Justin Murisier le descendeur. Après avoir connu le Bagnard slalomeur puis géantiste, il faut se rendre à l’évidence. Aujourd’hui, le cousin de William Besse est bien un spécialiste de vitesse. Il l’a prouvé une nouvelle fois en s’imposant ce mercredi lors d’une descente raccourcie aux Championnats de Suisse de Verbier. S’il a su profite de s’élancer avant les plusieurs interruptions, le 7e de la descente de Bormio en décembre a découpé la piste des Attelas, chez lui, pour remporter un 8e titre national, le premier dans la discipline. De quoi quitter “ses” Championnats de Suisse avec le sourire. Entretien.

Justin Murisier, vous êtes désormais champion de Suisse en descente. Un bon moyen de prouver que vous êtes au top dans la discipline…

Il ne me manque que le titre en slalom (sourire). Mais c’est vrai que je ne m’attendais pas forcément à l’emporter aujourd’hui car c’est une piste plutôt typée pour les glisseurs. C’est cool, car j’ai bien glissé, mais j’ai eu un petit avantage avec mon numéro de dossard (ndlr: le 2). Voilà, ça arrive dans le ski.

Reste que vous repoussez plusieurs grand noms de la discipline assez loin, à l’image de Niels Hintermann (8e à 1″89).

C’est positif. Je sais que je dois beaucoup travailler sur la glisse mais je prouve que je suis capable d’aller vite. Il faut désormais que je puisse le faire sur toutes les sortes de neige, dans toutes les sortes de tracés. C’est ce que je vais travailler cet été.

Est-il possible de faire plus beau que de s’imposer à la maison?

Non, franchement c’est juste trop bien. Les organisateurs viennent de la région, ils représentent mon ski club. Et pour eux, c’est fantastique. C’est vrai qu’on aurait difficilement pu rêver mieux que de voir Marco (Odermatt, en géant) et moi gagner.

Et pourtant, les conditions météo sont compliquées. Comment êtes-vous malgré tout parvenu à tirer votre épingle du jeu?

C’est vrai que tout a bien fonctionné ici. Normalement, dans ces conditions, avec les blessures que j’ai subies au cours de ma carrière, j’ai un petit peu d’appréhension. Mais en vitesse, plus qu’en géant, j’ose plus. Et aujourd’hui, même si je ne voyais pas où j’allais, j’ai su aller vite. Je n’étais pas sur la retenue.

Votre saison a été perturbée par une blessure l’automne dernier (lire ici). Comment prévoyez-vous désormais de vous préparer pour l’hiver prochain?

Le but c’est surtout de faire de la rééducation, de retrouver de la force dans mon “ischio” et dans mon mollet. Je veux revenir à 100% physiquement. Après, faire plus de vitesse sera l’objectif cet été mais en gardant le géant. Il ne faut pas oublier que tous les mecs qui sont devant en vitesse sont aussi des géantistes. Je ne dois pas perdre mon avantage dans les parties techniques. Mais je dois m’améliorer sur la glisse et sur le départ en vitesse, c’est clair.

Et par rapport à votre corps, vous êtes optimistes?

Oui, clairement. Ce qui est bien, c’est que j’ai vu en faisant une pause de quelques jours après les finales, que mes douleurs se calment. C’est vraiment bon signe. Lors de la saison, je n’ai jamais vraiment pu faire redescendre l’inflammation mais là, je vois que je peux retrouver mes pleines capacités.

Connaissez-vous déjà votre programme?

Non, ce n’est pas du tout clair. Je pense qu’on va aller en Amérique du Sud car avec le peu de précipitations cette année, il sera compliqué de skier sur les glaciers. Mais on n’a aucune idée de s’il s’agira du Chili ou de l’Argentine.

Laurent Morel, Verbier