Cet hiver, dix slaloms composent le calendrier de la Coupe du monde. Un nombre raisonnable en comparaison des autres disciplines. Le souci, pour certains en tout cas, c’est que ces dix slaloms se dérouleront entre ce dimanche 11 décembre et le 19 mars. Surtout, huit courses auront lieu d’ici au 4 février à Chamonix. Un programme ultra-condensé qui fait parfois des heureux mais qui fait aussi jaser, notamment en comparaison avec les autres disciplines. Si le calendrier est tel qu’il est, c’est notamment car les dates des classiques de janvier ne peuvent quasiment pas être modifiées. Dès lors, à moins d’ajouter des courses et de rendre le calendrier déséquilibré avec d’autres disciplines, il ne reste plus beaucoup de créneaux disponibles.

Une préparation “interminable”

“Mi-décembre, il faut quand même avouer que c’est tard pour reprendre, relève Marc Rochat. La préparation dure depuis fin juillet. Elle est longue, très longue, interminable. On a envie de courir plus tôt! Heureusement en Suisse, on arrive à se tirer la bourre à l’entraînement. Après, c’est assez fou de se dire que sans les annulations, un Marco Odermatt aurait déjà autant de courses derrière lui que nous durant une saison entière.”

Si la saison entre les piquets serrés commence si tard, c’est que l’épreuve d’ouverture de Levi (FIN) mi-novembre, mise en place depuis 2006, est réservée aux dames depuis la pandémie de Covid-19. “Levi, ça permettrait de faire le point sur la préparation et de se remettre sur les bons rails si tout n’était pas parfait”, souligne Daniel Yule, qui est souvent plus performant en course qu’à l’entraînement. “On manque de points de repère, abonde Marc Rochat. On ne peut pas comparer entraînement et course.” Pourtant, envisager des courses tôt dans la saison ne semble pas impossible, tant la préparation d’une piste de slalom est logiquement plus aisée qu’un parcours de géant, de super-G ou de descente.

Dix mois de vacances pour Ramon Zenhäusern

“C’est interminable, confirme Luca Aerni. Honnêtement, on a un petit peu de peine à garder de la motivation en octobre. J’ai eu la chance cette année de pouvoir faire Sölden, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. On s’entraîne toute l’année pour deux mois de compétition…” Cette situation convient toutefois à un Ramon Zenhäusern plus… pragmatique. “C’est long, mais c’est comme ça. Je le vois aussi comme un avantage. On bosse deux mois par années et ensuite, on a dix mois de vacances, rigole le Valaisan. C’est comme ça, on ne peut rien changer donc je ne me pose pas trop de questions.”

Le vice-champion olympique 2018 ne se verrait en revanche pas courir toute l’année: “C’est l’un des bons points du ski. Cela ne doit pas être simple pour les joueurs de tennis par exemple d’être au top mentalement toute l’année”. Cela ne ferait pas peur à Daniel Yule. “Cela ne me dérangerait pas d’avoir un calendrier comme celui de janvier onze mois par année, avoue l’athlète de La Fouly. Les entraîneurs deviennent fous avec moi car je suis pénible à l’entraînement. Ils doivent trouver des moyens de m’occuper l’esprit car j’ai parfois l’impression de tourner en rond. Ce qui compte, c’est la course, avec la pression! Ce n’est que là qu’on voit si le travail a payé.”

Tanguy Nef, de son côté, ne veut pas polémiquer. “On sait que c’est comme ça, c’est à nous de nous adapter, explique le Genevois. Personnellement, je suis habitué à cela et j’ai plus de temps pour me préparer. C’est moins de stress.” L’ancien étudiant de Dartmouth a tout de même trouvé des solutions pour se mettre dans le rythme de la compétition en disputant trois courses à des niveaux inférieurs.

Prolonger la saison, une solution compliquée à mettre en place

Meilleur slalomeur helvétique du moment, Loïc Meillard ne connaît le même problème puisqu’il a déjà cinq courses de Coupe du monde dans les jambes, dont sa première descente à Beaver Creek (USA). L’athlète, parmi les plus polyvalents du Cirque blanc, cherche lui plutôt à s’économiser. “C’est vrai que je suis plus relax que les purs slalomeurs”, glisse-t-il toutefois, en se félicitant des avantages que lui apportent le passage d’une discipline à l’autre.

Si tous les athlètes suisses n’ont pas forcément la polyvalence d’un Loïc Meillard, prolonger la saison au-delà du mois de mars pourrait être une solution. “Les conditions sont idéales à ce moment-là”, rappelle Marc Rochat. L’idée fait son chemin depuis quelques temps, notamment avec les soucis d’enneigement et les annulations de ces derniers mois. Reste que pour le président de la FIS Johan Eliasch, ce n’est pas une solution. “Les gens ne veulent plus voir du ski à cette saison et la concurrence des autres sports est trop forte”, avait confié le Suédo-Britannique. Et les sponsors et stations cherchent à avoir plus de visibilité en début d’hiver. Des concessions devront toutefois probablement être faites de parts et d’autres.

Laurent Morel, Val d’Isère