Il y a trois semaines, la Coupe du monde de skicross avait lancé sa saison à Secret Garden. Après le report des Mondiaux de ski freestyle l’hiver dernier, l’élite de la discipline a enfin pu découvrir pour la première fois la piste du park de Zhangjiakou, qui sera le théâtre des Jeux olympiques en février. Si la grande majorité de la caravane du ski cross mondial a réalisé un aller-retour express en Chine, Niki Lehikoinen avait déjà débarqué dans l’Empire du milieu cinq jours avant tout le monde. Le skieur d’Eysins, membre des cadres C de Swiss-Ski, avait été mandaté par la FIS pour tester la piste olympique avant la compétition. Une expérience particulière que nous conte le Vaudois.

Niki Lehikoinen, comment vous êtes-vous retrouvé comme testeur pour la FIS sur la piste olympique?

L’été dernier, la FIS cherchait du monde parmi les athlètes de Coupe du monde et d’Europe pour aller tester la piste en avance. Les coachs de l’équipe de Suisse et Ralph (ndlr: Pfäffli, l’entraîneur en chef) m’ont proposé d’en être. Pour eux, c’était un immense avantage d’avoir quelqu’un sur place qui peut voir le parcours, le skier et analyser les conditions de course en général.

Pourtant, hormis pour Fanny Smith, 2e, cela ne s’est pas très bien passé pour l’équipe de Suisse…

Pendant les qualifications, tout avait bien roulé (ndlr: Ryan Regez et Alex Fiva avaient remporté les qualifs, mais aucun Suisse ne s’était qualifiée ensuite en quarts de finale)…

Pour vous, ce n’était pas frustrant d’être présent sur place, mais de ne pas pouvoir concourir en Coupe du monde?

Bien évidemment, c’est dommage, mais le but était d’engranger de l’expérience, car je n’ai pas souvent l’occasion de m’élancer en Coupe du monde. J’ai ainsi pu être testeur et ouvreur en Chine. Cela fait plus de sens que de rester sur la Coupe d’Europe. En Coupe du monde, les parcours changent énormément par rapport à ceux de Coupe d’Europe. Ils sont bien plus grands, bien mieux construits, plus fluides et surtout moins dangereux. Il y a deux ans déjà, j’étais réserviste, l’homme de plus de l’équipe de Suisse et je pouvais ainsi faire plusieurs fois ouvreur. Je profite ainsi des parcours de Coupe du monde, je m’adapte à ceux-ci et je commence à les connaître par coeur.

Du coup, vous qui avez pu dévaler à plusieurs reprises la piste olympique, comment analysez-vous le tracé?

(rires) Quand on est arrivé avec Arnaud Bovolenta (ndlr: le vice-champion olympique français de Sotchi était aussi testeur), on s’est dit qu’il n’y avait pas grand-chose. On s’est battu pendant trois jours pour qu’ils construisent des modules plus élevés. Chaque jours, ils augmentaient la hauteur de 20 à 30 centimètres. Pour la course, ça commençait à bien aller. Mais il reste beaucoup de travail avant les Jeux.

En gros, il était très important qu’il y ait eu des courses pré-olympiques?

C’était super important. Ils se sont rendus compte, après nos feedbacks d’athlètes, que beaucoup de choses ne fonctionnaient pas du tout. Des choses simples, basiques, bêtes auxquelles ils n’avaient pas pensées. Typiquement, les transports. Les Chinois n’y avaient pas du tout pensé…

C’est le voyage le plus compliqué que vous ayez fait?

Je pense que oui (rires). C’était très long et très compliqué. J’ai pu voyager avec les gens de la FIS, du coup, c’était mieux que pour les athlètes arrivant après. On avait des contacts directs en Chine qui pouvaient nous aider. Mais j’ai dû mettre 28 heures de voyage avec un détour de trois-quatre heures en Mongolie pour des raisons dont on ignore toujours. Ce n’était pas la grande fête.

Et comment cela se passait dans la bulle mise en place par les organisateurs?

Au départ, nous étions dans un autre hôtel que celui des compétitions. Ils nous ont mis une chambre et on ne pouvait pas en sortir. Alors, ils nous ont donné un micro-onde et des sacs de nourriture à chauffer nous-mêmes. Ce n’était pas agréable, mais une fois que les autres athlètes sont arrivés, c’était plus sympa, on a pu se déplacer dans l’hôtel et heureusement il y avait des buffets. Mais après, nous ne pouvions pas sortir de l’hôtel.

Johan Tachet, de retour d’Arosa