“Delia Durrer skie très bien, avec une belle légèreté, et elle est aussi drôle. C’est beau de voir arriver ces jeunes avec également Jasmina et Juliana Suter. Elles sont douées sur les skis et mettent une très bonne ambiance dans le groupe.” Michelle Gisin, du haut de ses 202 départs de Coupe du monde, s’accapare le rôle de grande soeur de l’équipe de Suisse de ski. La double championne olympique est la première à aider une relève helvétique féminine qui ne manque pas d’ambitions.

A commencer donc par Delia Durrer. “Sur le chemin du succès”, clame le site internet de la Nidwaldienne. “J’avance pas à pas”, nous contait-elle après les courses de Lake Louise où, avec ses 20e et 13e places lors des descentes, elle venait coup sur coup d’exploser ses meilleures performance en carrière. “C’est tout simplement beau, je m’attendais pas à avoir de tels résultats”, lançait dans un grand sourire celle qui ne compte que sept départs sur le Cirque blanc. A 20 ans, la skieuse d’Oberdorf figure parmi les grands espoirs du ski suisse. Elle découvre cet hiver pleinement la Coupe du monde, après avoir obtenu une place fixe grâce à sa 3e place en Coupe d’Europe de descente l’hiver dernier.

En apprentissage aux côtés des championnes olympiques

“Tout est nouveau pour moi. J’apprends à connaître les pistes. Sur certaines, je me sens rapidement à l’aise.” Delia Durrer se plaît parmi l’élite mondiale de son sport et prouve déjà qu’elle y a sa place. Tous les ingrédients sont réunis pour qu’elle puisse performer au mieux. Au printemps dernier, elle a terminé son gymnase en sport-études à Engelberg. “L’école et le ski étaient une double charge, désormais je peux exclusivement me consacrer au ski.” Membre du cadre B, elle a également intégré le second groupe de vitesse de Swiss-Ski. A l’entraînement, elle côtoie ainsi régulièrement plusieurs championnes olympiques qui la poussent à progresser. “C’est super, car nous travaillons souvent avec des filles comme Corinne Suter. C’est incroyable d’avoir de tels points de comparaison.”

Son modèle, c’est Michelle Gisin. “Elle est mega fun et surtout elle est inspirante”, mentionne Delia Durrer. “Michelle a énormément d’expérience et de succès, c’est génial de pouvoir compter sur elle car elle est toujours là pour nous aider lorsque nous avons besoin de conseils.” Il n’est d’ailleurs pas étonnant de remarquer que les deux femmes, malgré leurs neuf ans d’écart, se ressemblent beaucoup lorsqu’elles ne portent pas des skis aux pieds. Leurs proches les décrivent toutes deux comme des boules d’énergie. Elles portent un sourire en permanence, et elles ont toujours un petit mot pour détendre l’atmosphère. C’est par exemple la double championne olympique qui rassurait Delia Durrer avant de prendre le départ de la descente de Lake Louise. “Michelle me disait qu’elle était toujours aussi nerveuse en Coupe du monde après dix ans sur le circuit. C’est donc normal d’avoir ce sentiment, car skier à ce niveau est toujours spécial.”

Les Mondiaux juniors avant, peut-être, les Mondiaux des grands

Delia Durrer partage aussi avec son aînée le goût pour la polyvalence. Si elle ne pratique plus le slalom depuis trois saisons, la jeune athlète est tout aussi à l’aise en géant, qu’en descente ou en super-G, même si sa préférence va aux disciplines de vitesse. Mais la Nidwaldienne, qui joue également du piano depuis huit ans et qui est aussi une grande amatrice de jeux de cartes, ne veut pas se mettre de pression en terme d’objectifs chiffrés. “Mon but sera d’être performante aux Mondiaux juniors.” Quatrième à Panorama en descente l’hiver passé, elle vise une médaille à Sankt Anton fin janvier. Mais dans un coin de la tête, elle rêve de participer aux Championnats du monde de Courchevel/Méribel, ceux des grands, en février prochain.

Et ce songe est à portée de spatules, puisque un top 15 vendredi ou samedi lors des descentes de Saint-Moritz lui ouvrirait grandes les portes des Mondiaux français. Et il y a fort à parier qu’ils seront les premiers d’une longue série.

Johan Tachet, de retour de Lake Louise