C’est avec l’étiquette d’outsider que Justin Murisier aborde le géant des Championnats du monde de Cortina d’Ampezzo vendredi. Le Valaisan, qui est monté pour la première fois de sa carrière sur le podium en Coupe du monde cet hiver à Alta Badia, est plus en forme que jamais. Le skieur de Verbier sera l’une des quatre belles cartouches suisses, en compagnie de Marco Odermatt, Loïc Meillard et Gino Caviezel, dans la conquête aux médailles mondiales.

Justin Murisier, vous allez disputer votre troisième course vendredi à Cortina. Avez-vous participé au combiné (8e) et au parallèle (non qualifié) dans le but de préparer au mieux le géant?

Franchement, j’avais quand même l’espoir de bien faire en combiné. Et, mine de rien, en parallèle aussi. On sait que s’il y a un petit peu de vitesse et de pente, je suis “vite”. On sait aussi que tout peut vraiment arriver dans cette discipline. Mais ce n’est pas parce que ça n’a finalement pas marché sur ces deux épreuves que je pars avec un état d’esprit négatif sur le géant. Au contraire. Je sens que je suis en forme, que j’ai les jambes. Je n’ai pas trop mal au genou non plus. De ce côté là, tout va bien.

Vous avez pu skier sur le bas de la piste du géant lors du combiné, comment l’avez-vous trouvée?

C’était assez glacé et ces conditions me plaisent bien. De plus, le départ est assez raide, ce qui est aussi bien pour moi. Souvent, quand ça part à plat, j’ai un peu de la peine dans mes mises en action. C’est d’ailleurs quelque chose que je dois vraiment travailler dans le futur. Et avec un mur comme ici, je sais que je suis directement “vite”.

La piste ressemble-t-elle à celle d’Alta Badia, où vous êtes monté sur le podium cet hiver?

Ce n’est quand même pas la même (rires). Elle est plus facile ici à Cortina. Mais c’est clair que je vais pouvoir engager d’entrée. Si tu essaies d’être trop gentil dans le premier mur, tu vas vite prendre le tarif sur cette piste. Surtout, il va falloir continuer à pousser derrière, car ça va être un long géant d’environ une minute et 20 secondes. Il va donc falloir avoir les jambes et ne rien lâcher sur une piste quand même assez facile.

Lors de votre dernière participation à un géant dans un grand événement, aux Jeux olympiques de PyeongChang en 2018, vous aviez été rapidement éliminé. Du coup, allez-vous aborder “tactiquement” la compétition vendredi?

Non pas du tout, pas pour moi. C’est une autre histoire, je ne peux comparer les années et les situations. Je suis aussi une autre personne depuis. J’étais chez Völkl, je me suis fais les croisés, je suis parti chez Nordica, puis je suis revenu chez Head. Toutefois, je vais faire comme en Coupe du monde. Je donne toujours tout, même s’il faudra tout de même skier avec la tête, car on ne veut pas non plus se mettre dans le tas. Jusqu’à maintenant cet hiver, tout a bien marché et il n’y a pas grand-chose à changer.

Estimez-vous n’avoir jamais été aussi fort physiquement et mentalement qu’en ce moment?

La dernière fois que je me suis fait le genou, il a été vraiment difficile de revenir et j’ai toujours des douleurs. Ce sont des choses que l’on apprend à gérer. J’ai de la chance car mon nouveau matériel est moins exigeant physiquement que celui d’avant. J’arrive presque, même quand je ne suis pas à 100%, à skier vite. Et mentalement, je suis en grande forme. On voit que dès que je mets les skis, je vais vite et du coup, il y a de bons espoirs pour vendredi.

Dans une discipline toujours plus relevée, combien d’athlètes ont le potentiel pour jouer la médaille selon vous?

Une bonne quinzaine. Le top 15 mondial n’est pas là pour faire de la figuration et les sept premiers sont de toute façon en très grande forme. Gino (Caviezel) et moi sommes un peu dans la peau des outsiders. Mais on a de très grandes chances également.

Est-il mieux d’être outsider que favori pour aborder une telle compétition?

Quand tu restes sur trois succès en Coupe du monde, tu arrives en confiance… C’est pas mal non plus (rires).

Le dernier géant de Coupe du monde remonte au 9 janvier, à Adelboden. Depuis, vous avez coupé avec du super-G. C’était nécessaire pour vous de rester dans le rythme des compétitions?

Ca m’a fait du bien de pouvoir lâcher les skis, de faire une autre discipline. Il est vrai qu’avec une seule discipline, on tourne en rond. Pour ma part, j’ai l’impression de régresser si j’en fais trop. Mais là, j’ai remis les skis de géant. Je vais faire deux-trois manches jeudi (ndlr: l’interview a été réalisée mardi) et je serai prêt pour la course vendredi.


Loïc Meillard: “Une médaille en géant aurait encore plus de valeur”

“Après ce que j’ai montré lors du combiné et lors du parallèle, je sais que le ski est là, tout comme la confiance. Même si j’ai déjà remporté deux médailles de bronze, les attentes sont grandes à la suite de mes résultats en Coupe du monde. Je vais essayer de proposer deux manches sans faute et complètes pour espérer monter sur le podium. Je n’ai pas à calculer, simplement attaquer. Il est vrai que de remporter une médaille en géant, tout comme en descente, en super-G ou slalom, aurait plus de valeur car les émotions sont encore plus importantes.”

Marco Odermatt: “Un peu plus de pression que d’habitude”

“Le géant est la discipline où j’ai le plus de chances de remporter une médaille. Ce sera l’objectif, surtout après le parallèle car je reste avec un sentiment mitigé. J’espère que cette fois-ci la chance sera de mon côté, mais il faudra bien évidemment attaquer. Comme je n’ai encore pas gagné de médaille, j’ai peut-être plus de pression, d’autant plus que j’ai un rôle de favori, même si je ne suis pas le tout grand favori. Tout n’était pas parfait jusqu’ici, mais j’ai réalisé de bons résultats lors de ces Mondiaux en parvenant justement à gérer cette pression.”

Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo