Justin Murisier a tenu son premier pari de la saison: être au départ des épreuves de Lake Louise après avoir dû déclarer forfait pour le géant de Sölden à la suite d’une hernie discale qui lui avait ôté toute force dans le mollet gauche. Petit à petit les sensations reviennent. “Si je suis ici, c’est que j’ai l’impression que je peux skier au moins à un bon niveau”, glisse le Valaisan qui s’est entraîné la semaine dernière à Copper Mountain (USA). “J’ai pu me comparer aux autre. Ce n’était pas encore du grand niveau, mais ça vaut la peine de faire le déplacement ici au Canada.”

Dans le Rocheuses, le skieur de Verbier sera au départ des deux super-G au programme et cherchera à obtenir une place parmi la dix skieurs suisses qui seront alignée pour la descente de vendredi, jeudi lors du dernier entraînement. Ils sont encore six à pouvoir prétendre à trois derniers tickets helvétiques disponibles.

Justin Murisier, avez-vous retrouvé toute votre force dans votre mollet gauche?

Ce n’est pas uniquement mon mollet, mais aussi mon ischio et mon fessier qui ont été touchés par cette hernie discale. Aujourd’hui, je pense avoir récupéré 60% de force à mon mollet et 90% sur le fessier et l’ischio. Je suis sur la bonne route pour retrouver toutes mes capacités.

Êtes-vous content de votre processus de guérison?

Oui, je suis très content. Car après l’opération, les médecins m’ont dit que cela pouvait revenir dans les dix jours, le mois qui suit, ou alors ça pouvait prendre 3 mois à un an. Pour le moment, j’en suis à sept semaines. J’ai beaucoup récupéré et je suis donc positif.

Quand serez-vous à nouveau à 100%?

Quand mon corps aura décidé. C’est sur la bonne voie selon mon impression et j’espère être à 100% pour le géant d’Alta Badia mi-décembre.

Du coup, que peut-on attendre de Justin Murisier lors des épreuves de vitesse à Lake Louise et à Beaver Creek?

A tout. Déjà, je dois me qualifier pour les descentes. Pour le super-G, j’aurai la chance d’avoir de bons dossards (ndlr: il s’élancera dans le top 20). On a remarqué que sur des pistes un peu moins marquées, à l’entraînement ou quand je peux partir devant, j’ai beaucoup moins de souci. J’ai pas besoin d’employer toute ma force sur toutes les portes, car ça tape moins. Tu arrives moins dans des situations hasardeuses. Et du coup, en super-G, je peux peut-être tirer mon épingle du jeu. Un top 15 serait envisageable.

En vitesse, la force est primordial dans les virages compte tenu de la pression qui est exercée. Votre blessure crée-t-elle alors un déséquilibre dans vos mouvements?

Je sens encore dans certaines sections que ma jambe tape dans la chaussure de ski et ce n’est pas un sentiment agréable. Parfois, on oublie que le ski alpin reste un sport d’élite. On s’entraîne physiquement tout l’été pour être à 100%. Je peux parvenir à skier avec une jambe qui n’est pas à 100%, mais de là à me battre tout devant, c’est très difficile. Il faut rester réaliste. Mais si je vais au départ, c’est pour essayer de faire des points et de me remettre dans le rythme, et non pas pour jouer un podium.

Comment vous êtes-vous senti lors du premier entraînement mardi?

Pas réellement bien (ndlr: 59e à 2”64 du Canadien James Crawford). La visibilité était délicate. C’était la première fois que je skiais dans le brouillard et avec une confiance amoindrie par rapport à ma blessure. En plus, la piste n’était pas terminée et il était très difficile de s’adapter à un revêtement qui changeait. Mais les autres non plus, c’est donc un bon signe.

Quel sentiment vous animait après avoir manqué le géant d’ouverture de Sölden?

J’avais un goût d’amertume, car j’étais vraiment prêt. En géant, j’avais trouvé quelque chose qui marchait pas mal pour le début de saison et là j’ai l’impression de courir après ma forme. C’est dommage car on sait qu’une saison passe très vite et j’espère être de retour en forme rapidement, pour jouer tout devant. Faire des top 15 ou des top 10 c’est cool, mais là j’ai vraiment la capacité, en super-G en tout cas, voire en géant, de jouer tout devant.

Johan Tachet, Lake Louise