Ce vendredi, Beat Feuz a appris le gain de son troisième Globe de cristal consécutif de descente. Un exploit qui n’avait plus été réalisé dans la discipline depuis Stéphane Eberharter entre 2002 et 2004. Profitant de l’annulation des finales de Cortina d’Ampezzo et donc de la dernière course de la saison dans la discipline reine, “Kugelblitz” ne peut plus être rattrapé par Thomas Dressen, qui pointe à 194 points. Ce nouveau trophée vient récompenser la régularité d’un skieur qui à 33 ans, est monté sur le podium de 18 des 21 dernières descentes de Coupe du monde. Au total, il compte 47 podiums dont 13 succès sur le Cirque blanc.

A Kvitfjell, Beat Feuz n’est plus sorti du top 7 depuis 2015 et reste tout simplement sur 4 podiums. De quoi aborder avec confiance la descente samedi et le super-G dimanche, qui seront les dernières étapes d’un hiver chargé. Ensuite, le Bernois aura droit à des vacances méritées. Et pour l’heure, il ne veut pas se mouiller et n’assure pas qu’il sera encore au départ en Coupe du monde l’hiver prochain.

Beat Feuz, tout d’abord, comment vous sentez-vous?

Ça va relativement bien. Je n’ai pas eu beaucoup de pause jusqu’ici mais heureusement, j’ai pu me poser quelques jours avant Hinterstoder. Ça m’a vraiment fait du bien. Désormais, je me réjouis de la fin de saison avec Kvitfjell.

Appréciez-vous cette étape ici en Norvège?

La piste me plaît beaucoup. J’ai déjà réussi beaucoup de bonnes courses ici (ndlr: il est monté sur le podium à 9 reprises), ce qui fait que je reviens très volontiers. Cette année, avec toute cette neige, on se sent enfin vraiment en hiver, c’est encore mieux.

Vous fêtez ici votre troisième Globe de cristal de descente consécutif. C’est aussi excitant?

J’essaie de ne pas me focaliser uniquement là-dessus, mais c’est vraiment une belle récompense pour moi. Je n’aurais jamais imaginé remporter trois Globe d’affilée il y a trois ans.

Lorsque vous étiez plus jeune, était-ce une rêve?

Gagner un Globe, c’était quelque chose que j’espérais, à quoi je rêvais et qui est devenu avec le temps un objectif. Mais de là à vraiment le remporter, c’est autre chose. Lorsqu’on est jeune, c’est facile de se dire qu’on envisage d’en gagner un mais réussir à le faire, ce n’est pas si simple… 

Votre carrière a connu des hauts et des bas avec une 2e place au général (en 2012), de nombreuses blessures et désormais une constance à toute épreuve. Comment pouvez-vous l’expliquer?

L’expliquer, c’est impossible, mais il est vrai que les blessures ont changé passablement de choses au fil du temps. J’ai vraiment modifié ma façon d’aborder le ski et de skier. J’ai réduit l’entraînement tout en restant heureusement capable de rivaliser avec les meilleurs mondiaux. C’était vraiment important pour moi de trouver ce nouveau rythme pour pouvoir continuer sur le plus long terme. Sans ça, je ne serais plus en Coupe du monde depuis déjà 4 ou 5 ans. 

Sur la piste, vous avez encore parfois peur de vous blesser?

Peur, peut-être pas, mais j’ai du respect à chaque fois que je m’élance. On sait tous qu’il peut toujours se passer quelque chose, qu’un souci reste possible. En même temps, en course, on cherche toujours à gagner. Mais c’est aussi pour cette raison, pour ménager les risques, que je ne donne pas tout à chaque entraînement. 

Les prochains Jeux olympiques (en 2022) représentent-ils un objectif?

Non, je l’ai déjà souvent expliqué mais je ne continuerai jamais uniquement pour des Jeux olympiques. C’est clair dans ma tête. J’ai déjà perdu trop d’énergie à me focaliser là-dessus et j’en perdrais trop à dire que je continue jusque-là. Bien sûr, si je peux y aller, l’objectif sera d’y briller. Mais là, je ne dis pas que je vais encore continuer pendant deux ans. Désormais, je prends saison après saison et on verra bien. C’est bête à dire, mais même si je prends autant de plaisir à skier que lorsque j’avais 20 ans, tout ce qui va autour, tout ce que ça demande en terme de sollicitations, c’est fatiguant.

Vous avez désormais une famille, ça change aussi quelque chose pour vous?

Evidemment. Ma situation a changé au fil des années et aujourd’hui ce n’est plus si simple à gérer. Peut-être qu’à un moment donné, je vais simplement arrêter à la fin de la saison ou alors que je vais prendre le temps de réfléchir jusqu’à l’automne, comme l’a fait Marcel Hirscher. Honnêtement, je ne sais pas. Pour l’heure, je vais voir durant combien de temps je prends encore du plaisir et lorsque ce ne sera plus le cas, je dirai stop.

Actuellement, vous prenez du plaisir?

Oui, complètement, j’aime ce que je fais, j’aime skier. Tout ce qui vient autour des courses, c’est moins sûr… Je ne sais pas durant combien de temps je vais continuer à l’apprécier.

Après votre carrière, avez-vous déjà une idée de ce que vous allez faire?

On verra. Je n’ai pas de plan pour le moment. Il y a beaucoup de choses qui m’intéressent, mais je ne peux pas dire que je veux faire une activité en particulier.

Laurent Morel, Kvitfjell