Le “Hulapalu” d’Andreas Gabalier, célèbre hit de Schlager, a une nouvelle fois fait vibrer les prairies d’Adelboden. Au sommet de son art et comme il y a un an, Marco Odermatt a encore eu droit aux “Odi, Odi, Odi, Odi, Eh!” qui caractérise ses plus grands exploits sur la Chuenisbärgli. “C’était probablement l’une des courses les plus folles que j’ai vécue”, s’est-il exclamé. Vainqueur des deux manches avec brio sur une piste qui a finalement parfaitement résisté, le Nidwaldien n’a encore laissé que des miettes à ses adversaires et se rapproche encore un petit peu plus des records qu’il s’apprête à battre les uns après les autres.

Loïc Meillard comme Paul Accola

Sauf que cette fois, “Odi” n’était pas l’unique représentant helvétique à faire vibrer les tribunes garnies de plusieurs dizaines de milliers de fans au bonheur et à la liberté retrouvés. En très grande forme, Loïc Meillard a lui aussi eu droit aux cris de la foule de l’Oberland bernois. Au son des “Allez Leukr”, le Valaisan s’est offert une journée de rêve et monte sur son troisième podium de l’hiver, après ses troisièmes places en slalom à Val d’Isère et en super-G à Bormio. Il faut remonter aux exploits de Paul Accola en 1991-1992 pour retrouver un Suisse réussir à grimper sur la boîte dans ces trois disciplines.

Rarement Loïc Meillard, qui avait déjà pris la troisième place il y a deux ans sur la piste bernoise, n’avait autant laissé éclaté sa joie dans l’aire d’arrivée d’une course. “Pour chaque géantiste, c’est un rêve d’être sur le podium ici, rappelle-t-il. On doit profiter de ces moments. C’était vraiment une journée extraordinaire et il était difficile de faire mieux.” Pour fêter son podium qui a un petit goût de victoire, le skieur d’Hérémence va probablement s’offrir un verre de vin durant le repas, mais sans excès. En effet, demain se disputera le slalom sur la Chuenisbärgli. Et là encore, il fera partie des favoris…

Henrik Kristoffersen: “Personne ne peut battre Marco Odermatt”

Marco Odermatt, lui, va pouvoir se reposer quelque peu puisqu’il ne reprendra qu’à Wengen dans quelques jours. “J’espère pouvoir profiter un petit peu, oui, sourit-il. Une course à la maison comme celle-ci, avec une ambiance aussi folle, c’est toujours spécial.” Et ce genre de journée lui permet de renforcer encore un petit peu plus la confiance inébranlable qui l’habite déjà. “C’est un challenge de rester au sommet mais en ce moment, tout va dans le bon sens, se réjouit-il. Je travaille bien avec mon équipe et tout se passe bien aussi au niveau des réglages matériel. Je peux skier à la limite comme c’était le cas en deuxième manche aujourd’hui.”

Une deuxième manche qui n’a pas manqué de faire réagir Henrik Kristoffersen, lui aussi auteur d’une performance de très haut vol. “J’étais surpris de voir comment elle était tracée, s’est étonné le Norvégien, qui a mis en doute les choix de l’entraîneur autrichien Martin Kroisleitner en charge de cette tâche. Tout le monde sait que si le parcours est tracé direct, Marco est imbattable alors que c’est plus serré lorsque c’est plus tournant. Toutes les autres nations que la Suisse doivent en tenir compte.”

Sans ces choix stratégiques, le récent vainqueur du slalom de Garmisch-Partenkirchen craint de n’avoir tout simplement aucune chance. “Personne ne peut battre Marco Odermatt lorsqu’il est dans cette état de forme. Même Marcel Hirscher n’y serait certainement pas parvenu. J’essaie toujours d’y croire lorsque je suis au départ, mais c’est impossible.” Oui, “Odi” est bien sur une autre planète.

Johan Tachet & Laurent Morel, Adelboden