Dans la voiture romande qui regagne la Suisse depuis Saalbach, l’ambiance est festive. Christophe Torrent et Denis Corthay charrient Rémi Cuche après son exploit du jour. Quelques heures plus tôt, Le Neuchâtelois est monté sur le tout premier podium de sa carrière en Coupe d’Europe lors du second super-G de Saalbach en prenant la 2e place. “C’est peut-être la course la plus aboutie de ma carrière”, savoure l’athlète du Val-de-Ruz qui a su déjouer les pièges du tracé autrichien. “Hier, lors de la première descente, nous étions tous un peu à l’envers car la neige était facile à skier. Il fallait alors tendre les trajectoires au maximum et c’est ce que j’ai réussi à faire.”

Dans l’antichambre de la Coupe du monde, Rémi Cuche se fait un prénom. Ce podium est “un premier pas en avant” pour celui qui s’était fixé comme objectif de s’approcher de la boîte cet hiver. “J’espère continuer sur cette lancée. Mais je ne veux pas me mettre de pression, c’est surtout un soulagement de voir que je suis dans le coup.” Toujours est-il qu’il est le premier surpris de cette performance. “Je ne m’attendais pas forcément à monter de sitôt sur le podium.”

La patience comme moteur

D’autant plus que Rémi Cuche vit sa première saison sur le front de la Coupe d’Europe en tant qu’athlète membre des cadres de Swiss-Ski. Car du haut de ses 24 ans, le Neuchâtelois a dû se montrer patient. En mars 2019, puis à l’automne 2020, il s’est blessé méchamment au genou droit dans un premier temps, puis au gauche. Mentalement, le neveu de Didier a cette force de caractère qui le pousse à poursuivre son rêve, celui de faire du ski son métier.

L’hiver dernier a été celui du déclic puisqu’il réalisé deux top 10 en Coupe d’Europe, des résultats qui lui ont permis de quitter le centre national de performance NLZ pour le cadre B de Swiss-Ski. “C’est clair que j’ai bien fait de continuer. Intégrer les cadres a été la récompense de mes efforts”, souligne Rémi Cuche qui profite pleinement de son nouvel environnement pour progresser. “Notamment dans les disciplines de vitesse, car on a davantage de possibilité de s’entraîner en descente et en super-G.”

Le top 3 en Coupe d’Europe à moyen terme

Le regard tourné vers l’avenir, le Vaudruzien ne veut pas mettre la charrue avant les boeufs. “On va prendre une chose après l’autre”, répond-il lorsqu’on lui demande si la Coupe du monde est un objectif réalisable à court terme. Mais il ne cache pas que dans le futur, accéder à l’élite serait un but. “Pour les prochaines saisons, peut-être pas encore celle-ci, j’aimerais essayer de jouer le top 3 en Coupe d’Europe. Avec le nombre de bons Suisses déjà en Coupe du monde, il faut passer par là.”

Il ne serait d’ailleurs guère utopique que Rémi Cuche ainsi que ses compères Christophe Torrent et Denis Corthay rejoignent le contingent romand de vitesse qui s’agrandit toujours en Coupe du monde. Entre deux boutades et chansons de Schlager dans la voiture rentrant de Saalbach, les trois hommes doivent certainement y songer sérieusement.

Johan Tachet