Incroyable Mathilde Gremaud! Le jour de ses 22 ans, la Fribourgeoise décroche déjà sa seconde médaille olympique. Lors d’un concours de Big Air de folie, probablement la compétition la plus passionnante depuis le début de ces Jeux, la skieuse de La Berra a réussi à prodiguer son meilleur ski pour aller décrocher une breloque en bronze mérité, tenant la dragée haute à la gagnante et déjà star de ces Jeux olympiques Eileen Gu et à la Française Tess Ledeux.

Sa remise en question du mois de décembre aura donc porté ses fruits puisqu’après la médaille d’argent en slopestyle aux X Games, la Gruérienne monte sur un nouveau podium. Qui plus est avec la manière et au terme d’une épreuve au suspense fou! Alors qu’elle a été la première à plaquer un double cork 1620, Tess Ledeux a été doublée par Eileen Gu sur la dernière tentative de la Chinoise, qui l’a imitée. Mathilde Gremaud a alors essayé à son tour la figure, sans succès. Mais sa médaille de bronze fait largement son bonheur. De même que le gâteau qu’elle a reçu en pleine poire de la part de son entraîneur Greg Tuscher, une tradition pour les anniversaires au sein de la Swiss Freeski Team.

Mathilde Gremaud, quel est votre sentiment quelques minutes après cette folle compétition?

Jamais je n’aurais imaginé un tel résultat, c’est vraiment incroyable! Déjà, ça fait plaisir d’avoir la possibilité de batailler tout devant, d’avoir les tricks pour. Mais je n’avais pas de marge. Mes deux premières figures (double cork 1260 et switch double cork 1440) sont les deux plus grosses que je peux faire actuellement. Pour le troisième saut, j’avais quelque chose en tête, mais ce n’était pas sûr. J’ai tenté le tout pour le tout avec mon dub 16 (double cork 1620) car je n’avais pas à mes yeux la possibilité d’améliorer mes deux premières tricks. C’était cool de pouvoir essayer, je n’ai aucun regret. Ça n’a pas fonctionné, mais je suis super émue, super contente. Mon objectif était surtout de plaquer mes tricks. La médaille, c’est plutôt comme une cerise sur le gâteau. La compétition était juste incroyable, le niveau était meilleur que tout ce qu’on a vu jusqu’à aujourd’hui. Elle est tombée au bon moment car tout le monde était prêt pour envoyer du très lourd.

Pensez-vous que vous auriez pu décrocher l’or en cas de réussite sur ce dernier saut?

Si je l’avais plaqué, ça aurait été au moins la 2e place, à mon avis. Mais les scores auraient été très très serré.

Dans quel état d’esprit avez-vous abordé votre journée d’anniversaire?

En début de journée, tout était parfait. Les conditions étaient idéales, je me sentais excellemment bien. Tout s’est déjà très bien déroulé aux entraînements, j’ai vraiment pris du plaisir. J’ai pu tout préparer comme prévu et donc j’étais assez confiante au moment de lancer ma compétition. J’ai réussi à profiter de chaque moment, c’était superbe. Finalement, c’est un énorme cadeau d’anniversaire!

Vous avez versé quelques larmes au moment de la cérémonie des peluches. Qu’est ce que ça représentait pour vous?

C’était vraiment tout un mélange d’émotions positives. Gagner une médaille, ça m’est déjà arrivée une fois, mais ça ne change rien en grandissant. Les Jeux olympiques m’ont toujours fait rêver. Quand j’avais 10 ans, imaginer être médaillée, c’était vraiment quelque chose d’incroyable et là, j’y parviens, le jour de mon anniversaire en plus. Ces larmes, c’est juste le reflet de grands moments au bout d’une épreuve de malade! J’avais la vessie près des yeux, comme dirait mon grand-père (rires).

Mathilde Gremaud a une relation parfaite avec les Jeux olympiques. (Christophe Pallot/Zoom)

Avec la gagnante, la superstar chinoise Eileen Gu, vous vivez dans deux mondes différents…

Complètement. Elle a une situation vraiment unique dans le monde du ski en étant tellement douée dans un pays comme la Chine. Son ski est incroyable!

Comment comparez-vous cette médaille avec celle que vous avez obtenue il y a quatre ans à PyeongChang?

Entre les deux médailles. C’est des situations différentes. La dernière fois, je ne m’y attendais pas du tout. Ici, maintenant que c’est fait, je peux dire que celle-ci, je la voulais vraiment. Après, je pense que les émotions sont les mêmes.

C’est ce soir que vous allez recevoir votre médaille. Cette cérémonie, c’est important pour vous?

La dernière fois, c’était vraiment un moment hyper cool alors je me réjouis même si je n’aurais pas l’occasion de partager ça avec Sarah (Höfflin) cette année. Ce sera une nouvelle expérience. C’est aussi une nouvelle discipline, un nouvel endroit. Après, je vais avoir la chance de fêter avec la “team”. C’est surtout des amis alors j’ai de la chance de pouvoir profiter de ces instants avec eux. Mais je ne vais pas faire une grosse fête.

En quatre ans, comment avez-vous changé?

J’aime vraiment penser que je suis la même, dans le fond en tout cas. Après, j’ai plus d’expérience. J’ai appris plein de choses en quatre ans. Je pense que tout ce que j’ai appris me sert au niveau mental et de la motivation.

Il vous reste encore la possibilité de briller en slopestyle, qu’espérez-vous réussir?

Je voyais déjà le fait d’être ici comme un bonus, alors ça continue. C’est de toute façon des belles expériences. Je vais tenter de rester concentrée. C’est déjà un énorme succès d’avoir obtenu cette médaille. Quoiqu’il se passe ensuite, ce sera encore plus incroyable, je pense.


Sarah Höfflin: “Je suis fière de moi”

Championne olympique de slopestyle, Sarah Höfflin n’était pas la plus attendue lors de l’épreuve de Big Air disputée dans le parc de Shougang. Finalement 6e après un beau concours, la Genevoise esquissait un grand sourire au moment de l’interview. “C’était une compétition avec un niveau de dingue, s’est-elle exclamée. Je n’ai pas de regret, les trois filles devant sont sur une autre planète et je suis fière de moi, c’est mieux que ce que j’imaginais. Je suis déjà très heureuse d’avoir fait partie de cette finale. Surtout que j’ai 14 ans de plus que certaines des filles ici!” A 31 ans, elle ne perd pas espoir de rivaliser dans le futur: “Il va falloir bosser pour remonter sur le podium, c’est tout! D’ici là, j’ai hâte de tester le slopestyle à la montagne.”

Laurent Morel, Pékin