Il n’y a pas que le soleil qui a joué avec les nerfs des organisateurs et des participants ce jeudi dans l’Oberland bernois. Pour démarrer le mythique week-end des courses du Lauberhorn, dans une ambiance assez feutrée et à peine rendue plus folle par les cris des écoliers présents à Wengen, il fallait bien une étincelle de Marco Odermatt pour contraster avec la vilaine chute de son pote Marco Kohler. Et ça, le génie de Hergiswil sait faire. Il a parfaitement su se jouer de tous les pièges de la descente raccourcie au programme pour offrir un feu d’artifice aux suiveurs et s’offrir surtout un premier succès en Coupe du monde de descente, enfin.
Une nouvelle descente parfaite
Enfin, car le champion du monde de la discipline a dû monter sur 11 podiums de Coupe du monde avant de gravir en fin la plus haute marche, un record. Très souvent, les centièmes n’ont pas été de son côté. Cette fois, le Nidwaldien a mis les choses au point et n’a laissé le soin à personne de l’inquiéter. Il s’est imposé avec plus d’une demi-seconde d’avance sur l’homme en forme du moment, le Français Cyprien Sarrazin. « J’ai toujours su que si tout fonctionnait dans le bon sens, c’était possible de réussir une telle performance, a-t-il avoué, en restant modeste. C’était souvent très serré. Mais cette fois, je savais que ma performance serait dure à battre. Après, Aleksander Aamodt Kilde n’est pas non plus à 100% (ndlr: le Norvégien est malade depuis quelques jours), c’est peut-être ce qui aide à avoir une telle avance. »
Reste qu’une nouvelle fois, et après sa démonstration de Bormio qui ne lui avait pas suffi pour devancer Cyprien Sarrazin, Marco Odermatt a réussi la descente rêvée. « Oui vraiment, confirme le champion olympique de géant. La descente était parfaite aujourd’hui. De haut en bas, ça a très bien fonctionné. J’ai pris beaucoup de risques dans le Bruggli-S, dans le S d’arrivée. J’ai bien tendu mes lignes. Le matériel était super donc ça ne peut pas être mieux. »
La chute de Marco Kohler a tout gâché
Ce trentième succès en Coupe du monde aura toutefois un goût amer pour Marco Odermatt, même si celui-ci s’est présenté avec la mine presque déconfite devant la presse, quelques minutes après la chute de son grand pote Marco Kohler, qu’il avait aidé à continuer à y croire lorsque celui-ci se battait pour revenir au plus haut niveau. « Après l’arrivée, il y avait bien sûr beaucoup d’émotions, beaucoup de joie et j’étais très heureux que ça ait enfin fonctionné surtout à la maison, a-t-il précisé. Mais après la chute de Marco, ce sont surtout les émotions négatives qui prédominaient. »
Et il restera deux courses ce week-end à Marco Odermatt pour rêver à un triplé quasiment inédit et magique. « Ce serait naturellement parfait mais ce sera très très dur, rappelle Odi, qui aurait une petite préférence pour gagner la ‘vraie’ descente de samedi. Aujourd’hui va être une très longue journée avec toutes les sollicitations (ndlr: il a notamment dû attendre le podium qui n’a eu lieu que vers 15h30). Il faudra voir au jour le jour, bien récupérer et attaquer. » Avant de se (re)mettre au slalom, pour décrocher la seule victoire qui lui manque encore sur le Cirque blanc? « Non, non, je ne commence pas le slalom », a-t-il encore rigolé.
Laurent Morel, Wengen