Avec quatre médailles après seulement deux courses, dans le clan de l’équipe de Suisse féminine on jubile. Comme apothéose, le titre mondial en descente de Corinne Suter. Cela faisait 32 ans, et la médaille d’or de Maria Walliser aux Mondiaux de Vail en 1989, que notre pays attendait pareille consécration. Et pour le Vaudois Dominique Pitter, l’un des entraîneurs helvétique de vitesse, ce n’est pas une surprise de retrouver la Schwytzoise ornée du plus beau des métaux.
Dominique Pittet, comment expliquez-vous que Corinne Suter, de nature réservée, parvienne à se transcender sur la piste?
Dès que le décompte de départ retentit dans le portillon, Corinne se transforme en bête de course. Cela ne s’explique pas vraiment, mais fait partie de son caractère. Je ne pense pas que ce soit quelque chose qui s’entraîne.
Il y a encore deux ans, avant les Championnats du monde d’Åre, elle n’était encore jamais montée sur un podium de Coupe du monde. Depuis, Corinne Suter est sûrement la meilleure spécialiste de vitesse de la planète. Comment expliquer ce déclic?
Elle a pris confiance en ses capacités. Du moment où elle s’est rendue compte qu’elle pouvait rivaliser avec les meilleures skieuses du monde, elle a changé de dimension.
Est-elle aussi, d’une certaine façon, devenue plus égoïste?
Oui, un peu, même si Corinne est très intégrée dans l’équipe. Elle pense beaucoup aux autres et ne fait jamais des caprices de diva. Elle est tout sauf pénible pour les entraîneurs. Personnellement, je trouve qu’elle n’est pas assez égoïste (rires).
Quelles relations entretient-elle avec une Lara Gut-Behrami qui semble plus détachée de l’équipe? Existe-t-il une rivalité?
Elles se respectent beaucoup. Il n’y a aucun problème d’entente entre elles. D’autant plus que Lara s’est entraînée bien plus souvent cet été que par le passé avec nous et a fait des efforts pour s’intégrer à l’équipe. Cela réussit ainsi bien aux deux filles.
Aujourd’hui, lors de la descente de Cortina, Corinne Suter a réalisé une incroyable fin de course. Comment l’analysez-vous?
Il y a plusieurs éléments. En premier lieu, son matériel. Son serviceman a fait un excellent boulot. Ensuite, physiquement, elle est très forte et très bien affûtée. Et pour terminer, elle possède une science de la glisse. Cette fin de parcours plutôt plat convenait parfaitement à ses qualités.
Johan Tachet, Cortina d’Ampezzo