Deux Suisses sont sur le podium du slalom de Chamonix après la première manche ce samedi. Ramon Zenhäusern et Daniel Yule ont réussi une course de feu sur la Verte de Houches, mais… car oui, il y a un mais. Devant eux, on retrouve un Clément Noël en mission, devant son public et à quelques jours des Championnats du monde de Courchevel, dont il sera l’un des tous grands favoris. Et la première place du Français n’est pas usurpée mais doit beaucoup à un passage en particulier de ce premier tracé.

Clément Noël a en effet fait le choix de « prendre à l’envers » l’une des portes double qui occupait le parcours, une décision autorisée par les règlements. Concrètement, il s’agit de l’aborder par la droite plutôt que par la gauche. « Je pense que c’était mieux de la prendre à l’envers, a-t-il expliqué après sa manche. C’était volontaire, j’ai décidé dès la reconnaissance, c’est vraiment ce qui me paraissait le mieux. » Et le choix a donc été le bon. « Ça se joue là dessus, a confirmé Henrik Kristoffersen au micro d’Eurosport. Clément a pris le risque de passer de l’autre côté, c’était payant, il a pris énormément de vitesse. » Et le plat qui suivait a clairement validé sa position.

Les Suisses ont préféré assurer

C’est la première fois de la saison que cette situation s’est présentée. « En effet, c’est assez rare, relève Marc Rochat. Mais ça peut arriver. Personnellement, j’y ai réfléchi mais j’avais peur d’arriver avec trop de vitesse ensuite et de devoir mettre un gros coup de frein qui m’aurait coûté plus cher qu’autre chose. » C’est d’ailleurs cette crainte qui a fait prendre une décision similaire à l’ensemble du camp suisse et à une immense majorité des skieurs au départ (à l’exception notamment de Sebastian Foss Solevåg et des Croates Zubcic et Kolega.

Par ailleurs, il est quasiment impossible de changer d’avis après la reconnaissance. « Ce n’est pas naturel de devoir modifier ce qu’on prévoyait de faire avant la manche, relève Charlotte Chable, ancienne slalomeuse de haut-niveau, désormais employée par la FIS. Tu dois visualiser ta course et ça peut créer de la confusion. » De toute façon, la décision doit être prise par l’athlète. « C’est vraiment selon ton ressenti, poursuit notre consultante. Le pire, c’est si un entraîneur te dit ce que tu dois faire. Il faut vraiment être sûr de toi. »

Dans des cas extrêmes

Des propos appuyés par Claudia Riegler, qui a remporté quatre slaloms en Coupe du monde. « C’est osé car tu peux très rapidement te tromper, précise la Néo-Zélandaise. Personnellement, je ne l’ai jamais fait. J’avais tellement l’habitude de les prendre à l’endroit qu’il faut être dans ta tête. » L’ancienne skieuse rappelle qu’habituellement, les athlètes qui optent pour ce choix le font par défaut. « En général, ceux qui prennent des portes à l’envers ne le font pas comme une solution A mais bien comme une solution B, après une faute. Et on a déjà vu que ça permettait de sauver les meubles. Mais cela reste très rare. »

Cette première manche a été tracée par l’entraîneur slovène des Américains Matic Skube mais il ne semble pas que cette double en particulier était vouée à faire une différence. Et l’épouse d’Antoine Dénériaz de poursuivre: « Les traceurs doivent mettre un certain nombre de portes et de combinaisons. Peut-être qu’il était trop ‘short’ en nombre de portes et que c’est la raison pour laquelle on s’est retrouvé dans cette situation. »

Laurent Morel, Chamonix