Alors que le calendrier de la saison prochaine de ski alpin se fait toujours plus attendre, la FIS refuse toujours de donner trop d’indices concernant les sites voués à accueillir la Coupe du monde. Rencontré lors des finales en Andorre la semaine dernière, Michel Vion, secrétaire général de l’instance a tout de même accepté de s’expliquer et de faire le point sur l’avancée des travaux, sans toutefois observer nos prévisions.

Michel Vion, pourquoi la sortie du calendrier prend autant de temps?

C’est une bonne question! Il faut comprendre que le calendrier, c’est avant tout une question stratégique. Il ne s’agit pas simplement de répartir des courses entre les pays. Il se trouve que depuis quelque temps, on a l’intention d’optimiser la qualité de nos organisateurs. Environ 80 ou 85% d’entre eux vont rester les mêmes, à l’image de Wengen, Kitzbühel, Adelboden, Val Gardena et Val d’Isère, entre autres. Mais on doit ajuster au mieux les quelques places restantes selon les marchés, que ce soit au Japon ou en Amérique du Nord par exemple. Les négociations prennent un peu de temps, ce n’est jamais simple. On est sur les mêmes bases depuis 30 ou 40 ans et on veut faire un peu différemment sur les 15-20% de week-ends encore disponibles. Ce qui est sûr, c’est qu’on a 17 week-ends dans l’hiver et on a quasiment le double de demandes. Il faut trouver les bonnes solutions.

On parle aussi de finales sur deux week-ends.

Oui, on veut utiliser cette solution pour renforcer l’attractivité des courses, pour les valoriser. C’est dommage qu’un Globe de cristal se joue un mercredi matin à 9h…

Reste que la mise en place du nouveau calendrier prend beaucoup de temps…

C’est vrai, mais on doit aussi faire des compromis avec des organisateurs historiques. C’est la seule solution pour aller sur des marchés différents. Et on cherche à ne pas trop voyager, à ne pas trop prendre l’avion. En même temps, on a la Coupe du monde, pas la Coupe des pays alpins. Il y a pas mal de choses à mettre en place mais ça prend du temps. Mais rassurez-vous, à la fin, on va y arriver.

Envisagez-vous d’aller en Asie l’hiver prochain, et de profiter de l’absence de grand championnat en février?

C’est sûr que notre envie est d’aller en Asie, en Chine. Le Japon est aussi important. Mais pour l’instant, ni le Japon ni la Chine sont prêts et remplissent nos critères pour faire un événement de qualité. Je parle de retransmission télévisuelle, d’éclairage nocturne. Il faut faire des courses de nuit pour avoir de bons créneaux de diffusions en Europe. Pour la saison prochaine, il n’y aura donc pas d’Asie, même si, encore une fois il s’agit de pays importants pour nous.

Vous cherchez aussi à adapter vos formats…

On essaie de trouver les meilleurs produits. Il faut évidemment garder les produits traditionnels, mais sur des événements nocturnes en particulier on peut trouver d’autres formats, plus compacts. On imagine des manches plus courtes, disputer des courses en trois manches dont une manche de qualification, par exemple. Tout ça est en réflexion. Il y a une course sur invitation à Crans-Montana dans cet ordre d’idée. On veut reprendre ces concepts, qu’on va adapter. L’idée, c’est de pouvoir faire deux courses de même format (géant ou slalom) dans la même station, mais d’avoir des manières de procéder différentes. On pourrait imaginer un super slalom et un slalom normal, par exemple.

Vous cherchez toujours à augmenter l’attractivité de votre sport et à attirer un nouveau public?

Oui, on se doit d’être inventif de trouver les bons formats, les bonnes stations, au bon moment. Mon rôle est d’essayer d’être meilleur que les autres car on est concurrencés par d’autres sports d’hiver, le biathlon entre autres. Pendant l’hiver il y a 10 ans, on était les seuls à proposer des événements de haut niveau. Aujourd’hui, ça a changé.

Il faut également prendre en compte la problématique du changement climatique. Y a-t-il une réflexion sur la possibilité de retarder les saisons?

C’est plus qu’une réflexion. Cette année, par exemple, on va commencer une semaine plus tard à Sölden. Cela permettra de disputer les finales à Saalbach une semaine plus tard. Il n’est pas simple de trouver des stations d’altitude en décembre et début janvier. On construit un calendrier avec ces éléments.

Vous avez également reçu passablement de critiques sur le fait de mettre en place en calendrier avec deux allers-retours en Amérique du Nord pour les messieurs cet hiver. Comprenez-vous?

Bien sûr qu’on comprend les remarques. Il faut écouter les athlètes, ce qu’on fait. Ils sont de plus en plus concernés par l’environnement et on rédigé une lettre, même si celle-ci n’était pas forcément bien construite. Si on signe cette pétition, on évite de faire des allers-retours en jet privé entre l’Amérique du Nord et l’Europe… Mais on prend évidemment en compte les aspects climatiques. Ce n’est pas simple et c’est probablement normal mais je dirais même qu’il y a presque un “ski bashing”. Après, aller deux fois aux États-Unis, on peut éviter, imaginer d’autres formules. Mais il y a une explication car on est tiraillés avec l’idée de faire le meilleur produit au meilleur moment. Et on sait qu’aux États-Unis, la meilleure période pour organiser des courses est au mois de mars, alors que celle où on s’y trouve est en novembre. On cherche des solutions, on en a essayé une cette année. Après, effectivement, on comprend les critiques. On va essayer de corriger le tir au maximum.

Johan Tachet & Laurent Morel, de retour de Soldeu