Killian Peier a repris son envol. Après une année d’absence, l’aigle de la Vallée de Joux est prêt à planer à nouveau sur les tremplins de Coupe du monde. Treize mois après avoir été victime d’une déchirure du ligament croisé antérieur du genou droit lors des Championnats de Suisse, le Vaudois va fêter son retour ce week-end lors de la première épreuve de la saison à Nizhny Tagil, en Russie

Cette vilaine blessure est déjà un lointain souvenir pour le médaillé de bronze des Championnats du monde 2019. “Le genou va bien, je n’ai plus de douleurs depuis un certain moment”, assure Killian Peier à quelques heures d’embarquer dans le charter affrété par la FIS pour rejoindre le coeur de la Sibérie. Le sauteur de 26 ans a cravaché ces derniers mois pour retrouver sa forme et ses sensations. Depuis l’été, il peut s’entraîner à 100% physiquement, “et depuis octobre, je peux sauter comme lors des années précédentes”. “La technique est correcte, les sauts sont stables”, de quoi rassurer le Vaudois avant son comeback en compétition. “Même s’il reste du travail techniquement, j’ai l’impression qu’à l’entraînement j’ai retrouvé avec mon niveau d’avant.”

Un travail mental de plusieurs mois pour trouver le déclic

Pour retrouver ses sensations après une blessure en saut à ski, encore plus que dans d’autres disciplines, un long processus mental est indispensable. Un travail amorcé ce printemps et poursuivi cet été lorsqu’il est revenu mi-août sur les tremplins d’Einsiedeln (SZ), là où il s’était blessé quelques mois plus tôt. “Il y avait une appréhension. Je sentais qu’il y avait un blocage dans la tête encore.” Pour se laisser le temps, Killian Peier a volontairement renoncé à participer au Grand Prix d’été, ainsi qu’aux Championnats de Suisse en octobre. “Cela arrivait trop tôt. Dans ma planification, il était clair que je ne participerais à aucun concours sans être prêt à 100% physiquement et mentalement, et mon objectif visait la première étape de Coupe du monde.”

Le déclic, Killian Peier avoue l’avoir ressenti la semaine dernière, sur ces fameux sautoirs d’Einsiedeln à côté desquels il habite. “J’ai commencé sur le petit tremplin, le K70, et je me suis immédiatement senti bien. Sans forcer, naturellement, je me sentais prêt à aller sur le grand tremplin et réaliser de bons sauts.”

Entre excitation et impatience avec les Jeux olympiques en ligne de mire

Si le Combier a retrouvé ses sensations à l’entraînement, il n’entend pas mettre la charrue avant les boeufs, ou plutôt de poser le télémark avant d’atterrir pour cette nouvelle saison. En d’autres termes, il ne se fixe pas d’objectifs chiffrés. “Je n’ai pas encore sauté en conditions de concours, relève-t-il. Il existe une part d’inconnu après une année d’absence sur le circuit.”

Un sentiment d’impatience se mêle toutefois à l’excitation. “J’ai hâte que ça commence, même si je suis content d’avoir pu bénéficier de temps pour peaufiner mes dernier réglages ces dernières semaines. Le timing est parfait.” Killian Peier entame cet hiver olympique avec la perspective et la volonté de voler jusqu’à Pékin. “Je me réjouis de cette saison, mais je ne pense pas encore à la Tournée des Quatre Tremplins ou aux Jeux, même s’ils ont été mon moteur pour travailler et exécuter les tâches difficiles ces derniers mois.”

Mais aujourd’hui, “tous les voyants sont au vert”, et Killian Peier est donc prêt à déployer ses ailes et ses skis.


Simon Ammann de la partie en Russie

Le retour de Killian Peier n’est pas l’unique bonne nouvelle au sein de l’équipe de Suisse de saut ce week-end à Nizhny Tagil. Simon Ammann, touché à la cheville au mois d’août, sera bien présent en Russie. Le Saint-Gallois de 40 ans a recommencé à sauter il y a deux semaines lors d’un camp d’entraînement à Zakopane en Pologne. Le quaduple champion olympique s’engage dans l’inconnu pour ce qui sera sa 24e saison sur le front de la Coupe du monde, avec peu de sauts à son actif. Dominik Peter, victime d’une blessure au ménisque ce printemps, est également remis pour ce début d’hiver. Le quatrième sauteur helvète en Sibérie sera Gregor Deschwanden. Le Lucernois tentera de poursuivre sur sa lancée de l’hiver dernier, lors duquel il avait réalisé la meilleure saison de sa carrière. Le sauteur de Horw s’était également illustré cet été en grimpant sur le podium du Grand Prix d’été de Courchevel.

Johan Tachet