible. Il y a plusieurs éliminés dans le top 15 de ce géant.”

Toujours est-il que l’athlète de Verbier rentre à la maison avec un bilan mitigé de ces Championnats du monde, comprenant une 8e place en combiné et une non-qualification pour le parallèle en plus de l’élimination en géant. “C’est bien évidemment une déception car je venais pour jouer les médailles, mais je dois retenir le positif” relativise Justin Murisier. Je suis entier, j’ai mes deux jambes. Et il ne faut pas oublier que je réalise jusqu’ici une belle saison, par rapport à la dernière. Ce n’est d’ailleurs que ma première élimination de l’hiver. J’ai connu des moments bien plus difficiles dans ma carrière. Mon but premier est de me rapprocher du top 7 mondial en géant, je dois le garder à l’esprit.”

D’autant plus qu’il restera encore quatre géants à disputer cette saison, dont deux dès le week-end prochain du côté de Bansko, en Bulgarie.

Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo