Une 37e place à 0″23 du top 30 et un 40e rang à 0″35 des points. Les classements respectifs de Justin Murisier et Yannick Chabloz lors de la descente de Lake Louise ont tout d’honorable. Si les deux hommes n’ont pas réalisé d’exploit pour leur première descente de Coupe du monde, ils avaient la banane dans l’aire d’arrivée de la piste canadienne. Dans une discipline où l’expérience joue un rôle-clé, ces premiers pas les aideront à coup sûr dans le futur.
“Sincèrement je suis assez content, se réjouissait d’ailleurs Justin Murisier, encore essoufflé, quelques secondes après avoir franchi la ligne. J’ai réussi à m’en tenir à mes plans. J’ai vraiment pu prendre les lignes que j’avais envie de faire.” Parti avec le dossard 61, le Bagnard a dû composer avec une luminosité bien plus mauvaise que les premiers partants. “Malheureusement, il y avait aussi quelques trous qui étaient très violents, un peu limite, relève-t-il. Cela fait un peu les jetons car quand on a été blessé comme moi, on est un peu tendu. Et si le dossard 61 était un avantage, ça se saurait depuis longtemps. C’est comme ça, il faut se battre. J’ai réussi à le faire en géant et en slalom. J’ai confiance sur le fait que ça vienne aussi en descente assez rapidement. Il faut juste que je ne précipite pas les choses, que j’apprenne tranquillement. Il faudra voir si un jour j’arrive à franchir le pas pour être tout devant ou pas, mais je suis motivé.”
Déjà intégrés
Justin Murisier, qui porte une moustache en référence à William Besse, a même reçu les compliments de Beat Feuz. “C’est vraiment bien de le voir ici, souligne le Bernois. C’est évident qu’il peut être rapide. Cela fait même 10 ans qu’on sait qu’il peut performer. Mais il a dû composer avec beaucoup de blessures et le voir là, c’est vraiment beau. Je ne suis pas sûr que j’aurais pu être aussi patient.” Et Marco Odermatt, qui partage désormais l’ensemble de son calendrier d’ajouter: “Il est très bon en super-G, il a un bon matériel et a déjà prouvé qu’il pouvait aller très vite aussi en descente. Ce n’est qu’une question de temps.”
Du travail, Yannick Chabloz en a lui aussi encore à effectuer: “Il y a encore du chemin à faire mais pour une première je suis assez content. J’ai montré que je pouvais être rapide sur certains passages. Maintenant, il faudra essayer d’arrêter de faire des fautes. C’est aussi un apprentissage que je suis en train de faire et je me réjouis de l’avenir.” Le Vaudois retiendra la satisfaction d’être allé au bout avec les honneurs. “Les conditions n’étaient pas simples. On ne voyait pas grand chose et la piste était assez marquée, avoue-t-il. J’ai essayé de montrer mon meilleur ski, j’ai fait des bons passages mais malheureusement je me fais un peu descendre sur l’enchaînement coaches corner – fishnet. Reste que je suis content quand même de ma performance. Je me suis vraiment fixé comme objectif de savourer cette journée. J’ai réussi. Désormais, j’ai clairement envie d’y revenir au plus vite. Là je suis lancé, je suis chaud. Je me réjouis vraiment de cette saison.”
“Une ambiance plus familiale”
Justin Murisier a apprécié l’ambiance qui règne entre les athlètes dans la discipline reine: “C’est bien différent de la technique, il y a une atmosphère plus familiale. Tu sens que le risque est plus élevé et que ce n’est pas une bataille entre athlètes mais que le but est simplement d’être celui qui skie le mieux. C’est différent de la technique. Les gars de toutes les nations sont très tranquilles et prêts à donner des conseils. Ils sont ouvert à m’apprendre des choses et tout n’est pas jalousie. C’est une belle ambiance, vraiment.”
Et ce n’est pas Yannick Chabloz qui dira le contraire: “Ça a fait du bien de passer du temps avec ces meilleurs athlètes du monde, que j’aimerais rejoindre. Chaque moment passé avec eux me permets de m’en approcher.” Le skieur de Beckenried peut notamment compter sur le soutien de Marco Odermatt, qu’il côtoie depuis très longtemps. “C’est super de le retrouver ici, relève le 2e du dernier classement général de la Coupe du monde. On habite dans le même village. C’est cool pour lui. Yannick est calme, sait ce qu’il peut faire et est conscient qu’il ne peut pas tout gagner dès sa première course. C’est important d’y aller pas à pas. Je l’aide volontiers. Je ne suis pas encore très expérimenté mais je lui donne volontiers des trucs que j’ai moi-même obtenus de Beat (ndlr: Feuz). Je les transmets volontiers aux plus jeunes.”
Justin Murisier pour enchaîner, Yannick Chabloz pour revenir encore plus fort
Si rien n’était encore défini dans la foulée de la descente, Yannick Chabloz ne devrait pas être du déplacement de Beaver Creek, afin de rentrer en Europe et de se préparer pour les prochaines échéances, en Coupe d’Europe et en Coupe du monde, probablement à Val Gardena. Quant à Justin Murisier, il sera bien présent dans le Colorado pour tenter d’y briller lors des quatre épreuves désormais au programme, s’il parvient à se qualifier pour les descentes: “Si je skie vite et que j’ai de bonnes sensations, je ferai les descentes mais l’objectif principal c’est de réussir deux beaux super-G. On verra aussi mon état de fatigue.”
Laurent Morel, Lake Louise