En prenant connaissance de son chrono quelques secondes après avoir franchi la ligne d’arrivée du géant de Sölden, Justin Murisier secoue légèrement la tête. Il sait qu’il n’a pas réalisé une manche parfaite. Mais sur le glacier du Rettenbach, l’essentiel était ailleurs pour le skieur de Verbier qui retrouvait la compétition 19 mois après son ultime course. “Je n’ai pas fait tout juste, mais c’est un retour et comme je l’avais dit, j’aurais été content en marquant des points. C’est vraiment positif”, sourit-il au moment d’analyser son 23e rang.

Le Valaisan peut se montrer satisfait de sa performance, d’autant plus qu’il ne concède qu’un peu plus d’une seconde et demie sur la 3e marche du podium occupée par Zan Kranjec. “Ce n’est pas comme si je suis loin du bal et je bats des gars qui sont en pleine forme et qui n’ont pas connu quatre opérations au genou”, poursuit-il en rappelant qu’à l’entraînement, ses chronos sont le plus souvent bien loin de ceux de ses compatriotes. “C’était dur de savoir où je me situais avant la course, mais je suis parvenu à changer de mode dans la tête.”

“A 90% de mes capacités”

Toujours est-il que le Bagnard avoue avoir skié, logiquement, sur la retenue lors de la seconde manche. “Je suis un peu déçu, car je n’ai pas forcément osé complètement attaquer. J’ai senti le genou entre les deux manches et cela s’est vu sur les skis où j’ai essayé de le protéger. Je dois me faire davantage confiance, mais quand tu es entre 80 et 100 km/h dans le mur, à l’ombre et ça tape, il y a malheureusement ce réflexe que je dois désormais éliminer.”

Avec ce résultat, Justin Murisier réapprend à avoir confiance en lui, en son genou et en son ski. “C’est normal, je sais que cela va être dur au début”, lance le skieur de Verbier qui estime être à 90% de ses capacités. “Les dix derniers pourcents sont les plus durs à aller chercher, car ils concernent la confiance et le matériel. J’ai désormais un mois pour préparer la prochaine épreuve de Beaver Creek, et si je parviens à perfectionner mes réglages avec mon matériel, que je découvrais pour la première fois en course, et progresser physiquement, peut-être que je peux me mettre dans les 15.”

Loïc Meillard perturbé par des problèmes musculaires

De son côté, Loïc Meillard a connu un début de saison délicat. Le skieur d’Hérémence, bon 9e de la première manche, est parti en surotation lors de la seconde et a donc connu l’élimination. “Je ne sais pas vraiment ce qu’il s’est passé, je vais devoir analyser le tout”, mentionne le Valaisan qui n’a toujours pas encore inscrit le moindre point à Sölden en trois tentatives, sur un glacier qui lui porte la poisse. Surtout que Loïc Meillard certifie ne pas avoir pu skier au maximum de son potentiel, perturbé par des douleurs musculaires contractées lors du camp d’entraînement estival à Ushuaïa. “Ca fait déjà un moment que j’ai mal à la cuisse. C’est ressorti à la première manche. Ca tirait sur mes appuis pied gauche, mais j’ignore si c’est la raison pour laquelle j’ai commis la faute.”

Odermatt craque en seconde manche

Pas davantage de réussite pour l’autre grand outsider suisse de la compétition, Marco Odermatt. Brillant 3e sur le premier tracé, le Nidwaldien a également connu la faute sur le second parcours prétéritant ses chances de podiums pour terminer à la 13e place finale. “Hônnetement, je n’ai même pas regardé mon résultat dans l’aire d’arrivée. C’est frustrant après cette première manche”, explique le Nidwaldien qui se sentait légèrement nerveux. “Après, terminer dans les quinze en réalisant quatre fautes est le point positif. Le ski est rapide.”

Si Odermatt et Meillard ont failli dans ce géant remporté par Alexis Pinturault, c’est Gino Caviezel qui s’est montré le skieur suisse le plus en forme sur le glacier du Rettenbach. En grignotant 13 rangs lors de la deuxième manche, le Grison se classe 9e pour accrocher son cinquième top 10 dans un géant traditionnel (il en compte également trois en parallèle).

Johan Tachet, Sölden