Même si elle assure ne pas s’en être préoccupée plus tôt dans la saison, Michelle Gisin a toujours eu une partie de l’esprit focalisée sur les Jeux olympiques. Alors qu’elle brille désormais dans 4 disciplines (slalom, descente, super-G et combiné), elle connaissait les dates de ses courses par coeur il y a déjà quelques semaines. Entretien.

Peut-on dire que vous avez franchi un cap cet hiver?

Oui, ma technique est bien meilleure. J’ai travaillé passablement en géant notamment, ça m’a permis de m’améliorer. Je me sens très stable désormais sur mes skis. J’ai également fait beaucoup d’entraînement de force au niveau du haut du corps avec mon copain (ndlr: Luca De Aliprandini). Il m’a fait bosser! Ça m’aide énormément pour être à l’aise sur mes skis en vitesse. Mais je pense vraiment que la technique travaillée en géant, notamment avec Denis Wicky (ndlr: entraîneur), fait la différence, également en super-G et en descente.

Les disciplines de vitesse, c’est ce vers quoi vous voulez aller désormais?

Non, le but est de faire de tout. Je ne veux pas passer d’une slalomeuse à une descendeuse. Je veux être une skieuse polyvalente. Je pense que cette année, j’ai fait un grand pas en avant pour en arriver là. C’est vraiment cool de se retrouver dans le Top 6 mondial en super-G et en descente. Au niveau du slalom, c’est dommage. Je n’arrive pas encore à montrer ce que je peux faire. Ma saison est régulière, mais j’aimerais réussir quelques très bons résultats. J’y étais presque à Flachau.

Est-ce plus simple d’arriver tout devant en vitesse qu’en slalom par exemple, où Shiffrin notamment semble intouchable?

En vitesse aussi, il y a quelques filles qui sont très fortes. Certes, Ilka (Stuhec) est blessée et elle manque, mais il reste Lindsey (Vonn), Sofia (Goggia) notamment qui sont très rapides. Beaucoup de filles peuvent aller très vite. Un peu comme un slalom finalement. Cependant, ça reste passablement ouvert. En slalom, Wendy (Holdener) est la plus stable derrière Mikaela (Shiffrin). C’est très impressionnant. Frida (Hansdotter), Petra (Vlhova), Mélanie (Meillard), elles sont toutes assez proches.

Comment allez-vous aborder les Jeux olympiques?

Après trois Mondiaux et déjà une participation aux Jeux, c’est moins important qu’il y a 4 ans. J’étais très nerveuse à l’époque. Mais cette année, je suis plus relax. Je m’étais dit que je n’allais pas penser aux Jeux olympiques avant d’entrer dans l’avion pour la Corée. De toute façon, j’ai tellement de courses que je n’ai pas eu le temps d’y réfléchir avant. Je ne change pas mes habitudes.

A PyeongChang, les ambitions sont toutefois plus hautes qu’à Sotchi il y a 4 ans.

Oui, c’est clair (rires). Je vais skier dans 4 disciplines alors qu’il y a 4 ans, j’étais là uniquement pour le slalom. Je partais 25e je crois alors que désormais je suis dans le Top 10 en combiné, en super-G et en descente, dans le Top 15 en slalom. J’ai diverses options pour viser une médaille. C’est mon grand objectif.

Si vous deviez choisir une discipline pour gagner une médaille, laquelle prendriez-vous?

(Sans hésiter) La descente. Ca reste la discipline reine. En plus, ma soeur a gagné l’or il y a 4 ans. Ce serait le plus beau des clins d’oeil que d’être sur ce podium. Par ailleurs, c’est quelque chose que j’aime beaucoup, j’adore aussi la piste, j’ai vraiment trop aimé les épreuves-test l’année passée et je me sens prête. Après, j’aimerais bien réussir aussi les autres disciplines. En super-G, c’est peut-être là où je m’attendais le moins à être. Je n’aurais jamais pensé aller aux Jeux dans cette discipline, vraiment pas. C’est déjà un cadeau.

Avoir eu votre frère Marc en Corée est aussi quelque chose de plaisant.

Oui, c’est trop beau. Pour lui, c’est le premier grand événement. C’est de belles émotions pour toute la famille car il a connu 2 ans hyper difficiles. L’année passé, c’était horrible de le voir skier, il a eu une histoire si bizarre. Il peinait à comprendre et à agir. Avec sa chute de Kitzbühel, ça l’a repris dans la tête. Et avec la tête, tu ne peux rien faire. T’as l’impression que le corps va bien, mais tu ne peux rien faire. Pour toute la famille, c’était difficile de le voir comme ça. On voulait l’aider mais on ne pouvait rien faire. Sa 5e place à Kitzbühel cet hiver est vraiment méritée. Il a tellement travaillé pour ça. On est trop contents. L’avoir aux Jeux olympiques avec moi, je suis trop heureuse.

En Corée, votre frère est donc là. C’est également le cas de votre copain et de votre soeur comme consultante pour la télévision helvétique. C’est quelque chose de spécial pour vous?

Oui, c’est beau, mais je n’ai pas vraiment le temps de les voir. J’ai une course tous les 3 jours. En plus, quand on est à Jeongseon, les hommes sont en bas, à Yongpyong, et inversement. Je fais comme d’habitude, je vais regarder dès que possible leurs résultats sur le téléphone. C’est dommage de ne pas pouvoir les suivre en live, mais c’est beau qu’on y soit tous.

Laurent Morel