Après sa victoire vendredi lors de la descente de Beaver Creek, Justin Murisier a mis un petit moment à redescendre de son nuage. Dans l’euphorie de son premier succès en Coupe du monde, Justin Murisier a franchi un cap décisif dans la station du Colorado à 32 ans. Ce triomphe, obtenu sur la légendaire Birds of Prey, propulse le skieur valaisan parmi l’élite de la vitesse. Retour sur un week-end fort en émotions, malgré une non-qualification pour la seconde manche en géant.

Justin Murisier, avec le recul, comment avez-vous appréciez votre première victoire sur le circuit?

C’est absolument incroyable. Avec un peu de recul, cela devient encore plus fort. On a le temps de se poser et de repenser à tout ce qui s’est passé: les moments difficiles, les efforts incessants, toutes les tentatives pour arriver à ce niveau. Ce qui compte, c’est de ne jamais avoir cessé de croire en moi. C’est une expérience complètement folle.

Ce succès est également un clin d’œil à votre famille, puisque votre cousin William Besse a remporté la dernière de ses quatre victoires, à Vail, à deux pas de Beaver Creek, il y a trente ans.

Woah! Je l’ignorais. Je savais qu’il avait remporté Wengen, mais pas ici. C’est incroyable de faire ce lien. Wills (ndlr: le surnom de William Besse) m’a toujours soutenu, d’une manière ou d’une autre il a toujours essayé de m’aider. Je pense qu’il y a quelque chose qui coule dans les veines de notre famille. C’est dans notre ADN.

On vous a quitté dans l’aire d’arrivée, tout sourire, bras dessus, bras dessous avec Marco Odermatt, votre ami avec qui vous avez partagé le podium. Comment s’est déroulée la suite de la journée?

Il n’y a rien eu de très spécial. Tout a pris du temps, notamment avec le contrôle antidopage. Nous sommes rentrés à la maison vers 15 heures. Ensuite, j’ai juste essayé de récupérer. J’ai fait un peu de vélo avec Marco et nous avons longuement débriefé sur la course. Rien d’extraordinaire, mais cela fait du bien.

On imagine que vous avez dû recevoir un nombre incalculable de messages?

C’est le cas. Vraiment énormément. Ce qui m’a touché, c’est de voir que beaucoup que beaucoup de personnes, qu’ils m’apprécient ou non, ont reconnu la persévérance derrière cette victoire. C’est une histoire qui parle aux gens de voir un gars qui croche et qui finit par y arriver.

Après ce succès, vous avez terminé 17e du super-G. Un résultat en deçà de vos attentes. Ça a été difficile de se remettre dedans?

Extrêmement difficile. La reconnaissance s’est bien passée, mais ensuite c’était compliqué de retrouver le bon état d’esprit. Toutes ces émotions après une victoire, il faut apprendre à les gérer. Et pour moi, c’est également un apprentissage. J’ai sans doute trop savouré et pas assez maîtrisé. Je n’étais pas pleinement dedans.

Le déroulement de la course, avec de multiples abandons, n’a pas aidé non plus?

Effectivement. Les interruptions répétées et les sorties de piste n’ont pas facilité les choses. J’étais un peu tendu au départ. J’ai opté pour une approche propre, sans vouloir risquer ma vie. J’ai commis des petites erreurs qui coûtent cher, mais malgré tout, je ne suis pas loin du top 7. C’est dommage, mais cela reste un bon week-end.

Et finalement, un géant qui ne vous a pas du tout souri avec une non qualification (32e) pour la seconde manche?

C’était très difficile, avec un géant très tournant et peu de vitesse. J’ai toujours à l’envers. Après une semaine de vitesse à cette altitude (ndlr: l’aire d’arrivée est à 2720 mètres), j’étais certainement sec. Et sur un tel géant, cela se ressent. Même si je suis déçu sur le coup, ce week-end restera un grand souvenir et c’est une preuve supplémentaire que je dois me mettre davantage à la vitesse.

Et vous rentrez de ce week-end avec le maillot rouge de leader du classement de la descente que vous allez porter dans deux semaines à Val Gardena.

C’est la cerise sur le gâteau. Je n’aurais jamais osé en rêver autant. Val Gardena sera une autre histoire, sur une piste où j’ai parfois plus de mal. Mais quoi qu’il arrive, ma saison est déjà réussie avant même d’avoir pleinement commencée.

Vous allez l’encadrer ce dossard rouge?

(rires) C’est fort probable!

Johan Tachet, Beaver Creek