L’ambiance était à la fête dans l’équipe de Suisse masculine de géant après la première épreuve de la saison ce dimanche sur le glacier du Rettenbach. Si l’ambiance était plus que calme, huis clos oblige, le soleil a fait son retour à Sölden (AUT) et a permis aux skieurs helvétiques de fêter, dans un décor de carte postale, l’excellent résultat d’ensemble avec la 2e place de Marco Odermatt, la 3e de Gino Caviezel, la 5e de Loïc Meillard, la 11e de Justin Murisier et la 20e de Daniele Sette. C’est sûr, la première place au classement des nations l’hiver dernier n’était de loin pas un hasard.

Deuxième à seulement 0″05 d’une première victoire en géant en carrière, Marco Odermatt avait un immense sourire dans l’aire d’arrivée. Il a tenu sa promesse de l’an passé et a insisté pour répondre pour la première fois à une interview en français. “C’était une journée parfaite pour moi et pour toute l’équipe”, s’est félicité le Nidwaldien de 23 ans, pour la première fois en français dans le texte. “On a vraiment réussi de très bons entraînement cet été et on a pu prouver ça dès cette première course, ça fait très plaisir.” Si le fait d’avoir manqué la victoire lui donne “une pointe de déception”, c’est le résultat d’ensemble de l’équipe qui lui a laissé la plus belle impression: “Partager le podium avec Gino, ça démultiplie le plaisir. C’est un rêve qui se réalise”. Il ne lui reste désormais qu’à aller chercher un premier succès. “Il ne me manque pas grand-chose…”, sourit-il.

Arriver au dernier moment à Sölden, une décision payante

En tête après la première manche pour la première fois de sa carrière, Gino Caviezel a lui réussi une solide fin de deuxième parcours pour finalement prendre le 3e rang, synonyme d’un premier podium en carrière. “C’était un jour parfait pour moi”, s’est-il exclamé dans l’aire d’arrivée. “J’étais plus stressé avant la première manche, mais j’ai pourtant réussi à très bien skier même si c’était une surprise d’être tout devant. Sur le second tracé, je savais que je devais tout donner et je suis très content d’avoir réussi à le faire. J’ai certes commis quelques erreurs, mais c’est suffisant pour être sur le podium, c’est le principal. En plus, toute l’équipe a réussi un excellent résultat d’ensemble.” Le Grison peut voir l’avenir avec ambitions: “Ce résultat reste incroyable et je vais en profiter pour emmagasiner un maximum de confiance pour la suite”.

Arrivés seulement samedi dans le Tyrol autrichien après s’être entraînés jusqu’au dernier moment à Diavolezza (GR), les Suisses ont vu leur tactique payer. “Ces derniers jours à Diavolezza étaient vraiment top, rappelle Marco Odermatt. La neige était impeccable et très similaire à celle qu’on retrouve ici à Sölden. En plus, on était vraiment au calme. C’était la meilleure décision possible.” Et Loïc Meillard de confirmer: “On a gagné en tranquillité, c’était important”.

Si deux Suisses sont montés sur la boîte, le Valaisan n’en est pas passé loin, échouant pour seulement 0″10. “C’est difficile de mieux commencer pour l’équipe”, relevait tout de même le Valaisan, qui ne perdait pas la banane pour autant. Je reste très content de ma performance. Je peux encore améliorer quelques passages dans le mur mais après six essais à Sölden, je marque enfin des points, et ce grâce à une belle performance.” Hilare, le skieur d’Hérémence n’a pas hésité à mettre le résultat du jour sur le compte des jeux effectués par les géantistes helvétiques la veille: “Gino et Marco ont gagné aux cartes, ça les a mis en confiance”.

Justin Murisier: “On voit qu’il y a du potentiel”

Pour Justin Murisier, le 11e rang, à seulement 0″01 du top 10 était très bon à prendre: “J’ai déjà senti pendant l’été que ça allait beaucoup mieux que l’année passée”, relevait-il sous son masque au sourire ravageur. “Je venais avec de la confiance, mais quand même quelques interrogations.” Des réponses, le Valaisan en a trouvées sur le glacier du Rettenbach: “Je vois que je peux skier vite, confirmait-il. J’ai fait deux belles manches malgré deux erreurs et c’est rassurant. Je sais où je perds du temps.” Le Bagnard rappelle son objectif principal: “Revenir à mon niveau d’avant ma blessure.” Et de confirmer que son nouveau matériel fonctionne à merveille. “On voit qu’il y a du potentiel même s’il y a encore des réglages à faire notamment sur les plats”, se réjouit-il. “Aujourd’hui, je fais presque un top 10 en partant avec le dossard 26. C’est prometteur.”

Pour son deuxième géant de Coupe du monde, Tanguy Nef n’a pas connu de réussite. Parti avec le dossard 56, le Genevois a commis un grosse faute, rédhibitoire, dans le mur. “Je suis fatigué, c’est une piste exigeante”, avoue-t-il, pas trop déçu non plus. “J’ai l’impression d’avoir fait des bonnes choses sur le haut et l’erreur semble physique, j’ai voulu tendre un peu trop les lignes. Au moins, ça me permet de voir où j’en suis. Il faut arriver maintenant en forme pour le slalom en décembre, car le géant c’est un plus.” Le skieur de 23 ans, qui a déjà été touché et a produit des anticorps contre le Covid-19, est par ailleurs revenu sur l’ambiance particulière qui régnait pour son premier Sölden: “J’ai l’impression d’être en courses FIS ou NordAm. C’est spécial. Le plus perturbant, c’est qu’on a presque peur d’interagir avec les athlètes au vu de la situation. C’est dommage, car c’est quelque chose que j’apprécie dans notre sport.”

Laurent Morel/JT, Sölden