Mustafa Ceylan est un véritable personnage. Ce Turc de 32 ans, qui vit à Montreux, a suivi un parcours hors du commun délaissant le football pour sa passion du ski, jusqu’à se retrouver aujourd’hui skiman de l’équipe de Suisse de freeski. Et le renfort de Moustique – son surnom – au sein du groupe semble porter ses fruits, comme le prouvent les médailles remportées par Mathilde Gremaud et Andri Ragettli lors de l’épreuve de slopestyle, entre autres bons résultats lors des Championnats du monde de Bakuriani (GEO).

“De belles émotions”

“C’est Greg (ndlr: Tuscher, l’entraîneur en chef de l’équipe de Suisse) qui est venu me chercher, je le remercie, raconte Mustapha Ceylan avec une grosse pointe d’accent vaudois. J’ai été très motivé par sa proposition. C’est génial car du jour au lendemain, je me suis retrouvé avec ces super athlètes. Je vis de belles expériences, de belles émotions.” Privée jusqu’ici de techniciens, la Swiss Freeski Team peut désormais compter sur ce nouveau soutien lors des principales étapes de l’hiver. Les entraîneurs, qui se chargeaient la plupart du temps de la tâche de préparer les skis, ont ainsi plus de temps à consacrer à leurs protégés.

“Ça représente beaucoup de travail, ajoute le charismatique Moustique, qui a débuté cette saison. En Suisse, il y a beaucoup d’athlètes. Dix skieurs avec deux paires de skis, comme ici en Géorgie, ce n’est pas rien. Surtout qu’il y a un peu de pression.” Le skiman veut répondre au mieux aux souhaits des athlètes. “Chacun à ses préférences, j’essaie de m’adapter pour mettre chacun dans les meilleures conditions, confirme-t-il. J’arrive de plus en plus à me familiariser avec les sportifs. Il y a aussi une question de ressenti. Ce qui aide, c’est qu’il y a une excellente ambiance au sein de l’équipe.” Ce n’est pas pour rien que la plupart des athlètes et du staff se considèrent comme membres d’une grande famille.

Au bord des larmes avec Mathilde Gremaud

En échangeant avec les entraîneurs et l’équipe médicale, Mustafa Ceylan cherche toujours à progresser. Il partage des moments privilégiés avec les riders, de Sarah Höfflin à Fabian Bösch en passant par Robin Briguet et Mathilde Gremaud. Il était notamment présent au départ lorsque celle-ci a appris qu’elle remportait l’or en slopestyle il y a quelques jours. “C’était assez fou, tu ne t’attends pas à vivre un truc pareil, c’est la première fois que ça m’arrive, rappelle-t-il. C’est juste génial pour elle et ça vient aussi récompenser le travail de toute l’équipe. Dès que sa victoire a été confirmée, je lui ai tendu un drapeau suisse, j’avais presque les larmes aux yeux.”

Des émotions qui donnent envie d’en vivre d’autres. “J’apprends tous les jours, ajoute le Turc, qui travaille à l’année dans un magasin de sport (Sport 2000) à Montreux. Je cherche surtout à passer de bons moments mais si j’ai l’occasion par exemple de travailler lors des prochains Jeux olympiques, ce serait un rêve, c’est clair.” Et ce rôle de technicien, envisage-t-il d’y progresser? “Dans l’alpin ou le skicross, c’est un métier plus pointu, plus poussé, mais pourquoi pas. Je serais en tout cas très intéressé d’aller suivre le serviceman de Marco Odermatt par exemple pour voir comment il fonctionne.”

Le ski, une passion

Car Moustique, s’il reste modeste, veut surtout continuer à vivre à fond sa passion pour le ski, qu’il a développée au fil des années comme personne ou presque. Et d’ici son retour chez lui à Montreux, lundi, il espère encore pouvoir aider Robin Briguet et Mathilde Gremaud à aller chercher un podium dans le Caucase, près de la Turquie. “Pas certains toutefois que la FIS ait fait le bon choix de site, avec énormément de vent en permanence…”

Celui que rien ne prédestinait au ski, grand pote de Laurent de Martin (“un frère”), se réjouit aussi de remonter sur ses lattes, dans les Alpes qu’il aime tant. Et d’écrire une nouvelle page de son incroyable histoire entre chutes, films de freestyle et belles rencontre. Une histoire qui sera décryptée ce vendredi soir sur la RTS dans l’émission Passe-moi les jumelles, qui lui consacre un portrait réalisé par Benoît Goncerut et Jules Guarneri.

Laurent Morel