C’est une Mathilde Gremaud encore sous le coup de l’émotion qui a suivi sa victoire, mais aussi sa violente chute, qui s’est confiée quelques minutes après avoir remporté la médaille d’or lors du Big Air aux X Games d’Aspen. Titrée pour la 3e fois lors du grand rendez-vous extrême, pour la 2e fois dans le Colorado, la Fribourgeoise de 20 ans a a réussi l’exploit de plaquer un switch double cork 1440 pour la première fois en compétition. Entrée dans l’histoire, la championne est toutefois restée fidèle à elle-même au moment de retourner se reposer avec l’équipe de Suisse de freeski dans la maison louée pour l’occasion. Histoire de reprendre un maximum de forces avant de remettre le couvert samedi, pour le slopestyle.

Mathilde Gremaud, comment vous sentez-vous après avoir réussi une telle performance?

Je suis vraiment trop contente mais en même temps, j’ai mal un peu partout après ma chute. Mais ça reste beaucoup de bonheur, c’est trop beau!

Quand avez-vous pris la décision de tenter ce nouveau trick?

J’y pense depuis cet été et je me dis que je dois le réussir ici, aux X Games. Je me suis décidée hier soir. Le format de compétition, qui permet d’effectuer jusqu’à cinq sauts en retenant les deux meilleurs qui doivent être différents mais pas forcément dans un sens opposé, était favorable alors j’avais mon idée.

Justement, racontez-nous votre compétition.

Je voulais commencer par un switch double cork 1080, afin d’avoir quatre tentatives pour mon trick le plus difficile. Malheureusement, j’ai dû m’y reprendre à deux reprises, mais ça a passé. Ensuite, c’est là que j’ai tenté mon premier double cork 1440 et que j’ai pris une belle “boîte”.

Lors de votre chute, vous ne vous êtes par relevée tout de suite. Vous nous avez fait une belle frayeur!

J’ai aussi eu un peu peur je dois dire. Je crois que je n’ai pas réussi à ralentir assez en l’air et j’ai perdu le contrôle. Heureusement, je n’ai tapé “que” le corps, sur tout le côté droit. J’ai bien ramassé et j’ai un bel hématome… J’ai volontairement attendu un moment au sol, pour pouvoir me reprendre, pour avoir le temps de récupérer.

Vous saviez déjà que vous alliez continuer l’épreuve?

Sur le moment, je me suis dit que c’était fini, que j’arrêtais. Mais rapidement, en marchant en direction de mon équipe, des entraîneurs, je savais que j’allais y retourner, c’était ma dernière chance! Et à partir du moment où j’avais pris cette décision…

Et là, vous remontez et vous relancez votre figure.

Oui, exact. Je n’avais pas peur de ce trick, je savais que j’en étais capable. Mais la luminosité et le vent n’étaient pas forcément hyper favorables. Il fallait faire attention et bien prendre ces paramètres en compte. Le vent surtout, n’était pas très régulier et il fallait adapter sa course d’élan en effectuant des courbes.

Saviez-vous dès que vous avez décollé que votre saut était réussi?

Oui, on peut dire ça. D’ailleurs, pendant le saut, je me suis dit à haute voix: “OK, c’est bon”. Le but était vraiment d’arriver à le plaquer à ce moment, c’est une grande satisfaction d’avoir réussi.

Comme partout ou presque, il n’y a pas de public à Aspen. C’est particulier de concourir dans ces conditions?

On a de la chance de pouvoir skier. Bien sûr, c’était bizarre de n’avoir que quelques personnes lors de la remise des médailles, mais on fait avec, on s’adapte. Ça reste les X Games et je fais ces compétitions pour moi aussi.

Vos proches ont-ils pu vous suivre?

Oui, j’ai reçu pas mal de messages, c’est cool!

Désormais, il vous reste encore le slopestyle. Malgré vos douleurs, vous pensez pouvoir participer?

Oui, normalement je vais y aller mais il faut faire attention à ne pas trop en faire. On est tous fatigués dans l’équipe. On est arrivés dimanche et on a skié depuis mercredi. C’est intense. Mais je n’ai pas insisté à l’entraînement et je verrais bien ce que je peux réussir lors du slopestyle. Je pense pouvoir être solide sur les rails. Sur les sauts, ce sera une autre histoire. Mais bon, j’ai déjà largement accompli mon objectif principal, qui était le Big Air.

Laurent Morel

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