Athlète à Sotchi en 2014, présidente du Comité d’organisation des Jeux olympiques de la Jeunesse à Lausanne en 2020, Viriginie Faivre est enfin passée de l’autre côté de la barrière à Paris. C’est la première fois que l’ancienne spécialiste de ski halfpipe profite pleinement des Jeux en tant que spectatrice. Mais il ne faut pas s’y méprendre, la Vaudoise de 41 ans, qui vient d’achever son Bachelor en psychologie, entend rapidement replonger dans le bain olympique. Interview.

Virginie Faivre, on imagine que ça doit être sympa de se retrouver pour une fois en tant que spectatrice aux Jeux de Paris?

Effectivement, je suis là en tant que simple touriste. Je prends beaucoup de plaisir à suivre les compétitions. On sait comment cela se passe derrière, on sait la pression qu’il faut pour livrer un tel événement. Mais je garde toujours un œil sur comment cela passe chez les athlètes, ce qui est normal lorsqu’on a participé une une fois, mais aussi chez le COJO (Comité d’organisation des Jeux olympiques), en étant attentive aux petits détails, aux bénévoles. Et c’est intéressant.

Quel rôle préférez-vous? Athlète, présidente de Comité d’organisation ou touriste?

Les trois sont totalement différents. Athlète, c’est magique, c’est ce que j’ai fait en premier. Le Comité d’organisation, c’était une superbe aventure, mais je n’ai pas pu vraiment profiter des Jeux. En tant qu’athlète non plus, car on est concentré sur ses compétitions. Là, je profite. J’ai aussi travaillé aussi pour la RTS aux Jeux de PyeongChang en 2018. Mais là aussi, j’avais peu de temps avec un programme chargé, entre la préparation, les commentaires. J’aime beaucoup ce rôle de spectatrice, mais ça donne envie d’y retourner d’une manière ou d’une autre forcément. Je suis un peu trop les mains dans les poches (rires).

Quel est votre avis sur ces Jeux de Paris jusqu’ici?

C’est magique et incroyable de se promener dans cette ville où chaque fois qu’on lève les yeux, il y a des monuments historiques. Il y a une superbe ambiance et des sites de compétitions incroyables au cœur de la ville. Des gens accueillants. C’est l’esprit des Jeux. Et rien que d’en parler, cela me donne des frissons. Et ça me rappelle aussi ce que l’on avait réussi à faire à Lausanne. C’est beau de voir les gens qui ont les yeux qui brillent, qui échangent. Le sport procure beaucoup d’émotions.

Si on excepte les JOJ de Gangwon l’hiver dernier, Paris 2024 représentent les premiers véritables Jeux, populaires, depuis Lausanne 2020 et le Covid.

On les attendait avec impatience ces Jeux. D’ailleurs, on avait une collaboration avec Paris 2024. Nous étions venus avant les JOJ de Lausanne 2020. Ici, c’est à côté de la maison, c’était très attendu. En discutant avec les équipes du CIO, on a des insights. Et je n’avais aucun doute que ces Jeux allaient être un grand succès, raison pour laquelle j’étais impatiente de venir, d’autant plus que ce sont mes premiers Jeux d’été.

On peut imaginer que vous soyez impliquée dans l’organisation de prochains Jeux olympiques?

Rien de prévu pour le moment avec Milan et Cortina en 2026. Pourquoi pas avec les Alpes françaises en 2030. Et ensuite en Suisse en 2038. Toute l’équipe de candidature était présente à Paris avec Urs Lehmann. Ils suivent le programme en tant qu’observateurs, comme on l’a fait par le passé. C’est extrêmement important pour voir comment cela déroule et engranger de l’expérience pour ensuite, on l’espère, ramener les Jeux en Suisse.

Et attendant, vous ne semblez pas chômer pour autant.

Je suis toujours impliquée dans la gouvernance du sport international. J’ai différents mandats au sein de conseils de fondation, je suis impliquée avec l’aide sportive suisse, avec Lausanne, capitale olympique, la FIS, et à côté de cela, j’ai repris les études. C’est un projet que j’avais mis en route avant que l’on m’appelle pour reprendre la présidence des JOJ. J’ai bouclé la boucle en terminant mon Bachelor en psychologie il y a une semaine.

Avec dans l’idée de travailler dans la psychologie du sport?

J’ai encore un petit bout de chemin, mais forcément la psychologie du sport est quelque chose qui me parle. Mais également la neuropsychologie où on peut parler de développement de la performance au niveau cognitif et pousser le soutien des athlètes. Et cela m’intéresse énormément. Il y a également tout un pendant lié aux commotions cérébrales dans le sport et là il y a encore beaucoup de choses à faire, dans les sports de glisse notamment pour les jeunes.

Dix ans après votre participation aux Jeux de Sotchi (ndlr: 4e en ski halfpipe), quel souvenir gardez-vous, sachant que vous êtes l’une des athlètes qui s’est battue pour intégrer votre discipline au programme des Jeux?

A chaque compétition, j’ai une petite pensée pour les quatrièmes. C’est une petite piqûre de rappel avec ma 4e place aigre-douce. On est passé au-dessus, même si je suis restée au pied du podium. Cela aurait été génial de ramener une médaille à la maison, mais je n’aurais pas pu faire mieux ce jour-là, sachant que je revenais aussi de blessure. Mais l’expérience était incroyable, j’ai eu beaucoup de plaisir.

Johan Tachet, Paris