Michelle Gisin est jubilaire. Dimanche, en prenant le départ du super-G de Lake Louise, elle a poussé pour la 200e fois de sa carrière le portillon de départ en Coupe du monde. “J’étais un peu stressée avant la course. Quand j’ai dû m’élancer, il y avait beaucoup d’émotion”, assure l’Obwaldienne de 28 ans qui a parfaitement fêté cette double centaine en prenant le 11e rang. Sa première sur le Cirque blanc, c’était il y a bientôt 10 ans, en décembre 2012 à Semmering. Pour son baptême en Autriche, elle avait réussi l’exploit de signer le 17e chrono de la 1re manche, avant d’être malheureusement éliminée.

Une décennie plus tard, Michelle Gisin dénombre 19 podiums pour une victoire en Coupe du monde – mais quelle victoire, toujours à Semmering, en 2020 – pour 91 top 10. “Ma soeur Dominique tient les comptes”, rigole celle qui est devenue une métronome aux avant-postes. “Ce dont je suis la plus fière, c’est de ma régularité car j’ai toujours voulu être une “all-rounder” (polyvalente).” À savoir skier dans toutes les disciplines. “Je suis reconnaissante de tout ce que j’ai pu accomplir et vivre durant toutes ces années.”

La maladie surmontée

Et elle n’est pas encore prête à s’arrêter. Depuis peu de temps, Michelle Gisin est, en plus, totalement débarrassée des problèmes de santé, et notamment les séquelles de sa mononucléose, qui l’ont perturbée durant pratiquement l’ensemble du dernier hiver. “Cela fait quelques semaines que je me sens enfin à 100%. Avant, j’avais encore des restes de temps à autre. Maintenant j’ai retrouvé toute mon énergie, il y en a presque trop des fois, cela me fait presque peur.” La double championne olympique de combiné se marre, mais c’est surtout un soulagement de ne plus devoir se battre face à la fatigue, ce vicieux ennemi invisible. “Après les courses de Levi et de Killington, je me sentais très bien. J’espère que je vais bien pouvoir gérer le jetlag.”

Malgré les huit heures de décalage horaire qui l’attendent au moment d’atterrir à Zurich lundi, la skieuse d’Engelberg se veut “optimiste” et “positive”, surtout qu’elle a retrouvé lors des courses du week-end au Canada d’excellentes sensations sur un nouveau matériel qu’elle apprivoise tout juste, comme en témoignent ses 8e et 11e places lors de la seconde descente et lors du super-G. “Ces résultats montrent que je suis en vie”, lance-t-elle en comparaison au week-end presque cauchemardesque vécu à Killington il y a une semaine où elle avait subi la piste du Vermont tant en géant (25e) qu’en slalom (22e).

Des réglages affinés sur les skis

“Juste avant les courses de Levi, nous avions changé un élément sur la chaussure. Ce n’était pas la bonne solution. On l’a découvert et on a pu faire de nouvelles modifications cette semaine.” Il est vrai qu’il n’est jamais simple de skier sur un nouveau matériel, surtout après avoir chaussé une seule et même marque durant une décennie au plus haut niveau. “Nous sommes en train de découvrir petit à petit les bons réglages. C’est tellement intéressant. On fait un pas après l’autre. Tout le monde travaille fort, mon serviceman Gämpi (Christian Gamper) bosse comme un fou. Il y a tellement de potentiel avec ce matériel que je me réjouis de voir ce que va donner la suite.”

La suite justement, c’est Sestrières pour un nouveau week-end de technique. Mais Michelle Gisin va prendre un jour de repos à la maison avant de rouler en direction de l’Italie et entamer sa nouvelle centaine de départs sur le Cirque blanc avec l’objectif finalement assez simple “d’aller de l’avant”.

Johan Tachet, Lake Louise