C’est dans une atmosphère similaire à un village fantôme ou presque, à peine perturbée par les grandes envolées vocales du speaker autrichien que s’est conclu le premier week-end de Coupe du monde de la saison ce dimanche sur le glacier du Rettenbach à Sölden. Et les organisateurs peuvent souffler. Ils n’ont pas eu à gérer de crise, dans une situation sanitaire mondiale à géométrie variable. Pour la FIS, ces courses d’ouverture, disputées à huis clos et avancées d’une semaine afin de profiter d’une station quasiment privatisée, faisant office de test avant une saison qui sera celle de tous les dangers. Directeur du circuit masculin, Markus Waldner a accepté de revenir pour SkiActu sur ces quelques jours où l’ensemble de la Coupe du monde a pu découvrir ce nouveau concept de “bulle”.

Markus Waldner, quel bilan tirez-vous de ce premier week-end de Coupe du monde avec des mesures spéciales?

On a pu lancer deux courses après trois mois de préparation. Les gens pensent que c’est très facile de mettre sur pied des compétitions sans spectateurs et sans événement parallèle mais il y a eu un énorme travail pour mettre en place ce concept, dans tous les détails. Dans la pratique, tout s’est très bien déroulé et c’est une excellente surprise pour moi. La mise en œuvre du processus était notre grand point d’interrogation. Un gros compliment à l’association autrichienne et au comité d’organisation. Bien sûr, la montagne était totalement isolée, la saison de ski n’avait pas débuté pour le public. Dans le futur, il y aura d’autres choses à prendre en compte. Ça va faire une grosse différence avec le début du tourisme hivernal dans les stations. Ici, on avait invité 200 personnes, peut-être que 60 sont venues, pas plus. Mais on a eu deux belles courses.

On a entendu parlé du cas positif d’un entraîneur suédois. Avez-vous d’autres cas de Covid-19 à déplorer?

Ce cas a montré que le concept fonctionne bien. Oui, il y a eu plusieurs autres cas mais je ne peux pas mentionner qui. Cependant, avec ces tests préalables, les positifs ne peuvent pas venir, pas entrer dans la “bulle”. Ils sont filtrés. Et en plus, il est possible de faire ces tests avant de voyager ou de se faire tester sur place. Le temps va montrer que le concept de prévention fonctionne bien.

N’avez-vous pas peur qu’une personne négative développe le virus après s’être fait testée?

Mais nous devons vivre avec le virus, rien n’est certain à 100% sur tout un week-end. Ce qu’on peut faire, c’est minimiser le risque. Le plus important est que les gens présents respectent les règles: masque et distanciation d’un mètre. Après, tout peut arriver. On l’a vu avec Cristiano Ronaldo et Valentino Rossi ont été testés positifs alors qu’ils se protègent tout le temps.

L’idée pour le futur, c’est de continuer dans cette direction, avec ces règles?

On ne pourra pas maintenir des règles aussi strictes qu’ici, car la saison d’hiver va débuter. Il faudra trouver des solutions. Ce qui est sûr, c’est qu’il faudra respecter absolument les mesures les plus importantes. A Lech-Zürs, nous poursuivrons avec le même concept car le tourisme hivernal n’aura pas débuté. A partir de Val d’Isère, on va devoir vivre avec les touristes alors on croise les doigts.

Mais pour vous, le test de ce week-end est positif.

Absolument!

En Suisse, les courses ont été confirmées, mais sans public. Comment vont s’en sortir les organisateurs locaux?

On a confirmé le calendrier, on a parlé du concept avec les organisateurs. S’ils sont encore au programme, c’est qu’ils ont donné leur accord pour accueillir des courses dans la situation actuelle. Il faudra faire avec, survivre. Même si ce n’est peut-être pas le bon terme. Personne ne meurt ici, on parle de sport.

Laurent Morel/JT, Sölden