Au fil de sa carrière, Marc Rochat n’a pas toujours vu la vie en rose. Mais il s’est toujours battu pour poursuivre sa progression. Et alors que les sorties de pistes fréquentes rythmaient ses courses ces dernières saisons, le Vaudois de 28 ans semble cet hiver avoir trouvé une vraie stabilité sur ses skis. Une vraie constance, une vraie régularité grâce à une prise de risques contrôlée sur laquelle il a énormément travaillé et qui devrait lui permettre de se rapprocher rapidement des meilleurs. Sauf que le skieur de Crans-Montana n’est pas verni par le sort.

Il s’élance en effet avec des dossards élevés. Et cette saison, c’est plus que jamais une vraie difficulté supplémentaires. Les pistes dans le calendrier remanié sont pour la plupart plus “faciles” qu’habituellement et surtout, la neige a fréquemment souffert au fil des passages. Pas de quoi décourager le sympathique athlète du SAS Lausanne, qui a toutefois pris un coup sur la tête ce week-end à Chamonix. Sur une piste difficile à skier en première manche, il a réussi l’exploit de se hisser aux 16e et 14e rangs. Une performance de choix qui s’est avérée contre-productive. En partant en milieu de classement sur les seconds tracés, il a souffert d’une piste passablement abîmée sans avoir une avance suffisante sur ceux qui ont eux bénéficié d’un terrain encore en parfait état et qui ont pu prendre le départ en début de manche, à l’image de Luca Aerni samedi et Sandro Simonet dimanche.

Sans surprise et malgré des prestations solides, Marc Rochat n’a pu faire mieux que 26e et 21e. Le Vaudois compte désormais quatre résultats d’affilée dans le top 30 et occupe la 30e place de la Coupe du monde de slalom. C’est solide, mais il en veux évidemment plus, car il se sait capable de rivaliser avec les meilleurs Suisses, comme il le prouve à l’entraînement. Interview, à l’issue de la seconde manche du slalom de dimanche.

Marc Rochat, les jours se suivent et se ressemblent pour vous, malheureusement. Comment le ressentez-vous?

Je suis dégoûté. Ça fait chier et je suis désolé pour mon français, mais ça m’emmerde de faire une première manche pareille et d’être pénalisé pour avoir bien skié sur le premier tracé alors que j’aurais été mieux si j’avais terminé entre la 25e et la 30e place. Après, d’autres ont fait mieux que moi. Je n’ai pas été assez bon et puis voilà. Mais c’est frustrant, oui.

Vous montrez vraiment que vous êtes capable de produire du beau ski, mais cela ne suffit pas en terme de résultats.

Lorsque ça devient avantageux de terminer 30e de la première manche, c’est un petit peu triste. Je suis vraiment content pour mes coéquipiers qui font de superbes remontées, mais moi ça me frustre car je sais que je suis capable d’être devant avec eux. Arriver en bas avec une 12e place affichée, ça me scie une côte. Ça m’emmerde.

La bonne nouvelle, c’est que vous progressez tout de même petit à petit dans le classement mondial et sur les listes de départ?

Oui, mais la saison est déjà bien avancée… Il ne reste plus qu’une course et les finales alors courir après ce top 30 toute l’année pour se retrouver là, à faire de super premières manches et tout perdre en deuxième, c’est lourd à casquer.

Vous pensiez encore pouvoir vous qualifier pour les Championnats du monde?

Je n’y pensais pas trop, mais des chances, il y en a toujours, on le voit avec Sandro (ndlr: Simonet, 3e dimanche). Tout se joue toujours jusqu’à la dernière des courses mais certains étaient meilleurs.

Quel est votre programme désormais?

Sincèrement, je n’en ai absolument aucune idée. Ça change constamment. Là, je veux juste rentrer à la maison, me poser sur mon canapé et boire quatre ou cinq bières ce soir. Après, on verra.

Laurent Morel, Chamonix