À 22 ans, Loïc Chable a décidé de franchir le pas, de franchir l’Atlantique. Le skieur de Villars étudie en effet l’économie depuis l’été dernier au sein du Westminster College de Salt Lake City, en Utah. Et en parallèle, il skie, évidemment. Un tournant dans une carrière qui ne s’envolait pas comme il le souhaitait en Europe. Alors, lui a souhaité s’envoler pour les États-Unis. Et il est récompensé par une sélection aux Universiades qui ont démarré jeudi à Lake Placid, où il compte bien jouer les premiers rôles.

“Je suis impatient, avoue Loïc Chable, qui partage ses premières impressions depuis la station de l’État de New York. Ces Universiades, c’est vraiment impressionnant. Ça fait penser à des Jeux olympiques, des accréditations aux repas, en passant par le village et la sécurité ultra renforcée. Tout est mis en place pour les athlètes.” Le Vaudois a participé jeudi soir à la cérémonie d’ouverture, dans la patinoire qui avait déjà accueilli les Jeux olympiques en 1980. Et son souhait de prendre part à l’événement ne date pas d’hier. En effet, il comptait déjà s’aligner lors de la dernière édition des Universiades à Lucerne, mais celles-ci ont été repoussées, puis annulées en raison de la pandémie de Covid-19.

Les médailles en point de mire

“C’est le point culminant de ma saison, relève le frère de l’ancienne skieuse Charlotte Chable. L’objectif est de repartir avec une médaille au moins. C’est quelque chose d’envisageable. Il pourrait y avoir de gros points à la clé.” Loïc Chable prendra part au super-G ce jeudi sans grandes attentes puisqu’il n’a qu’un jour d’entraînement dans la discipline “mais on ne sait jamais, sur un bon jour”. Il espère en revanche briller lors du combiné, qui sera son “premier vrai test”, avant le géant et le slalom, ses deux disciplines phares. “Je suis content de mon début de saison, souligne le Villardou, qui est entré à cinq reprises dans le top 10 en Coupe Nor-Am (l’équivalent de la Coupe d’Europe) depuis le début de l’hiver. Je propose un ski solide malgré des petites fautes. Je suis confiant et je pense que de gros résultats vont tomber.”

Exilé aux États-Unis, Loïc Chable ne regrette pas son choix. “J’avais cette idée depuis deux ou trois ans, détaille-t-il. L’année passée, ma première parmi les cadres de Swiss-Ski, je suis resté en Suisse. Mais ma saison n’était pas aussi bonne que la précédente. Je n’avais pas l’impression d’avoir fait un vrai pas en avant, ni pour mon ski, ni pour mon plaisir.” La solution s’est alors imposée comme une évidence, avec la possibilité d’obtenir une bourse qui couvre une partie des quelque 50’000 francs annuels que coûtent les études. En choisissant de mettre le cap sur le pays de l’Oncle Sam, le Vaudois a imité son pote Tanguy Nef, qui est lui passé par le Dartmouth College. “J’ai beaucoup parlé avec lui avant de prendre ma décision. Il m’a beaucoup motivé.”

Moins de stress, plus de plaisir, des meilleurs résultats

Résultat: deux ans minimum en Utah. “C’est une expérience incroyable et je ne regrette absolument d’être parti, poursuit Loïc Chable. C’est fou de découvrir autant de choses en tant que petit Suisse. On se fait un réseau énorme et des portes vont s’ouvrir pour la suite, c’est certain.” Au sein de l’équipe de ski alpin de son université, le Vaudois côtoie des Américains, mais aussi des Suédois, Norvégiens, Finlandais, Français, Italiens et Autrichiens. Le système américain séduit de plus en plus, mais peu les Suisses. Seul le Grison Gianluca Böhm (Montana State) suit actuellement la même voie que Loïc Chable.

“Je reste convaincu que c’est vraiment un excellent apprentissage, insiste pourtant le skieur de 22 ans. Chaque semaine, je découvre une nouvelle station, ça change des pistes et de la neige que je connais. Ça me permet de travailler ma technique. J’apprends aussi à être plus patient. Il faut dire qu’ici, la culture est complètement différente. C’est largement moins stressant. On skie beaucoup plus pour le plaisir, pour le fun, et moins pour les résultats qu’en Europe. L’état d’esprit me convient mieux.”

Après avoir croisé les Marco Odermatt et Cie à l’entraînement à Copper Mountain, Loïc Chable a ensuite transité par Aspen, Park City avant de retrouver sa soeur, désormais employée par la FIS, lors du passage de la Coupe du monde à Beaver Creek. Il a encore skié à Steamboat ou à Burke Mountain et se déplacera plus tard en Alaska et dans plusieurs stations canadiennes. “C’est vraiment excitant et je ne regrette pas du tout. L’expérience vaut vraiment le coup.”

Laurent Morel