Après un petit détour chez Salomon la saison dernière, Camille Rast est revenue vers son ancien équipementier Head. Un retour à la maison, comme le décrit la skieuse de 24 ans, qui ne regrette toutefois pas l’expérience et qui compte mettre les bouchées doubles cet hiver pour enfin s’établir dans le top 15 en slalom et en géant.
Le départ de Camille Rast vers Salomon en mai 2022 devait l’aider à consolider les bonnes performances d’une saison lors de laquelle elle avait terminé 7e du slalom olympique et manqué de peu un premier podium en Coupe du monde. Malgré une communication facilitée – en français avec les ingénieurs à Annecy (FRA), plutôt qu’en allemand avec l’Autriche – la Valaisanne n’a pas réussi à trouver ses repères et c’est avec frustration qu’elle a confié à la mi-saison qu’elle cherchait encore la clé pour skier vite. D’où la décision de revenir vers la marque de son enfance.
“Je pense que les gens l’ont remarqué dans mes résultats, j’ai vraiment eu de la peine à m’habituer”, a confié la championne du monde juniors de slalom 2017 en amont de la nouvelle saison. “Ils ont du bon matériel (chez Salomon), c’est juste que je n’ai pas réussi à trouver le bon réglage pour moi. Au niveau de la chaussure, ce n’était pas mon pied, je n’ai pas réussi à déchiffrer l’ADN de Salomon. Mais j’ai quand même fait une très belle expérience, l’équipe est vraiment incroyable, ils ont fait un super job, c’était vraiment agréable et encourageant de pouvoir travailler avec des personnes aussi motivées.”
Des pièces manquantes au puzzle
La décision de quitter Salomon après un an était “hyper difficile”, dit-elle, en insistant sur le fait qu’il y a eu “des points positifs de tous les côtés”. Reste un sentiment de déception. “Les tests que j’avais fait la saison d’avant étaient positifs et j’étais confiante. J’avais vraiment envie que ça marche et j’ai tout mis en place pour que ça fonctionne au mieux. Malheureusement, je n’ai pas réussi à trouver les bonnes pièces du puzzle.”
Malgré tout, la skieuse de Vétroz retire du positif. “C’est une année où j’ai appris, j’ai grandi. Je peux garder des bonnes choses: j’ai eu de nouvelles sensations, des nouveaux retours et j’ai surtout eu de nouveaux challenges. C’est ce que j’aime. Ce n’était clairement pas une année perdue.”
De retour “à la maison“
Depuis juin, elle a retrouvé son ancien matériel. “J’ai grandi chez Head donc pour moi, c’est la maison”, avoue-t-elle. Mais il reste des choses à peaufiner. “L’avantage chez Head, c’est que j’ai déjà une petite base sur laquelle on sait que ça fonctionne. Après, il y a eu beaucoup d’évolution, des nouveautés, donc je dois aussi tester un peu de ce côté-là. Je suis restée sur la même chaussure, mais le ski a évolué un petit peu. Les différentes lignes de courbe et les tailles: c’est les petits détails qui changent. “
Camille Rast a aussi à ses côtés un nouveau préparateur pour ses skis, un élément de plus qui demande une période d’adaptation. “Il faut repartir à zéro. Ça aussi, ça prend un peu de temps, il faut apprendre à se connaître en course, faire les bonnes choses au bon moment.”
Un travail physique et mental
Et au bout du compte, un matériel performant ne constitue qu’une part de l’équation pour obtenir des bons résultats. Et chose positive, Camille Rast se sent en forme physiquement, et d’attaque pour aller s’installer définitivement dans le top 15, objectif qu’elle s’était déjà donné la saison dernière avant de glisser à la 25e et 31e place en slalom et en géant au classement final de la Coupe du monde. “Là, je suis déjà à la limite, donc j’aimerais vraiment rester dans ce top 30 et aller en direction du top 15 dans les deux disciplines. Ça ne va pas être une tâche facile parce que la concurrence est vraiment forte actuellement.”
“Physiquement, je me sens bien cette année, sans bobo. Il faut travailler tous les jours, que ce soit au niveau physique, mental ou sur les skis.” Le mois d’entraînement à Ushuaïa (ARG) avec l’équipe de Suisse féminine a porté ses fruits. “C’était vraiment un gros point positif, j’ai pu beaucoup skier. Je vois qu’il y a du travail mais ça progresse, donc je suis contente.”
Un calendrier serré
Cet hiver, les courses techniques chez les dames sont concentrées en début de saison. “Le 30 janvier, je pense que ma saison est passée donc il va falloir être performante tout de suite.” Pas simple compte tenu des conditions d’enneigement actuelles. “Ce n’est pas facile de trouver des bonnes conditions pour parfaire le matériel.”
Mais son objectif est clair et sa motivation aussi. “Je vais me battre comme chaque année pour me rapprocher de ce fameux top 15, que ce soit en géant ou en slalom.” Camille Rast est de retour en terrain familier. Et quel meilleur tremplin pour aller chercher des podiums?
Sim Sim Wissgott