Christophe Torrent n’a pas vu la ligne d’arrivée lors de sa première sortie en Coupe du monde à Kitzbühel, mais il n’avait pourtant pas un soupçon de déception après sa course. Le skieur d’Arbaz ne voyait que le côté positif et les leçons à tirer de cette semaine sur une des pistes les plus légendaires et difficiles du Cirque blanc.
Affublé du dossard 53, le même que celui avec lequel Arnaud Boisset avait réussi une incroyable 9e place la veille, le Valaisan était bien lancé pour créer une nouvelle sensation avec le 10e chrono sur le haut de la Streif, avant de quitter sa ligne et d’être arrêté par les bâches. Un détail, presque, en ce qui le concerne. « C’est sûr que ce n’est pas le début rêvé. Mais si on m’avait dit il y a quelques mois que je serais au départ de Kitzbühel, j’aurais signé directement, même si je n’étais pas à l’arrivée », a lancé le skieur de 24 ans. « Je ne ressens que du plaisir et je vais essayer de retenir le positif de cette semaine. »
Christophe Torrent s’était déjà fait une frayeur lors du deuxième entraînement mardi en allant taper dans les filets à la sortie d’un virage. Samedi, il s’est fait à nouveau plus de peur que de mal. « Tout va bien physiquement et c’est le plus important. Ça fait partie du sport, on sait que l’on prend des risques », a rassuré le jeune athlète. Déjà, il en tire des leçons pour l’avenir. « Je sais que mon corps sait réagir à ce genre de situation. Et j’en ressors encore plus fort mentalement. »
Tout un apprentissage
Sur toute la ligne, cet interlude à Kitzbühel a été une excellente préparation pour le skieur, qui retournera en Coupe d’Europe la semaine prochaine à Tarvisio. « C’est le meilleur entraînement qu’on puisse avoir », a-t-il souligné. « Les pistes de Coupe d’Europe sont plus faciles. On peut se permettre de faire des fautes de ligne et il ne se passe rien. Ici, on n’a pas le droit à l’erreur. » L’apprentissage n’était pas juste sur les lattes et sur la piste. « J’apprends encore tout le reste, j’apprends à gérer les semaines de Coupe du monde. » Y compris comment se ménager physiquement et mentalement sur une étape aussi intense.
Et bien sûr, le fait d’avoir signé un excellent chrono avant sa chute donne de la confiance. « C’est bien de savoir qu’on est bon techniquement, mais c’est bien de le prouver aussi. J’ai vu que je pouvais rivaliser avec n’importe qui. C’est bien pour moi-même et c’est bien pour montrer aux entraîneurs que je peux être rapide. »
Arnaud Boisset, une inspiration pour Marco Odermatt
Arnaud Boisset, 20e samedi après sa spectaculaire 9e place la veille lors de sa toute première descente de Kitzbühel, tirait aussi un bilan très positif du week-end. « J’ai appris plein de choses, surtout que je pouvais régater avec les meilleurs. Et cela sur plus d’une minute hier où j’en ai fait trembler », a-t-il rigolé. « C’est quand même une fierté quand Marco Odermatt soit venu me dire vendredi qu’il voulait skier la même ligne que moi. Et aujourd’hui, je le vois skier et je sais comment il s’est inspiré. D’habitude c’est moi qui m’inspire de ses lignes, cette fois-ci c’était lui. C’est génial. »
Sur une Streif qui ressemblait bien plus à une patinoire que la veille – « c’était une vraie Streif! » – le Martignerain a admis que cette deuxième descente était un vrai combat. Sa performance de la veille lui a aussi coûté en énergie. Il n’a pas encore répondu à tous les messages de félicitations et a finalement dû éteindre son téléphone. Mais le travail est maintenant fait et il pourra savourer deux bons résultats dans la Mecque du ski. Le Bas-Valaisan sautera la Coupe d’Europe et profitera de quelques jours de repos après cette semaine éprouvante. Prochains objectifs: les épreuves de Coupe du monde à Garmisch-Partenkirchen et à Chamonix. Avec peut-être Christophe Torrent, une nouvelle fois, comme coéquipier.
Sim Sim Wissgott, Kitzbühel