Sous le soleil qui inondait les Préalpes en ce début de mois de juillet, une longue cordée se déplaçait sur le Glacier 3000 au-dessus des Diablerets. Devant, Mike Horn donnant le rythme. Derrière le célèbre aventurier, une trentaine d’Indiens. Ces derniers n’étaient pas venus sur les hauteurs vaudoises pour faire du tourisme et admirer le paysage idyllique. Ils étaient en camp de préparation intensif afin de se préparer pour les Jeux olympiques. “Les journées étaient très longues. Mais franchement, c’était le meilleur moment de notre préparation”, sourit Harmanpreet Singh, capitaine de la sélection indienne rencontré durant le tournoi olympique.
Le résident du Pays-d’Enhaut avait réservé à ses hôtes un programme aussi sportif qu’extrême durant trois jours. Hormis l’escalade du Glacier 3000, le petit groupe a roulé de Saanen à Rougemont, emprunté la via ferrata de Rougemont, avant de clôturer le camp avec une descente en rappel d’une cascade. “Le but principal du camp était de préparer mentalement et physiquement l’équipe aux rigueurs des compétitions internationales”, nous explique Mike Horn, qui avait déjà travaillé par le passé avec l’équipe de cricket indienne, ainsi qu’avec la Mannschaft allemande avant son titre à la Coupe du monde de football en 2014. “Il s’agissait également de renforcer l’esprit d’équipe et la cohésion entre les joueurs en les confrontant à de nouveaux défis.” Ici, chaque partie du camp avait un but précis, à savoir, “travailler le courage, l’entraide, la communication et la résilience”.
L’équipe au sommet du Glacier 3000. (DR)
De la raclette et une nuit dans la paille
“Ce sont les trois jours les plus durs de notre vie. Je n’avais jamais expérimenté quelque chose de tel. Personne ne l’avait vécu d’ailleurs dans notre équipe”, souligne Harmanpreet Singh, suivi dans son raisonnement par son gardien Sreejesh Parattu Raveendran. “Le but de ce camp était de sortir de notre zone de confort, de se retrouver dans des situations difficiles dans lesquelles nous n’avions aucune expérience et d’apprendre à les gérer.” Pour le portier de la Bharat Army, la montée du Glacier 3000 a été l’épreuve la plus éprouvante pour une délégation qui découvrait l’or blanc. “On s’est retrouvé dans la neige, dans des parties extrêmement pentues. Quand tu arrives au sommet, tu penses enfin avoir réussi, mais il y a tout le chemin inverse à parcourir.” Derrière l’épreuve mise en place par Mike Horn au-dessus du col du Pillon se cachait évidemment un message. “L’objectif était d’apprendre que le prochain voyage était tout aussi important que celui que l’on venait de réaliser. Il ne faut pas se croire arrivé à destination alors que l’on a parcouru que la moitié du chemin”, philosophe le gardien Sreejesh Parattu Raveendran, idole de tout un pays qui compte près d’un milliard et demi d’habitants.
Durant ces trois jours de stage, un moment de répit: une nuit à l’alpage, où l’équipe a pu goûter un repas typiquement suisse. “On nous sert des patates et du fromage. On pensait que c’était l’entrée et que la viande allait arriver. Et non, ils nous disent que c’est le repas du soir”, se marre Sreejesh Parattu Raveendran en se remémorant cette soirée raclette chez “Pipo”, un ami de Mike Horn. “C’était une superbe expérience de goûter ces produits frais confectionnés par le fromager. On a apprécié, même si notre traditionnel paneer est meilleur.” Après des meringues et de la crème double de Gruyère, toute la troupe a ensuite dormi sur du foin, sans sac de couchage, ni matelas, par 15 degrés, bien loin du climat majoritairement tropical qui règne sur l’Inde.
La traditionnelle raclette. (DR)
“Cette expérience nous a unis”
Toutes ces expériences ont ainsi permis de souder les liens dans le groupe. “Ce séjour nous a aidés, unis. J’ai le sentiment que nous sommes revenus plus forts, connectés”, reprend le capitaine Harmanpreet Singh qui a apprécié être coaché par le célèbre aventurier. “Leur détermination et leur soif d’apprendre étaient incroyables à voir”, savoure Mike Horn, heureux d’avoir contribué à la préparation de l’équipe pour les Jeux.. “Ils ont accueilli chaque conseil et technique avec un enthousiasme contagieux. C’était vraiment inspirant de les voir s’engager autant et se dépasser chaque jour.”
Cela s’est traduit durant le tournoi parisien. L’équipe aux 12 médailles olympiques dans la discipline a brillamment passé le cap de la phase de groupes, malgré une défaite, avant de remporter son quart de finale contre la Grande-Bretagne aux tirs au but après avoir évolué pratiquement toute la rencontre avec un joueur de moins sur le terrain. “Tous les scénarios vécus en Suisse, nous permettent ainsi de surmonter chaque épreuve vécue à Paris”, poursuit le gardien indien, héros du quart de finale avec un double arrêt décisif.
En quête de bronze
Hélas, la première médaille d’or du hockey indien depuis 1980 devra encore attendre, puisque la formation a subi la loi mardi de l’Allemagne en demi-finale (2-3). Reste que dans un pays dont le hockey est le deuxième sport le plus populaire après, évidemment, le cricket, l’objectif est de remporter le bronze ce jeudi après-midi contre l’Espagne. “Un jour, on perd, mais toutes les situations nous ont appris à nous relever”, conclut Sreejesh Parattu Raveendran qui entend bien entrer davantage dans l’histoire sportive de son pays.
Sur la via Ferrata de Rougemont. (DR)
Mike Horn (ambassadeur des Jeux): “les Jeux Olympiques m’ont toujours fasciné et inspiré”
“Mon lien avec les Jeux Olympiques a commencé il y a plus d’un an, lorsque j’ai rencontré le comité d’organisation de Paris 2024 lors d’un événement. À cette occasion, j’ai pu échanger avec Tony Estanguet et son incroyable équipe, ce qui m’a conduit à devenir ambassadeur pour les Jeux. Dans ce cadre, j’ai entre autres eu l’honneur d’être invité à la cérémonie d’ouverture, une expérience à la fois émouvante et inspirante. J’ai également eu la chance de participer au relais de la flamme à Chamonix, un moment inoubliable et très fort en émotions pour moi.
Enfant, les Jeux Olympiques m’ont toujours fasciné et inspiré, même à une époque où l’Afrique du Sud était boycottée et ne pouvait pas y participer. Cela n’a fait que renforcer mon amour pour le sport, un amour qui perdure encore aujourd’hui. Comme Mandela l’a si bien dit: “Le sport a le pouvoir de changer le monde”. J’y crois profondément et je continuerai à m’efforcer de transmettre ce message à travers mes aventures.”
Johan Tachet, Colombes