Le nouveau Justin Murisier est arrivé. À 31 ans, le skieur valaisan lance la seconde partie de sa carrière qui va s’orienter davantage vers les disciplines de vitesse. Évidemment, sa préparation estivale a changé du tout au tout ou presque. D’un point de vue de l’entraînement d’abord, où l’explosivité a été moins sollicitée lors de ses séances avec son préparateur physique Florian Lorimier, au profit de la vitesse. D’un point de vue morphologique ensuite puisque le Bagnard a pris 5 kilos durant l’été, pour afficher sur la balance 87 kg.

“J’arrive toujours à bien bouger, c’est quand même un bon signe”, sourit Justin Murisier dont l’objectif était de prendre de la masse afin de performer davantage en descente et en super-G. Pour ce faire, le Valaisan s’est astreint à un nouveau régime alimentaire depuis le mois de juillet et a dû remplir ses assiettes plus qu’à l’accoutumée, sans compter les coups de fourchette. “Ce qui a vraiment changé, c’est au petit-déjeuner. Je mangeais plus et lorsque je n’avais plus faim, je mangeais encore. Cela n’a pas été facile au début puisque j’ai toujours fait attention durant ma carrière. Et je vous promets que ce n’est pas facile de manger lorsque l’on n’a plus faim.”

“Je ressemble toujours à un sportif, même si cela fait un joli cube”

Comme le prodige du basket Victor Wembanyama, débarqué cet été en grande pompe aux Spurs de San Antonio, ou Alexis Pinturault, l’objectif du Bagnard était d’emmagasiner un maximum de masse musculaire durant l’été. “J’en ai prise un peu, mais il y a une petite couche de gras”, se marre Justin Murisier. “Je pense que je ressemble toujours quand même à un sportif, même si je suis un poil moins fin que lorsque je n’étais que géantiste.” Naturellement, prendre de la masse dépend toujours de la morphologie de l’athlète. “Je suis quelqu’un qui prend facilement de la masse, mais cela uniquement jusqu’à un certain point. J’arrive actuellement autour des 90 kg. C’est ma limite. Avec mon 1,75 m, cela fait un joli cube”, poursuit-il en rigolant. “Je pense que tu peux monter jusqu’à 95-97 kg si tu ne fais vraiment plus attention à ce que tu manges et que tu fais n’importe quoi. Mais j’ai quand même un régime alimentaire de sportif et je suis très content si je suis à 90 kg.”

Avec Florian Lorimier, calé également sur le domaine nutritionniste, le Valaisan évalue toutes les composantes. Il s’est notamment astreint à des tests d’intolérance. Il se refuse aussi à prendre des compléments alimentaires. “Tout ce que je prends c’est contre les douleurs causées par mes blessures. Je ne suis pas un fan de ce genre de trucs et comme je prends facilement de la masse, je n’en ai pas besoin.” Pas de protéines en poudre ou de créatine, donc.

Pas à Sölden pour faire du tourisme

Mais avant de juger des bienfaits de ces nouveaux kilos lors des épreuves de vitesse, et notamment lors des descentes de Zermatt/Cervinia dans deux semaines, Justin Murisier lance sa saison dimanche à Sölden en géant. Mais avec quelles ambitions? “Si tu es au départ d’une course de Coupe du monde, ce n’est pas pour faire un pique-nique canadien”, image le skieur qui prend en exemples des descendeurs à fort gabarit qui ont brillé précédemment ou brillent encore en technique. “Regardez Aleksander Aamodt Kilde, il est toujours bon en géant. Des gars comme Vincent Kriechmayr ou Dominik Paris se débrouillent très bien également.”

Pour rappel, Justin Murisier se laisse les quatre géants devant se courir en 2024 à Sölden, à Val d’Isère et à Alta Badia, pour décider de son avenir personnel dans la spécialité. “Mon objectif est clair, j’aimerais quand même être en mesure de performer dans cette discipline.” Premier élément de réponse ce dimanche sur le glacier du Rettenbach.

Johan Tachet/SSW/LMO, Sölden