Quelle course de Coupe d’Europe! La station fribourgeoise de Jaun organisait samedi soir un deuxième slalom nocturne en deux jours. Malgré la pluie, le public était présent en nombre pour assister à un spectacle de grande qualité. Le niveau en slalom est, en effet, si dense qu’il est difficile de déceler de grandes différences avec une course de Coupe du monde.

C’est d’ailleurs l’Autrichien Adrian Pertl, 8e il y a une semaine à Kitzbühel, qui est sorti vainqueur de cette lutte acharnée. Il l’emporte devant le jeune talent norvégien Lie McGrath et l’Italien Federico Liberatore. Côté suisse, Marc Rochat, deuxième la veille, termine 7e, alors Luca Aerni accroche un encourageant et quelque peu rassurant 12e rang.

Pour sa part, le Valaisan Dionys Kippel signe une belle 9e place. Un résultat presque inespéré pour le jeune skieur de Fiesch qui n’avait pas été conservé dans l’équipe NLZ de Swiss Ski au terme de la saison dernière. Entretien à l’issue de la course.

Dionys Kippel, vous venez de réussir deux top 10 en deux jours alors que votre meilleur résultat jusqu’ici était une 18e place (la 5e place en parallèle à Kronplatz exceptée). Quel est votre sentiment?
Je n’aurais pas pu rêver d’un tel résultat. Avant le début de la saison, je ne savais pas si j’allais pouvoir prendre part à des courses de Coupe d’Europe. Des résultats comme ceux de ces deux derniers jours semblaient si loin que ce n’était même pas un objectif. C’est une récompense pour tout le travail que je fais au quotidien. Je m’entraîne désormais tout seul et j’ai prouvé qu’il était possible de performer même sans équipe. Ça fait vraiment du bien.

Est-ce que vous avez ressenti plus de pression aujourd’hui car vous deviez confirmer votre quatrième place de la veille?
Au contraire, j’étais beaucoup plus relâché. Après ce magnifique résultat, je me suis dit que je n’avais vraiment rien à perdre. C’était très serré après la première manche, donc j’ai pris tous les risques en deuxième et franchir la ligne d’arrivée avec le meilleur temps, c’était vraiment un sentiment incroyable.

D’autant plus devant un public nombreux et bruyant comme on le voit rarement en Coupe d’Europe.
Tout à fait. L’ambiance était vraiment fantastique. Les gens ont poussé très fort derrière tous les Suisses et c’est sûr que ça nous aide. Lors de certaines Coupes d’Europe, il n’y a vraiment personne au bord de la piste. Avec le travail qu’on fournit chaque jour, c’est gratifiant de pouvoir montrer aux gens que notre niveau est très bon. Donc des courses comme celles-là font extrêmement plaisir.

Comment étaient les conditions sur la piste avec la pluie?
En deuxième manche, la visibilité n’était vraiment pas très bonne. Heureusement, la piste a très bien tenu le choc. Avec l’humidité, le sel a mieux accroché que d’habitude, ce qui a permis d’avoir une piste en bon état jusqu’au bout.

Ces deux résultats vont peut-être vous ouvrir les portes de la Coupe du monde. Est-ce que vous y pensez?
Beaucoup de gens m’ont déjà parlé de ça, mais au final ce n’est pas moi qui peut décider. Je vais enchaîner avec des courses FIS cette semaine à Schwende puis avec de la Coupe d’Europe. Pour le moment, je préfère ne pas trop penser à la Coupe du monde et continuer à faire du bon ski de mon côté. Après, si les entraîneurs viennent me chercher, c’est sûr que ce serait magnifique, mais ce n’est pas la priorité.

Robin Torrent, Jaun