C’était une des révélations de la saison dernière: on connaissait Marco Schwarz le slalomeur et champion du monde en combiné. Mais Marco Schwarz le spécialiste de vitesse? Cet hiver, on le verra dévaler les pentes à 130 km/h encore plus souvent. L’Autrichien de 28 ans s’est en effet donné un défi énorme: disputer toutes les courses de Coupe du monde jusqu’à Noël, et même peut-être jusqu’à la fin de la saison.

Le Carinthien avait annoncé ses plans lors d’une conférence de presse à Vienne avec son sponsor il y a quelques semaines. « Le projet de vitesse que nous avons commencé l’année dernière m’a vraiment plu, je veux le continuer », a-t-il expliqué, en précisant que dans la deuxième moitié de la saison, il se concentrerait peut-être uniquement sur les grands classiques, y compris la mythique Streif de Kitzbühel.

Bilan à Noël

À Salzbourg vendredi, lors d’une journée médiatique organisée par Ski Austria, Marco Schwarz a développé. « Bien sûr que c’est un programme très chargé, mais rien que pour le numéro du dossard, c’est quelque chose que je dois faire (NDLR: les skieurs avec le plus de points dans le classement WCSL de Coupe du monde ont droit à un meilleur dossard) et j’ai beaucoup de plaisir aussi à faire ça. J’aime la descente et le super-G, mais aussi le slalom et le géant. Je veux profiter de cette chance et à Noël on fera un bilan et on verra si c’est possible de maintenir ce rythme tout l’hiver ou si je devrai peut-être laisser un weekend ou un autre de côté. »

Pour rappel: le calendrier des hommes comprend 14 courses avant Noël, dont cinq descentes à Zermatt/Cervinia, Beaver Creek et Val Gardena. Jamais encore Marco Schwarz n’a-t-il disputé autant de descentes en aussi peu de temps. Et il compte bien faire tous les entraînements. « C’est l’idée. On va certainement décider spontanément, mais je crois qu’on va profiter de faire tous les entraînements, surtout à Zermatt qu’on ne connaît pas encore très bien, et ensuite sur la tournée américaine, on verra. »

Un des derniers vrais all-rounders

Le skieur de Radenthein a créé la sensation à Wengen en janvier lorsqu’il s’est élancé dans sa première descente de Coupe du monde et a terminé incroyablement en 6e place. Un mois plus tard, il a manqué de peu le podium et fini comme meilleur Autrichien dans la discipline avec une médaille chocolat aux Championnats du monde à Courchevel, où il a aussi gagné l’argent en combiné et le bronze en géant. À Soldeu (AND), il est ensuite monté sur le podium de super-G en Coupe du monde pour la première fois.

Marco Schwarz avait bien été champion du monde junior en descente et super-G en 2014 mais c’était surtout sur les skis courts qu’il s’élançait en compétition depuis cela, remportant le Globe du slalom il y a deux ans. À l’heure où les skieurs sont de plus en plus spécialisés, il est l’un des derniers vrais all-rounders (polyvalents) du ski alpin, comme aiment le rappeler les journaux autrichiens.

La concurrence à Odi et Kilde?

Inévitablement, on peut se demander si tout ça n’est pas une stratégie pour accumuler plus de points et se poser en vrai rival face aux deux monstres des dernières saisons, Marco Odermatt et Aleksander Aamodt Kilde. Mais le Carinthien insiste que ce n’est pas le cas.

« Si on regarde la forme d’Odi ces deux, trois dernières années, ou Kilde ou Pinturault, qu’il ne faut pas oublier non plus, on ne peut pas faire de plans ou de calculs », note-t-il. « Je n’ai honnêtement pas d’arrière-pensées. Je me concentre sur un week-end à la fois. Évidemment que c’est un sujet de discussion (la bataille pour le grand Globe) quand on fait autant de courses, mais pour l’instant je n’y pense pas du tout. »

(Alain Grosclaude/Zoom)

Marco Schwarz semble toujours cool, zen, décontracté. Une question de caractère mais aussi sa façon de gérer les attentes. « Je ne veux pas me mettre la pression. On reçoit déjà assez de pression de l’extérieur », dit avec un léger sourire celui qui a tout de même six médailles individuelles aux Championnats du monde. Lorsqu’il a annoncé son programme pour la saison, c’était presque une information secondaire, pas de quoi en faire un plat. Interrogé sur son matériel, il se dit satisfait: il a un bon setup de base et ensuite il s’adapte selon les besoins. « Je ne suis pas compliqué. »

Le Globe serait « cool », mais pas de pression

S’il doit abandonner une course ou l’autre cette saison, ce sera probablement un slalom. « À l’entraînement cet été au Chili (NDLR: où il a passé cinq semaines), je me suis senti vraiment bien en slalom. Mais ça demande beaucoup d’entraînement, il faut faire beaucoup de passages pour vraiment aller à la limite. Il faudra voir pendant l’hiver combien d’entraînements on arrivera à faire pour pouvoir être parmi les meilleurs. »

Et pour en revenir au Globe du général: « Bien sûr que ce serait un gros objectif. Mais je ne compte pas du tout dessus. Je veux avoir du plaisir à skier, c’est ça le plus important. Et rester physiquement en forme toute la saison », dit-il. « Si ça devait arriver, cool! Sinon ma foi, on ne peut rien y changer. Je vais juste faire de mon mieux. »

Sim Sim Wissgott, de retour de Salzbourg