Fanny Smith va pouvoir poser un second Globe de cristal sur son armoire à trophée. Six ans après son premier titre au classement général, la Vaudoise a récidivé après avoir dominé de la tête, des spatules et des épaules la saison de skicross. A 26 ans, la skieuse de Villars revient sur son triomphe mais également sur son évolution et sa reconstruction au cours des derniers hivers qui l’ont conduite au titre.

Fanny Smith, vous soulevez enfin ce Globe de cristal tant convoité. Six ans après le premier, qu’est-ce qu’il représente?

Il reflète surtout une superbe saison. Je pense que c’est la plus aboutie de ma carrière si l’on se fie aux résultats (ndlr: 7 podiums en 11 courses dont 6 victoires). J’ai profité d’une belle énergie du début à la fin de l’hiver. Et c’est surtout exceptionnel de le soulever ici à la maison, en Suisse romande, devant ma famille, mes amis, c’est énormément d’émotion.

C’est la récompense d’un travail de longue haleine.

Oui, car on s’entraîne huit mois durant l’été pour deux mois de compétitions. Et l’essence du skicross c’est la compétition. Mais ce n’est pas toujours facile. Hier (samedi), les gens me disaient que j’allais gagner cette dernière course. Mais cela ne se fait pas en un claquement de doigts, car il y a énormément de boulot autour.

On sent une petite déception de ne terminer que 7e de cette ultime course?

Oui, car je voulais donner mon maximum. Maintenant, je suis contente du ski produit, le problème c’est que je peine sur ce type de neige chaude, comme à Feldberg, sur laquelle je ne parviens pas à glisser.

Qu’est-ce qui a changé fondamentalement changé depuis 2013 et votre premier succès au général?

A l’époque, j’étais plus jeune, donc plus insouciante, plus folle également. Aujourd’hui, tout est beaucoup plus réfléchi, mais j’ai toujours autant de plaisir.

Ce second Globe a-t-il davantage de significations que le premier?

Honnêtement, oui. Ces dernières années, j’ai fait de nombreux changements, j’ai osé entreprendre de nouvelles choses et c’est chouette. Et c’est également ma dixième saison à ce niveau. C’est beau après autant de temps d’avoir réussi un aussi bel hiver.

Comment analysez-vous votre évolution sur le circuit? Comme le bon vin, vous vous bonifiez?

(Rires). D’un côté, il y a davantage de maturité et d’expérience. De l’autre, je me remets toujours en questions. J’ai cette envie de rechercher la perfection. Après, il existe toujours des hauts et des bas, des blessures tant physiques que mentales auxquelles tu dois faire face. Il s’agit de les surmonter, mais c’est avant tout la passion pour ce sport qui me permet d’avancer.

Vous parlez des blessures physiques et mentales, celles-ci vous ont-elles aidée à devenir l’athlète que vous êtes aujourd’hui?

Bien sûr. Certaines ont été plus difficiles que d’autres. Après une blessure physique comme lorsque je me suis déchirée un ligament du genou en 2011, tu t’entraînes, tu écoutes ton corps, tu es bien entourée et tu reviens. La blessure mentale est plus difficile à surmonter. Cela m’a pris beaucoup plus de temps à faire face à certaines épreuves. Tout est gentiment redevenu normal l’hiver dernier.

Vous évoquez la déception des Jeux de Sotchi en 2014 que vous avez longtemps traînée derrière vous (ndlr: Fanny, grande favorite, avait été éliminée en demi-finale)?

Franchement, oui. Cela m’avait détruite. Je n’avais plus confiance en moi, en mon ski, même si je travaillais dur. J’avais besoin de changements et je les ai entrepris avant les Jeux de PyeongChang.

Quel travail mental réalisez-vous dans ce sens?

Depuis trois ans, je bosse non seulement avec mes préparateurs physiques de l’Université de Lausanne, mais également avec un préparateur physique personnel qui officie dans les arts martiaux. Cette nouvelle approche, qui utilise beaucoup les propriétés mentales, m’a permis de reprendre confiance en moi, d’être plus méchante, sans faire de sale coup pour autant, mais de ne pas me faire marcher dessus, de montrer que je suis présente… En d’autres termes, de savoir m’imposer.

On a l’impression désormais que plus rien ne semble vous atteindre?

Je ne dirais pas cela car je me remets toujours en question. Typiquement, cette saison, je fais deux courses catastrophiques en Allemagne (ndlr: Fanny termine 7eet 12eà Feldberg). Je parlais avec mon préparateur mental et je lui ai demandé si j’avais perdu mon ski, mon toucher de neige. Il m’a répondu que j’étais complètement tarée (rires). On ne peut perdre son ski en une semaine. Mais il est clair que l’équipe, mon entourage est important afin de pouvoir communiquer et mettre le doigt sur les choses qui ne vont pas.

Estimez-vous encore avoir une marge de progression?

J’en possède encore une certaine. Je peux toujours m’améliorer et c’est cela qui me stimule.

Avec la perspective d’aller chercher en 2022 la médaille d’or olympique qui manque toujours à votre palmarès?

C’est clair que ce titre me titille et je me projette directement vers les Jeux de Pékin. Mais, je vis également dans le moment présent et je ne suis pas une personne qui compte les médailles, les victoires. Je fonctionne par le plaisir de donner le meilleur de moi-même à chaque course et de progresser. 

En partenariat avec redbull.com

Johan Tachet, Veysonnaz