De retour en Coupe du monde à Levi (FIN) en novembre, où elle a réussi deux slaloms honorables, Mikaela Shiffrin dispute à Courchevel ses premiers géants de l’hiver après avoir passé plusieurs semaines à Reiteralm (AUT) pour s’entraîner. L’occasion de discuter, par visioconférence, de ses objectifs de l’hiver et du regard qu’elle porte sur certaines des meilleurs skieuses du monde.

Visez-vous un 4e grand Globe de cristal cet hiver?

Non, je ne suis pas dans cette optique et je ne l’ai jamais été. Je ne me fixe pas vraiment d’objectifs cette saison. De plus, Petra (Vlhova), Federica (Brignone) et Michelle (Gisin), notamment, sont très compétitives et je ne pense pas être en mesure de pouvoir aller les chercher.

Pensez-vous que Michelle Gisin puisse aller le chercher justement, ce Globe?

Bien sûr qu’elle peut gagner le classement général de la Coupe du monde! Michelle, c’est l’une des athlètes les plus cool du circuit. Ce qui est très agréable, c’est qu’elle est toujours positive et qu’elle travaille dur. J’ai eu l’occasion d’apprendre à la connaître la saison dernière. On se retrouve fréquemment ensemble au début des reconnaissances, on a un peu les mêmes “horaires”. Quand elle est là, j’enlève volontiers mes écouteurs et je discute avec elle. Elle skie vraiment trop bien en vitesse comme en slalom, et même en géant désormais. J’adore disputer des compétitions avec/contre elle.

Et Petra Vlhova?

Je la respecte beaucoup, mais je ne suis pas certaine que nous puissions êtres amies dans cet environnement, avec cette rivalité. En revanche, je pense que dans d’autre circonstances, nous le serions. On partage les mêmes valeurs. Mais là, ce qui m’importe, c’est d’être la plus rapide (sourire).

Qu’en est-il des disciplines de vitesse. Comptez-vous reprendre rapidement?

Je n’ai pas suffisamment pu m’entraîner cet été et je n’ai pas rechaussé mes ski de descente depuis Bansko l’hiver dernier (ndlr: fin janvier, avant son retrait soudain du Cirque blanc). Il n’est donc pas envisageable ni réaliste de m’élancer en super-G ou en descente prochainement. Je suis dans une approche différente en ce moment et j’ai défini des priorités. J’avance progressivement. On verra bien d’ici la fin de la saison…

Avez-vous encore faim?

C’est une question compliquée. Il est vrai que parfois, j’ai juste envie de me réveiller et d’aller manger du bacon et des oeufs, que je peux passer des heures à traîner sur Instagram. Mon activité préférée, c’est de dormir… Ce n’est pas toujours le cas, mais des fois, je n’ai pas envie de sortir sous une neige très humide et de sentir le chien mouillé à mon retour… Mais c’est comme ça, ça fait partie du métier. Après, je reste très motivée, mais pas toujours à 100%. C’est une faim différente

C’est quelque chose qui a changé depuis la saison dernière?

Je ne sais pas si j’ai plus ou moins de motivation qu’avant, mais c’est différente. Je suis passée par beaucoup de phases de regrets, de colère. Chaque jour est à un nouveau départ. Mon souci, c’est souvent que je ne pense pas assez à moi. J’oublie d’aller bien. Parfois, je devrais juste prendre un bain mais je ne le fais pas. C’est très difficile de gérer ce qui se passe et je ne prends rien comme acquis. Mais j’ai énormément de chance de pouvoir skier, j’en suis consciente.

Comment allez-vous passer Noël?

Il y aura une course à Semmering deux jours plus tard alors ce sera probablement un jour d’entraînement normal. De toute façon, on est contraints de rester en petit comité. Et manger quelque chose de spécial, c’est sympa, mais ça peut aussi être bien avec une pizza.

Laurent Morel